Shiganè naï, (L’Age du temps)
Shiganè naï, (L’Age du temps), chorégraphie de José Montalvo
Né sous le signe du partage, ce spectacle inaugure les manifestations culturelles de l’année France/Corée. José Montalvo, séduit par les talents de la compagnie nationale coréenne de danse, s’est engagé avec elle dans une aventure artistique et humaine. Danseurs et chorégraphes ont travaillé plusieurs semaines à Séoul puis à Paris pour offrir au public une pièce d’une heure quinze d’une folle vitalité.
La première partie, rythmée par la musique, très présente, de Michael Nyman, conjugue modernité et tradition et mêle des gestes partant de la mémoire corporelle des danseurs, à une liberté de mouvement plus contemporaine, induite par le chorégraphe, comme dans la belle séquence des éventails.
La deuxième partie s’ouvre sur les images d’Human d’Yann Arthus-Bertrand qui évoquent le désastre écologique de notre terre sur une musique d’Armand Amar. Les costumes d’Han Jin-gook entrent en résonance avec le film et constituent une succession de tableaux tristes et beaux à la fois. Comme toujours chez José Montalvo, des vidéos en fond de scène, soulignent et reprennent en miroir certains mouvements… mais nous les oublions, grâce à la présence physique des artistes.
La troisième partie, hommage à la France, se développe sur Le Boléro de Maurice Ravel, dans une anarchie contrôlée et jubilatoire, comme l’a suggéré, dans un lapsus, José Montalvo en évoquant Le Sacre…Les danseurs se lâchent sur scène, les codes hiérarchiques entre hommes et femmes explosent, et la grâce des danseuses se mue en animalité débridée. Avec une gestuelle précise et une énergie communicative, ce final emporte notre enthousiasme.
Chaque interprète s’est impliqué totalement dans cette aventure, qu’il fait partager à un large public. Une belle soirée riche en couleurs.
Jean Couturier
Théâtre National de Chaillot jusqu’au 24 juin.