La Fonction Ravel

La Fonction Ravel, un projet de et avec Claude Duparfait, en collaboration avec Célie Pauthe

 04-18Ra086La quête de l’Autre, sensibilité et relation au monde, préoccupa Maurice Ravel (1875-1937), explorateur de la mémoire musicale européenne et de ses genres : sonate, trio, quatuor, opéra, de la chanson de la Renaissance, de l’art musical baroque, de la mélodie et de la danse, «avec la valse comme métaphore d’un monde effondré sous son funeste tourbillonnement».                        
  Maurice Ravel, dit Franck Langlois, est un créateur visionnaire qui repousse les limites : spatiales d’un Orient imaginaire de Jérusalem, jusqu’au monde des Noirs américains, en passant par l’Espagne, mais aussi  harmoniques et formelles. Le brillant pianiste François Dumont qui a enregistré l’intégrale de ses œuvres pour piano mais aussi le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche, interprète ici Gaspard de la nuit, Valses nobles et sentimentales, Deux Mélodies hébraïques et Miroirs.
Claude Duparfait, acteur inscrit avec tous les honneurs dans notre mémoire théâtrale pour ses rôles chez Stéphane Braunschweig, puis, entre autres,  dans Des arbres à abattre de Thomas Bernhard, spectacle  qu’il signa avec Célie Pauthe au Théâtre de la Colline en 2012 interprète ce monologue autobiographique-dialogue implicite avec le piano de François Dumont. Et s’imposent ici les œuvres musicales de Maurice Ravel vécues comme «la musique» du narrateur, le point focal de son existence, selon l’expression de Thomas Bernhard pour le fameux  Boléro. Claude Duparfait,  sous le regard de Thierry Thieû Niang,
s’impose aussi d’emblée comme une figure dansante magnifique, habitée par les sonorités et les rythmes, mouvements intérieurs que la musique transmet au corps. La vidéo silencieuse de François Weber fait courir sur les panneaux de bois qui ferment la scène, la demeure intime de Maurice Ravel, ou celle du comédien, à moins que ce ne soit la maison de son enfance.
Très jeune, dans sa chambre triste à Laon dans l’Aisne où son père était ouvrier dans un garage Michelin, le garçon expressif dansait sur Tzigane, Alborada, ou le Concerto pour la main gauche. Seul, incompris, adolescent parmi d’autres «élèves-animaux» d’une «classe-abattoir» en quatrième, puis troisième de transition, le comédien se souvient d’une crise douloureuse où il lui semblait percevoir sa mort prochaine ; il criait sa peine : «Je vais mourir», face à l’indifférence et à l’impuissance hagarde des autres.
Des camarades l’insultent, sa famille ne le comprend pas, et son école  l’ignore, mais lui, l’élève malheureux passe toutefois en lycée général, obtient une excellente note à l’oral du bac de français, grâce à une théâtralisation du Poème sur le Désastre de Lisbonne de Voltaire, performance qui subjugue l’examinatrice.
Plus tard, le bachelier quitte les siens, part pour  Paris contre l’avis parental, joue au théâtre et «fait l’amour avec ses amants».
La musique de Maurice Ravel a toujours été un jardin d’apaisement et de consolation contre toutes les humiliations et les incompréhensions. Les fresques de la villa de Livie au Palais Massimo à quelques kilomètres de Rome avec son jardin d’été, figurent, à elles seules, la beauté du monde, l’élan vital de la nature, avec ses arbres, plantes et oiseaux, fresques inspirées des jardins clos à la manière orientale et antique, que reproduit son père, peintre amateur, à la demande de son fils affectueux.
Un spectacle sur l’envol de soi-même, sur la lutte pour la survie et la liberté.

Véronique Hotte

Spectacle présenté au Centre Dramatique National de Besançon/Franche-Comté, les 22 et 23 avril, et du 16 au 23 septembre dans le cadre de la 69ème édition du festival de musique de Besançon/Franche-Comté.

 

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