Tous contre tous

 

Festival d’Avignon :

Tous contre tous d’ Arthur Adamov, mise en scène d’Alain Timar

adamov-lee-hyun-wooUn texte, adapté en coréen, puis traduit en français… Curieuse alchimie. Mais Alain Timar a su actualisé un texte qui, sinon, paraîtrait aujourd’hui, historiquement daté, et d’une facture trop classique, quand nous avons été habitués à des récits polyphoniques, plus denses et bigarrés. La ligne du récit chronologique sent les années cinquante: Arthur Adamov n’a pas vraiment écrit une pièce à thèse, mais le propos politique reste ici très didactique.
  Alain Timar sauve la pièce, et il compense le manque de couleur et de rythme par la dramaturgie. Second mérite : il a actualisé le niveau politique du texte qui raconte les conflits qui opposent, au sein d’un pays indéfinissable, réfugiés et population d’accueil. Et adapté en coréen, et interprété par des Coréens, elle devient très actuelle. Chômage de masse, misère sociale, et hostilité envers les réfugiés intéressent la plus large partie de l’humanité !

Dans ce monde sans pitié, les personnages se déchirent. Amour, jalousie, possessivité et haine fournissent une abondante matière dramaturgique. La scénographie  traduit  bien le trouble identitaire qui habite les personnages que plusieurs acteurs interprètent tour à tour. L’habit fait le moine.
 Et ça fonctionne très bien sur le plateau. Avec une signification symbolique forte : tous, à l’évidence, peuvent retourner leur veste au gré des circonstances. Inconstant, opportuniste et lâche, l’être humain n’est pas présenté ici sous un jour très favorable. Mais on ne choisit pas le contexte politique. C’est lui qui vous choisit !

 La chorégraphie met en valeur l’aspect redoutable des effets de masse, et la rapidité des changements d’opinion. Le chœur musical et vocal se déplace de façon très orchestrée et les percussions donnent une force transcendante aux mouvements de foule.
Alain Timar, qui signe aussi la scénographie, joue de formes aux couleurs sombres qui donnent la vision d’un pays dévasté. La pièce acquiert alors une dimension universelle comme le montrent  l’actualité politique en France .

Michèle Bigot

Théâtre des Halles, jusqu’au 28 juillet.

 

 

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