June Events

June Events/ dixième édition (suite)

Motifs chorégraphie de Pierre Pontvianne

PierrePontianne©cieparc_motifs_HD_5  Les danseurs, isolés dans la pénombre, de chaque côté d’un filet de lumière rayant le plateau, composent quelques figures statiques. La bande-son diffuse voix entremêlées et flots de paroles dont émergent quelques phrases intelligibles et récurrentes.
Un couple va bientôt se former pour ne plus se séparer, à l’exception de quelques cassures de rythme amenées par des percussions qui brisent le continuum pour figer leurs gestes.
Le chorégraphe a conçu un duo qu’il danse en osmose avec Marthe Krummenacher. Le dispositif quadri-frontal plonge le public au cœur du mouvement et lui permet de suivre au plus près les subtiles variations d’un pas de deux ininterrompu, glissé et fluide, porté par la musique de Benjamin Gibert. Les sons électroniques et instrumentaux superposés, tantôt liquides, tantôt secs, épousent les ruptures dans les entrelacs harmonieux des corps en symbiose, et leur soudaine fixité.
Cette fugue, construite et interprétée avec délicatesse, au bord de l’émotion, traduit à merveille l’approche esthétique de Pierre Pontvianne, à la recherche d’ « un état de simultanéité du faire et du défaire».
« L’instant présent me semble compact, dit-il. Comme un nœud je cherche à le desserrer. »On pourra revoir Marthe Krummenacher dans Janet on the roof, un solo qu’il prépare avec elle.

Spectacle vu le 11 juin au Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes

CCNR de Rilleux-La-Pape (69) les 24 et 25 septembre.

Janet on the roof : du 5 au 6 juillet, Festival des 7 collines (Saint-Etienne) ; du 10 au 14 octobre L’ADC (Genève) et le 4 novembre, Espace Le Corbusier (Firminy.

 

Jamais assez, chorégraphie de Fabrice Lambert

©  L’Expérience Harmaat - Laurent Philippe - Jamais Assez de Fabrice LambertDans le noir rampent des ombres, silencieuses. Elles s’agglutinent en une masse obscure, se divisent telles les cellules d’un même organisme. Lente progression d’une inquiétante animalité. Quand soudain, une clarté aveuglante révèle un groupe de dix danseurs qui forment une ronde irrégulière autour d’un onzième demeuré au sol.
Dans cette lumière solaire, commence un ballet nerveux  et une voix métallique annonce que nous sommes dans un endroit dangereux : « This is not a place for you to live (…) I would say that you should stay away from this place. We call it Onkalo. Onkalo means hiding place » (Ce n’est pas un endroit où vivre (…) Je dirais que vous ne devriez pas vous y aventurer. On l’appelle Onkalo. Onkalo signifie cachette).
Extrait de la bande-annonce d’Into Eternity, ce commentaire retentit sur Radioactivity (1976), la célèbre musique du groupe Kraftwerk. Jamais assez  a en effet été inspiré par le documentaire du danois Michael Madsen sur Onkalo (Finlande), un site où seront enfouies deux cent cinquante mille tonnes de déchets nucléaires qui brûleront dans les profondeurs de la terre pendant cent mille ans.
Sur ce défi lancé à la matière et au temps, à l’instar du documentariste, le chorégraphe s’interroge : «C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un projet sur une telle échelle voit le jour, explique-t-il. J’ai voulu rapprocher ce projet du mythe de Prométhée (…) La pièce se situe entre Prométhée et la quête de l’énergie, aujourd’hui si précieuse. (…) Et c’est ce terrain commun que j’ai voulu partager avec les danseurs. »
La tribu investit l’espace, et turbulente, se rassemble ou se déploie en atomes incontrôlés, s’entrechoquant ou se repoussant avec une énergie redoutable. Les lumières crues, chaudes ou vacillantes de Philippe Gladieux, d’une grande invention, soulignent le vertige qu’on éprouve à se projeter aussi loin dans le temps, l’inquiétante étrangeté des abysses d’Onkalo : «une cachette tout au fond de la terre ».
Le rythme s’emballe dans une folle et interminable farandole qui dessine sur le plateau, le symbole mathématique de l’infini. Clin d’œil final à l’ubris tragique des hommes qui jouent avec le feu : dans ce Jamais assez, ne faut-il pas entendre : toujours plus ?
Créé avec un grand succès au festival d’Avignon 2015, ce feu d’artifice d’une heure est loin d’avoir fini sa carrière…

Mireille Davidovici


Spectacle vu le 11 juin, au Théâtre de l’Aquarium, Cartoucherie de Vincennes.
Le 10 novembre à la Comédie de Clermont-Ferrand ; 13 décembre,à l’Onyx, Saint Herblain ; 15 décembre, au Grand R, La Rochelle ; du 18 au 21 janvier, Centre Georges Pompidou Paris avec le Théâtre de la Ville ; le 7 février, au Centre Culturel Jean Moulin de Limoges ; le 9 février, aux Treize Arches de Brive la Gaillarde  et le  28 février, au Centre des Bords de Marne, Le-Perreux-sur-Marne.

June Events se poursuit jusqu’au 18 juin.

 

 

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