ZULULUZU d’après la vie de Fernando Pessoa

 Chantiers d’Europe au Théâtre de la Ville:

p1 ZULULUZU  d’après la vie de Fernando Pessoa par le Teatro Praga

   D’entrée, on nous avertit que le spectacle peut prendre fin à tout moment et que « tout théâtre y est interdit », avec force invectives à la «boîte noire », «objet technologique pour Blancs » « avec son maniérisme normatif et disciplinaire».
« Marre de tes clichés ! » lance-t-on à ses «trois murs noirs racistes». A moins d’avoir lu attentivement le programme, on comprendra seulement après ce long préambule, le jeu de mots: Zululuzu sur Zoulous et Lusitanie. Fernando Pessoa a passé toute son enfance à Durban, où son beau-père était consul du Portugal : les huit comédiens se proposent donc d’explorer les liens entre le célébrissime écrivain lusitanien et l’Afrique du Sud, dont aucune de ses œuvres ne témoigne, alors qu’il y a fait ses études secondaires en langue anglaise, avant de regagner son pays natal, à dix-sept ans.
zululuzuNi biographie ni documentaire, le spectacle aborde cette terra incognita par des voies détournées : pas question ici de «tension entre fiction et réalité», mais un ensemble de numéros de cabaret où les acteurs affirment, en portugais, zoulou, allemand, anglais ou français, le droit à la différence.

Affublés de costumes colorés transgressant les genres, et derrière un défilé de grandes bannières à l’effigie de personnalités comme Nelson Mandela, le Dodo ou l’Antilope bleue, en passant par Nuit Debout, ils déclarent qu’est Zuluzulu, tout exclu, toute victime du racisme, d’homophobie ou de déprédations capitalistes, ainsi que tout résistant aux systèmes normatifs (dont le théâtre !). Des chansons ponctuent les tableaux de ce carnaval joyeux et bariolé, frisant parfois le mauvais goût, comme les comédiens le concèdent ironiquement.
Le Teatro Praga fédère des artistes issus de différentes disciplines, au  savoir-faire indéniable, qui nous livrent, en soixante-quinze minutes, un aperçu de leur talent, sans trop savoir eux-mêmes où ils vont dans cette pérégrination autour de la figure mythique du poète.

Leur quête les a menés jusqu’en Afrique noire, et leur spectacle comporte quelques tentatives formelles réussies, mais le public, lui, reste en rade. N’est-ce pas pour mieux brouiller les pistes, puisque l’auteur du Livre de l’intranquillité a enfoui sa personnalité sous une centaine d’hétéronymes, et n’a jamais révélé ses attaches secrètes au continent noir ?

Mireille Davidovici

Théâtre des Abbesses jusqu’au 4 juin T: 01 42 74 22 77
Short Théâtre, Rome, les 9 et 10 septembre. Sao Luiz Municipal Theatre, Lisbonne, du 15 au 25 septembre. Porto Municipal Theatre-Rivoli, Porto, les 5 et 6 octobre.

 

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