Festival Scènes de rue à Mulhouse
Festival Scènes de rue à Mulhouse
Jour de clôture de ce festival avec une trentaine de spectacles dont deux, vu l’état d’urgence prolongé après par la tuerie de Nice, deux spectacles susceptibles de troubler l’ordre public ont été annulés, dont Zéro Avril : « Pour mourir, rendez-vous sur place 15 minutes avant le spectacle »…
Heureusement, Le dimanche entre nous, rue de la Navigation dans le beau quartier Drouot en briques rouges, le long de la rivière, a été maintenu, avec des expériences singulières autour de la nourriture qui se termineront par un banquet de plusieurs centaines d’artistes et spectateurs réunis autour d’une très longue tablée. Cela se prépare dès le début de l’après-midi…
Autour du pain par le collectif Quignon sur rue, performance artistique et gustative de Peggy Dalibert, Laurent Lebarbé, Charlotte Cabanis, Phil Devaud, Hervé Guinouard, Béatrice Moreno
Dans l’enceinte du festival, dans une clairière où sont disposées des petites tables, un four est en train de chauffer pour cuire les pains et un comptoir circulaire où il sera ensuite débité. Un oriflamme au-dessus du four proclame: « Un régime sans l’Art m’aigrit ! ». Une énorme boule de pâte est pétrie avec énergie par une matrone, les volontaires se répartissent le partage, avant qu’on mette les pains dans le four quand il sera très chaud. On pourra le déguster lors du banquet.
Pasta y basta par la compagnie À l’envers, de Benoît Gasnier, scénographie de Guénolé Jezequel
Un groupe d’habitants a préparé des kilos de pâtes que l’on découpe avec de petites machines, et que l’on suspend sur des trépieds pour qu’ils sèchent, avant d’être cuits pour le dîner. C’est ludique, tout le monde s’y met avec la plus grande bonne volonté. Benoît Gasnier et Guénolé Jezequel ont conçu l’installation de ce banquet comme on écrit la trame d’un récit.
Et sous les arbres, avec des lumières multicolores, on dégustera cette pasta en devisant avec nos voisins inconnus, servis dans de vraies assiettes par des chefs de table attentifs , avec des échansons qui circulent pour nous abreuver. Une belle réussite que cette clôture chaleureuse.
Stand 2000 installation foraine du Théâtre Group, de Patrice Jouffroy Pio D’Elia et Bernard Daisey
Voilà une vingtaine d’années que Patrice Jouffroy prodigue son inénarrable verve de vieux bonimenteur avec cette installation foraine impressionnante, des centaines de peluches, de la plus petite à l’énorme, disposérs à l’arrière d’un gros camion. Patrice, chef de la famille Gomez, présente ses complices, Chico, le fils de sa cousine et Kirtcho, venu de Skoplie, à la mine patibulaire.
Il fait entrer les candidats qui veulent gagner des lots: tout le monde tente sa chance et personne ne repart les mains vides, sous le bagout fleuri et intarissable du chef de troupe. Les spectateurs font la queue, émoustillés par sa verve, la même qu’autrefois. Furieusement et agréablement démodé, cela dure quelque quatre heures avec de petites pauses,(il faut bien boire un coup de temps en temps…)
Germinal par les Batteurs de Pavé (Suisse) Laurent Lecoultre et Emmanuel Moser
Emmanuel Moser aime démonter les grands textes de la littérature classique, qu’il met en pièces et auxquels il donner une nouvelle vie. Avec son complice Laurent Lecoultre, il interpelle et mobilise les spectateurs pour leur faire interpréter les rôles des fables qu’il raconte. Il fait appel aux CDI, CDD, chômeurs et retraités pour qu’ils se portent volontaires pour les rejoindre sur scène.
« On est dans le Nord de la France en 1885. Dans les mines, il y a un travail harassant, mais c’est du travail ». Les enfants se précipitent pour jouer et répètent avec bonne volonté ce que disent les deux complices. Rapide, caricatural et efficace: le public rit de bon cœur.
Manu Moser organise depuis plusieurs années un festival de rue attrayant, La Plage des Six Pompes à la Chaux de Fond du 31 juillet au 6 août.
Edith Rappoport