Le Songe d’une nuit d’été

 

 

le songe à Bussang

 

 

Festival de  Bussang (Vosges) :

Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, traduction de Françoise Morvan et André Markowicz, mise en scène de Guy-Pierre Couleau

 

Quoi de mieux pour cette réalisation lumineuse que le décor naturel de la majestueuse forêt vosgienne ? Même si le scénario de cette pièce qui se déroule en Grèce, est complexe et sinueux, à l’image de la vie primesautière et de ses rencontres de hasard: coups de foudre et amours interdites, soit tout le sel d’une existence.

Deux couples de jeunes amants, pleins de vie et d’envies, voient leur désir contrarié, celui-ci n’aimant pas celle-là comme dit, ou bien telle autre aimant untel qui ne lui était pas destiné, un penchant malheureux qui porte ombrage encore à un tiers trop précipitamment élu, selon un cours anticipé du temps qu’on croyait maîtriser. Hélène aime Démétrius qui aime Hermia qui aime Lysandre. Or, le père de la seconde ordonne que sa fille honore ses premiers engagements. Reste dès lors aux jeunes gens sous l’emprise d’ un père autoritaire, à errer dans une ombreuse forêt, avec clairières et refuges, havres de paix et abîmes de vertige : métaphores physiques d’un imaginaire insondable.

Dans cette forêt royale envoûtante, un noble personnage que laisse entrevoir dans un premier temps l’ouverture effective et discrète de deux panneaux verticaux en fond de scène. Nous contemplons la beauté des bois – tels des lais peints d’une tenture japonaise, le comble de l’art qui dépasserait la nature vivante. Or, la forêt respire bien et fraîchit. Profusion verdoyante des arbres généreux et des lourds branchages où se dessine le tronc noueux d’un hêtre ancestral, gage d’éternité dans un monde où flamboyance et mouvements incertains se disputent la prééminence, soit le geste contre la mort.

 Mais le mystère de la forêt ne serait pas entier, si n’y apparaissaient, les habitants traditionnels des contes et légendes : fées, elfes et esprits. Ainsi, Obéron, roi des elfes, ordonne à son facétieux Puck de verser une potion sur les paupières de son épouse Titania, la reine languissante des fées, qui lui refuse un jeune page convoité. L’Élégante tombera amoureuse du tisserand Bottom, un bonhomme brut de farce populaire qui joue dans la tragédie Pyrame et Thisbé que préparent les artisans du village pour les fêtes de noces princières…

 L’artisan un peu balourd, se retrouve avec le masque d’une tête d’âne, figure bestiale et malencontreuse qui porte atteinte à la dignité féminine royale. Obéron encore, à l’écoute des malheurs des amours enfantines, demande alors à son fidèle Puck de restituer chacun à sa chacune, en jouant aux cartes, les deux couples mis violemment à mal et bousculés dans leurs attirances respectives. Mais Puck, livré à l’incertitude approximative des jeunes amants non identifiés, fait une erreur, et pousse plus loin le bouchon comique des quiproquos sentimentaux: il ne verse pas le philtre d’amour sur la bonne paupière!

Elissa Bier privilégie les sensations d’envol et de légèreté, et a imaginé une scénographie avec des morceaux de papier crépon de toutes les couleurs, aire ludique enfantine et de libération radicale des songes, à moins que ce ne soit un rappel subversif de continents souillés de sacs plastique. Mauvais rêves tendancieux, fantasmes et pressentiments: William Shakespeare s’amuse des prétentions humaines à vouloir contrôler ses moindres agissements : vanité des vanités quand les jours passent.

 Et en attendant la mort, l’heure est aux divertissements joyeux, avec mots d’esprit et situations loufoques: un monde où acteurs et public sortent réjouis. Saluons l’équipée joyeuse des amateurs et professionnels ici réunis: Sébastien Amblard, Pierre-Alain Chapuis, François Kergoulay, Anne Le Guernec, les pétillantes Jessica Vedel et Clémentine Verdier, et tous les autres…

Véronique Hotte

Festival de Bussang (Vosges), depuis le 14 juillet, et les 7, 10, 11, 12,13, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 24, 25, 26 et  27 août. T : 03 29 61 62 47 reservation@theatredupeuple.com

 

Le spectacle a été repris pendant une semaine en mai au Théâtre des Quartiers d’Ivry mais le charme qui devait opérer dans le merveilleux écrin qu’est le théâtre de Bussang semble avoir disparu en route.

Pourtant sur le grand plateau exemplaire de la toute nouvelle salle d’Ivry, nous avons vite compris que rien n’était vraiment dans l’axe! On comprenait très mal les acteurs qui criaient tout le temps, surtout au début, comme si désemparés, ils avaient peur de ne pas se faire entendre. Et les couples, en particulier Titiana comme Obéron étaient trop peu crédibles. L’ensemble avait quelque chose d’assez fade et conventionnel. Bref, aux antipodes des passions et des fantasmes sexuels qui agitent ces personnages pendant cette nuit d’été. On ne ressentait guère plus les conflits avec la société, et les scènes comiques avec les artisans étaient du genre bâclées et mal jouées…

Quant à la scénographie, nous n’avons pas bien compris  ce que signifiait cette dispersion de petits papiers de crépon chiffonné, vert, jaune, rouge fuschia, et ces dessins réalisés au sol par des rayons lasers multicolores, de ceux que l’on voit partout dans les concerts rock…  A créer une certaine poésie? A mettre une touche de ludique?

Désolé, ici, cela ne fonctionnait pas du tout. Certes Le Songe d’une nuit d’été n’est pas une pièce facile à mettre en scène. Mais qu’est-il arrivé à Guy-Pierre Couleau, pourtant homme d’expérience ( voir Le Théâtre du Blog) pour que ce texte merveilleux soit sur cette scène aussi  peu efficace? Pourquoi a-t-il enfin choisi de faire durer la pièce près de trois heures! Ce qui est beaucoup trop long pour Le Songe.

Résultat: on ne s’y retrouvait pas bien et l’ensemble distillait un ennui pesant! Le théâtre contemporain a parfois des mystères insondables…

Philippe du Vignal

 

 

 

 

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