Constellations de Nick Payne
Constellations de Nick Payne, mise en scène de Marc Paquien
Les théories actuelles de la cosmologie conçoivent l’existence de mondes multiples : un «multivers». Alors que notre univers, selon la physique quantique, défini comme l’ensemble de ce qui nous est causalement connecté-une sphère centrée sur la Terre, de quelques dizaines de milliards d’années-lumière de rayon, serait une parcelle infime de ce méga-monde. L’existence de copies à l’identique de notre propre Univers pourrait, avec une certaine probabilité, exister quelque part.
Constellations de Nick Payne, sensible à la cosmologie contemporaine, est aussi une comédie sur la rencontre amoureuse entre une physicienne et un apiculteur, mais aussi une réflexion sur les mystères de l’existence, sur la vie et la mort. La pièce avait été créée en France par Arnaud Anckaert.
Pour Marc Paquien, les épreuves que subissent des amants ont des versions identiques mais aux subtiles variations, avec une répétition vive et foisonnante, une récurrence ré-envisagée toujours. Un jeu, une danse tournoyante et ludique de duos d’amour en métamorphose.
La constellation, groupement d’étoiles vu de la terre, est ainsi comme versée en miroir et reflétée sur le plateau nocturne et glacé, suspendu dans le vide, figure ovale de galaxies, disque sauvé grâce à l’énigme d’un souffle animé et étoilé.
Marie Gillain et Christophe Paou diffusent toute la tendresse attendue d’un couple d’amants qui évolue avec délicatesse et émotion. Ils bougent dans l’espace avec des mouvements sûrs, tous deux installés sur un cercle stellaire, pour des échanges vivaces, ludiques et furtifs. Avec une carte du Tendre ici largement déployée : rencontre, éloignement, bouderies, séparation, retour : partages temporels précieux avec une présence au monde accordée dans l’intensité de tous les instants.
Insouciance, candeur et oubli de soi, les comédiens offrent toute l’humanité dont ils sont capables, jusqu’à recevoir les ratés et les troubles étranges que dispense la vie : maux pernicieux d’un corps fragile et et de l’âme.
La jeune femme mélange peu à peu les syllabes et fait se heurter les mots : «fou vert» pour «feu vert»… jusqu’à user de la langue des signes. Or, l’ami retrouvé reste présent auprès de sa compagne et fera tout avec elle, pour atteindre et toucher d’autres constellations qui puissent percer la belle voûte bleue.
Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand se souvient de l’admiration «de ce firmament splendide du giron des forêts américaines, ou du sein de l’Océan». Depuis son plateau céleste, Constellations diffuse avec subtilité, l’histoire du monde et des êtres : l’infini de cette rencontre qui circule en chacun de nous…
Véronique Hotte
Théâtre du Petit Saint-Martin, 17 rue René Boulanger 75010 Paris. T : 01 42 08 00 32