Barbecues, d’Alain Lefranc, collectif De Quark

Barbecues texte d’Alain Lefranc, conception du collectif De Quark


imageA priori, une bonne idée, cette plongée dans 2666, roman-fleuve (1.300 pages en cinq parties) de Roberto Bolaño, écrivain chilien mort en exil en 2003. Sous forme d’une enquête littéraire sur un mystérieux auteur allemand,  menée par un groupe d’universitaires européens, cette œuvre posthume, éditée en 2004 nous entraîne jusqu’à Santa-Teresa (Mexique), transposition de Ciudad Juarez, ville de tous les dangers et de tous les trafics, à la frontière des Etats-Unis, et qui détient le triste record des assassinats de femmes.

 Le lieu semble cristalliser les crimes monstrueux qui ont ravagé le monde au XXème siècle et qui se perpétuent : défaite sans fin contre le mal… Le collectif De Quark a rapporté d’un voyage à Ciudad Juarez des images, documents sonores et témoignages qui nous sont distillés au fil d’une chronique complexe.
Pour rassembler tous ces éléments, Alain Lefranc a imaginé deux itinéraires croisés, celui de Solène, qui, adepte d’enquêtes et de films de série Z, se passionne pour 2666 et se rend à Ciudad Juarez, et celui de son ami Julien qui tourne un remake des Misfits à El Paso (Texas) sur l’autre rive du Rio Grande.
Ils se retrouveront à ce point névralgique autour de questions communes, comme le destin tragique des femmes exposées aux violences en tout genre. Marilyn Monroe incarne, blonde intemporelle, l’une de ces victimes. On la voit en proie aux diatribes machistes d’Arthur Miller, son mari, scénariste des Misfits,  film maudit de John Huston où Clark Gable et la star apparaîtront une dernière fois à l’écran…
On assiste aussi à un «talk-show» mené par un animateur des plus kitch, tandis que des Mexicains basanés se pavanent en sombreros! Puis à un numéro de strip-tease dans un bar louche, un meurtre dans un motel : autant d’évocations aux limites du cliché, qui parsèment cette longue pièce partant souvent à la dérive, malgré quelques belles séquences et une créativité exubérante, à la frontière du théâtre, de la performance et des arts plastiques.
Mais ce collectif s’enlise dans les sables du désert mexicain, bien loin du roman qui fera aussi l’objet d’une adaptation et d’une mise en scène de Julien Gosselin au prochain festival d’Avignon.

 Mireille Davidovici

Festival Spot/Sex and the Villette, jusqu’au 26 mai.
2666 de Roberto Bolaño, traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amuto, est publié aux éditions Christian Bourgois. 

 

 

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