On ne sait comment de Luigi Pirandello

On ne sait comment, de Luigi Pirandello, mis en scène de Marie-José Malis

 

 on_ne_sait_comment1cdenise_oliver_fierroLa dernière des pièces achevées du grand dramaturge sicilien, écrite en 1935 donc juste avant Les Géants de la montagne, a pour thème une situation proche d’un chassé-croisé entre deux couples amis et fidèles,  et un cinquième larron.
  Le jour où Roméo, marié à Bice, couche avec Ginevra, la femme de Giorgio, son ami marin parti en mer, tout bascule et rien ne va plus. Les autres et lui-même ne cesseront de dire qu’il est devenu fou …
Mais de la folie parfois, surgit la vérité inaccessible.  Roméo a mauvaise conscience et accuse son épouse d’accepter les avances de l’ami. Il se méfie des siens, prétextant voir en chacun l’auteur d’un crime inavouable. Lui-même dans son enfance (il prend à témoin Giorgio) n’a-t-il pas été criminel envers un enfant ?
Marie-José Malis met en scène un théâtre qu’elle veut à l’écoute de la parole de l‘autre.  Où est sa vérité? Est-il franc, toujours conscient de son identité, ou porte-t-il un masque d’hypocrite ?
 L’humanité secrète des aspects sombres et inquiétants, mais aussi lumineux et sereins. Commettre un «crime» en pensée est aussi blâmable que le commettre en réalité.

« Pourquoi l’as-tu dit ? », demande Bice à Roméo qui vient d’avouer à Giorgio qu’il a fait l’amour avec Ginevra : chassé-croisé qui ne devait plus exister qu’en pensée. La réalité a des conséquences que l’on doit taire pour ne pas blesser.
 Roméo venait de dire que les femmes en savent le plus long. Mais elles se taisent et Pirandello/Roméo a maille à partir avec cette vérité-là.
 Marie-José Malis, directrice du Théâtre de la Commune, estime urgent «d’aller au cœur des ténèbres, vers le point noir de l’âme humaine, ce cœur abject et indistinct d’où vérité et mensonge sont indiscernables, ce cœur de notre époque, relativisme, nihilisme complaisant, goût de l’ironie et de la délectation morose».
Un geste suffirait pour que, retombé sur ses pieds, chacun retrouve une humanité perdue. La question des rapports amoureux renvoie à celle du pouvoir: les personnages fragiles et si proches d’On ne sait comment, que jouent Pascal Batigne, Olivier Horeau, Sylvia Etcheto, Victor Ponomarev et Sandrine Rommel, se révèlent capables d’une douceur incroyable  mais aussi d’une grande violence verbale.

Ils tissent face au public, et dans la lumière de la scène comme de la salle, la matière existentielle-la nôtre-cette étoffe qui fait les songes mais ici bien vivante. Les acteurs  travaillent sur le grain de la voix, les pauses dans la parole, la sérénité d’une respiration, et le calme de leurs personnages qui, pourtant, vont se révéler secrètement meurtris. La mise en scène renvoie au spectateur la précieuse dignité d’être au monde, à l’écoute des crises intimes d’hommes et de femmes abîmés.
Une estrade, un somptueux rideau rouge de théâtre qui semble traîner, quelques lucarnes qu’on ouvre ou qu’on ferme, la musique lointaine et les dialogues d’un film populaire italien, à peine saisis : la vie…

 Véronique Hotte

Théâtre de La Commune-Centre Dramatique National d’Aubervilliers, jusqu’au 17 avril. T : 01 48 33 16 16.


Archive pour 11 avril, 2016

On ne sait comment de Luigi Pirandello

On ne sait comment, de Luigi Pirandello, mis en scène de Marie-José Malis

 

 on_ne_sait_comment1cdenise_oliver_fierroLa dernière des pièces achevées du grand dramaturge sicilien, écrite en 1935 donc juste avant Les Géants de la montagne, a pour thème une situation proche d’un chassé-croisé entre deux couples amis et fidèles,  et un cinquième larron.
  Le jour où Roméo, marié à Bice, couche avec Ginevra, la femme de Giorgio, son ami marin parti en mer, tout bascule et rien ne va plus. Les autres et lui-même ne cesseront de dire qu’il est devenu fou …
Mais de la folie parfois, surgit la vérité inaccessible.  Roméo a mauvaise conscience et accuse son épouse d’accepter les avances de l’ami. Il se méfie des siens, prétextant voir en chacun l’auteur d’un crime inavouable. Lui-même dans son enfance (il prend à témoin Giorgio) n’a-t-il pas été criminel envers un enfant ?
Marie-José Malis met en scène un théâtre qu’elle veut à l’écoute de la parole de l‘autre.  Où est sa vérité? Est-il franc, toujours conscient de son identité, ou porte-t-il un masque d’hypocrite ?
 L’humanité secrète des aspects sombres et inquiétants, mais aussi lumineux et sereins. Commettre un «crime» en pensée est aussi blâmable que le commettre en réalité.

« Pourquoi l’as-tu dit ? », demande Bice à Roméo qui vient d’avouer à Giorgio qu’il a fait l’amour avec Ginevra : chassé-croisé qui ne devait plus exister qu’en pensée. La réalité a des conséquences que l’on doit taire pour ne pas blesser.
 Roméo venait de dire que les femmes en savent le plus long. Mais elles se taisent et Pirandello/Roméo a maille à partir avec cette vérité-là.
 Marie-José Malis, directrice du Théâtre de la Commune, estime urgent «d’aller au cœur des ténèbres, vers le point noir de l’âme humaine, ce cœur abject et indistinct d’où vérité et mensonge sont indiscernables, ce cœur de notre époque, relativisme, nihilisme complaisant, goût de l’ironie et de la délectation morose».
Un geste suffirait pour que, retombé sur ses pieds, chacun retrouve une humanité perdue. La question des rapports amoureux renvoie à celle du pouvoir: les personnages fragiles et si proches d’On ne sait comment, que jouent Pascal Batigne, Olivier Horeau, Sylvia Etcheto, Victor Ponomarev et Sandrine Rommel, se révèlent capables d’une douceur incroyable  mais aussi d’une grande violence verbale.

Ils tissent face au public, et dans la lumière de la scène comme de la salle, la matière existentielle-la nôtre-cette étoffe qui fait les songes mais ici bien vivante. Les acteurs  travaillent sur le grain de la voix, les pauses dans la parole, la sérénité d’une respiration, et le calme de leurs personnages qui, pourtant, vont se révéler secrètement meurtris. La mise en scène renvoie au spectateur la précieuse dignité d’être au monde, à l’écoute des crises intimes d’hommes et de femmes abîmés.
Une estrade, un somptueux rideau rouge de théâtre qui semble traîner, quelques lucarnes qu’on ouvre ou qu’on ferme, la musique lointaine et les dialogues d’un film populaire italien, à peine saisis : la vie…

 Véronique Hotte

Théâtre de La Commune-Centre Dramatique National d’Aubervilliers, jusqu’au 17 avril. T : 01 48 33 16 16.

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