Pollock, texte de Fabrice Melquiot

Pollock, texte de Fabrice Melquiot, mise en scène de Mélissa Bertrand

  IMG_4539Vingt ans, le bel âge! Celui du festival A Contre Sens (autrefois baptisé Fête théâtrale) créé par l’association théâtrale des étudiants de Paris 3, et qui a lieu chaque printemps à la Sorbonne Nouvelle, offre à de jeunes artistes l’occasion de se frotter aux exigences de la scène et à un public qui est invité à voter. Le metteur en scène Pascal Rambert était le parrain de cette édition.
  Vingt ans, c’est aussi l’âge de Mélissa Bertrand qui s’est lancée dans un projet audacieux : peindre la rage de Jackson Pollock, le célèbre peintre américain, virtuose du dripping. Fabrice Melquiot met en lumière le tempérament taurin de ce génie, tourmenté par une rage et un alcoolisme inapaisables.
Dans son ombre imposante, une femme trinque : elle n’a pas moins de talent, mais semble se sacrifier. La compagnie La Sticomiss, qui tire son nom d’une des répliques que Jackson Pollock lance à Lee Krasner : « Vous êtes pleine d’asticots, miss, OK ? », a choisi de faire de son atelier artistique,une sorte de bar alternatif. Un lieu aussi libératoire qu’aliénant.
  Avec une scénographie mêlant peinture, et musique :un guitariste officie en direct, soutenant le drame par des sonorités de rock sobre, Mélissa Bertrand fait le pari d’un dispositif bi-frontal qui laisse judicieusement voir toute la cuisine quotidienne du couple orageux.
Pots de peinture, bouteilles d’alcool et de bière,  nourriture s’y entrechoquent violemment. On y boit la difficulté de créer et de vivre ensemble jusqu’à la lie. Des bâches transparentes pour protéger les premiers rangs laissent craindre le pire, mais  les jets de peinture resteront assez sages… Trop peut-être.
Jonas Hervouet, un peu jeune pour incarner pareil monstre caractériel, adopte d’abord un jeu vacillant et balbutiant, caricatural, puis gagne ensuite en assurance. Anaïs Seghier lui donne la réplique avec fermeté : sa gestuelle picturale apparaît parfois un brin artificielle et surtout éloignée du style de la véritable artiste qu’était Lee Kassner. Elle affirme toutefois une vraie présence, dès qu’il s’agit de se confronter à son partenaire.
La gageure ici tenait surtout à la gestion de l’espace. Mais Mélissa Bertrand a su jouer avec les rudes contraintes imposées par la salle (de classe). Son exiguïté, rappelant judicieusement la petite grange où Lee Kassner essayait d’isoler son mari des tentations de l’alcool, nous met au plus près de leur corrida.

 Rythme soutenu, adaptation maîtrisée, murs et les sols pleinement investis : Mélissa Bertrand  souligne avec pertinence que Pollock fut l’un des premiers à travailler sur toile horizontale non tendue.  De belles idées émaillent l’ensemble tels ces spaghettis rendus fluorescents par de la gouache, ou ces pots de peinture avalés goulûment. Le propos solide et discrètement féministe, promet d’autres engagements plus radicaux…

 

Stéphanie Ruffier

 

Théâtre de Verre, Paris le 28 mai à 20h, et le 29 mai à 16h. Réservations : compagnielasticomiss@gmail.com

 

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