Avant toutes disparitions, chorégraphie de Thomas Lebrun
Avant toutes disparitions chorégraphie de Thomas Lebrun
«Un mouvement de vie avant toutes disparitions. Disparitions par désillusion, élimination, ravage, dévastation, ultimatum, combat, guerre, dilution ou fatalité», écrit Thomas Lebrun, à propos de sa dernière pièce, moins sombre qu’il ne l’annonçait.
Les chorégraphes Odile Azagury et Daniel Larrieu, ses complices de toujours, ouvrent le spectacle et vont scrupuleusement, presque religieusement, poser de petits pots de plantes sur un sol de gazon naturel, sans jamais agir avec les dix danseurs qui évoluent d’abord en fond de scène, avant d’en occuper ensuite le centre, et qui seront rejoints, à la fin, par Thomas Lebrun et Anne-Sophie Lancelin pour un quatuor, nimbé par un nuage de fumée, moment émouvant et d’une grande beauté plastique mais… un peu trop long.
Deux générations d’interprètes se croisent ainsi lentement, avec des gestes simples, précis et sensuels. Pour Thomas Lebrun, sa pièce a besoin «de différences d’âge et de pensée, de différents corps pour y ancrer le vivant avant tout effacement… mais aussi pour après». Certaines images peuvent nous faire penser à des pièces de Pina Bausch et les lumières de Jean-Marc Serre enveloppent d’une étrange pénombre les corps qui se cherchent, se trouvent puis se séparent. La création musicale de Scanner, parfois trop présente, accompagne ces alternances d’unions et désunions des corps, et intègre aussi Just, un joli morceau de David Lang qu’on a entendu dans Youth. le dernier film de Paolo Sorrentino,
Les danseurs évoluent en couple et en groupe, ou parfois dans une ronde qui se désagrège. Formant, en une heure trente, un spectacle hypnotique, sensible et attachant.
Jean Couturier
Théâtre National de Chaillot, Paris jusqu’au 20 mai.