Yan Rouven Fuechtener, illusionniste allemand, a travaillé à Europapark à Rust vers 2000, puis intègre ensuite le cabaret de Kirrwiller en Alsace en 2003 et 2004. Puis il participe à une émission de télévision : The next Uri Geller.
En 2011, il tente l’aventure américaine à Las Vegas où le Clarion puis le Riviera l’engagent pour trois ans. Fin 2014, il migre au Tropicana avec The New Illusions.
Apparition
Une femme en robe voilée danse à l’avant-scène. Le rideau se lève et six danseurs viennent l’accompagner dans une chorégraphie contemporaine.
Une grande structure métallique ouverte pivote comme une balançoire, de bas en haut et à plusieurs reprises. Dans la brume des fumigènes, apparaît alors Jan Rouven, surnommé l’homme aux neuf vies (en rapport avec sa relation à la mort dans ses numéros d’illusion dont il sort toujours vivant).
Double buzz saw illusion
Deux scies circulaires dont il frappe les lames d’un bâton pour prouver qu’elles sont bien réelles. Une assistante avec une cape à capuche, assiste Yan Rouven, aux mains visibles du public, qui est enchaîné et enfermé dans un box entre les lames de scie. On fait brûler une ficelle qui retient les deux lames. Le magicien doit se libérer à temps mais les lames s’abattent sur lui. La jeune femme à capuche revient ouvrir le box… qui est vide. La femme se retourne : Jan Rouen a pris sa place dans une belle transposition!
Hand stab
Jan Rouven présente un couteau, cinq socles et cinq chapeaux en papier kraft pour les recouvrir. U spectateur désigné comme assistant malgré lui examine le couteau qui est ensuite placé sur un socle par un deuxième spectateur sous le couvert d’une planche horizontale. Les cinq chapeaux sont replacés, et les socles mélangés au hasard sans que personne ne sache ou est placé le couteau !
La roulette russe commence. Le premier spectateur assiste Jan Rouven qui va écraser un par un, les trois premiers chapeaux. Restent deux socles, le magicien prend la main du spectateur et écrase un quatrième chapeau… Le couteau est sous le cinquième ! Une variante du tour Smash and Stab avec pics et gobelets, à la mode chez beaucoup de magiciens qui en abusent…
Transposition
Jan Rouven entre dans une boîte à l’avant transparent dont ses mains dépassent. Une assistante, habillée d’une longue cape, monte sur le dessus. L’avant devient opaque et la femme referme sa cape dessus. En une fraction de seconde, Jan Rouven se retrouve à la place de son assistante sous la cape et la fille dans la boîte (le verre opaque devient transparent). Très belle illusion de transposition-éclair, variante de la malle indienne, avec un subtil effet optique.
Mâchoires de la mort
Jan Rouven, enfermé dans une camisole de force, est pendu par les pieds sur une structure munie de mâchoires d’acier (hinged trap with spikes). Un fil entre les mâchoires est mis en feu, et le magicien-escapologiste a 44 secondes pour se libérer : ce qu’il fait!
Mais numéro raté: la faute à un manque de suspense. Dans la version présentée par Darcy Oake, un chronomètre géant fait monter l’adrénaline ! Mais à cause d’une erreur d’appréciation, Jan Rouven anéantit l’illusion.
Eclipse illusion
Quatre danseuses dansent sur des plots habillés de voilages, qui flottent grâce à une soufflerie. Sur une structure en forme de lune divisée en deux, une partenaire de Jan Rouven se place dans une moitié et disparaît en ombre chinoise derrière un écran de papier. La structure est montrée vide des deux côtés, avant que le magicien ne replace la demi-lune de l’autre côté pour que réapparaisse sa partenaire en vrai.
Ce tour, de Mark Kalin… et de nombreux magiciens, ici très bien réalisé a un fort impact sur le public, lors de la disparition totale de la jeune fille.
Lévitations
Un homme et une femme, habillés en blanc, dansent sensuellement à l’avant-scène. Le rideau se lève: deux autres couples les accompagnent. Jan Rouven arrive avec une partenaire qui s’allonge sur une petite table blanche en fond de scène. Elle lévite puis redescend sur la table.
Le magicien la couvre d’un voile et la fait léviter de nouveau, mais beaucoup plus haut, jusque vers les cintres. Il la rejoint en lévitant lui-même (chemise ouverte !) et la fait descendre avec lui. Les trois couples dansent sur une musique techno et le rideau se ferme sur le couple du début…
Cette double lévitation, bien amenée par les danseurs n’est pas fluide dans sa première phase où l’on ressent des secousses… Par contre, la lévitation de Rouven est bluffante car il est presque torse nu, ce qui renforce l’impossibilité de l’illusion.
Prédiction
Une enveloppe à prédiction dans une main de Jan Rouven. Une spectatrice est invitée à dire le nom d’une personnalité de son choix. La prédiction est sortie de l’enveloppe et on voit cette personnalité bébé (gag!). Si la spectatrice avait annoncé Barak Obama, par exemple, le magicien avait aussi un bébé de couleur en roue de secours (il retourne la photo). Et le tour s’arrête là sans que l’on sache pourquoi ?! Problème technique ou négligence ?
Drill of death
Arrive sur scène une vis géante devant laquelle le magicien se place attaché; mise en route, elle va le transpercer progressivement. Un voile est placé devant son torse, jusqu’au moment où l’on voit la vise lui traverser la poitrine. Jan Rouven empalé, la machine se met à la verticale et soulève le magicien en haut des cintres, puis la vise tourne sur elle-même ! La vise revient en position horizontale et se retire du torse de l’illusionniste, mais progressivement… sous un voile.
Drill of death, créé par André Kole pour la magicienne Melinda Saxe appartient aussi au répertoire du hollandais Christian Farla. Une illusion très impressionnante qui procure une forte dose d’adrénaline.
Origami illusion
Rouven rend hommage à ses magiciens préférés : Siegfried and Roy, véritables mythes de Las Vegas qui ont officié pendant treize ans au Mirage. Uun moyen pour lui de continuer à faire fructifier ici l’héritage des magiciens allemands comme lui-même.
On projette un extrait de l’illusion Origami de Jim Steinmeyer réalisé par le duo. Jean Rouven propose de refaire ce numéro, à l’avant-scène. Une partenaire prend place dans la boîte, qui, refermée et réduite à un petit cube, est transpercée par trois sabres. Il tourne la structure sur roulettes dans tous les sens, et le public se demande vraiment où est passée la jeune femme qui réapparait ensuite, une fois la boîte dépliée. Très bonne présentation de Jan Rouven qui insiste sur le côté impossible de l’illusion.
Underwater escape
Après une chorégraphie de la troupe de danseurs, Rouven introduit sa prochaine illusion en parlant d’Harry Houdini, le maître de l’escapologie. Il présente une cuve remplie d’eau entourée d’une structure avec des pendrillons ouverts.
Le magicien fait vérifier par une spectatrice les menottes, collier et couvercle de la cuve. Puis enchaîné et enfermé, il doit se libérer en moins de quarante-cinq secondes (toujours pas de chronomètre visible!).
Une assistante monte sur la cuve et abaisse les pendrillons, soulevés par moments pour que le public puisse voir le magicien se libérer. Suspense! Jan Rouven surgit au-dessus de la cuve en se jetant par terre, alors que sa partenaire a pris sa place dans la cuve d’eau. Deux illusions en une : une belle « malle indienne » couplé à une « cuve d’eau ». Fascinant!
L’illusion des danseurs : à travers l’hélice
Jan Rouven, tout mouillé, parle au public de la « chorégraphie » de ses techniciens qui nettoyent le plateau couvert d’eau, et va ensuite en coulisses se changer et se recoiffer avec du gel ! Puis il annonce le prochain tableau avec ses danseurs qui vont évoluer sur une musique douce. On met en route une hélice dont les palles sont cachées par un tissu. On voit le bas de l’hélice tourner et un danseur met sa main à travers, puis son bras, sans accident. Et un autre danseur passe tout son corps à travers. Une séquence anecdotique, pour meubler, avec une illusion vieillotte peu justifiée (Trough propeller illusion).
Poteau
Jan Rouven est attaché par des chaînes sur un poteau et autour de lui, on dispose un rideau que son assistante referme; elle va se retrouver à la place du magicien enchaîné. Jan Rouven ouvre le rideau… Une transposition flash, mais déjà vue…
Malle indienne à double transposition
Jan Rouven annonce que sa prochaine illusion provoque toujours des réactions euphoriques, affirme qu’il n’a pas de jumeau, et va faire signer son bras par un spectateur pour l’authentifier, quand il réalisera la transposition.
Une structure composée d’un escalier et d’un coffre où une assistante dans des chaînes cadenassée, est enfermée puis Jean Rouven le hisse en hauteur et se place en dessous, met un voile sur lui et disparaît en un éclair, l’assistante apparait à sa place et on voit le bras signé du magicien sortir du dessus de la caisse.
L’assistante redescend avec difficulté le coffre au sol, grâce à une corde, aidée par un assistant (belle subtilité pour renforcer l’idée que le magicien est bien à l’intérieur). Des pics transpercent alors le coffre de part en part, qui est… vide. Le magicien réapparaît dans la salle !
Magnifique illusion, et tableau le plus réussi du spectacle. Toute la salle a été estomaquée, y compris les magiciens.
Puzzle Paradoxe
Pour finir sur une note métaphorique, Jan Rouven présente le Tile puzzle de Winston Freer à la verticale, sur un panneau aimanté. Il défait une par une les pièces du puzzle, correspondant à différents sentiments. Et il rajoute par deux fois une pièce supplémentaire symbolisant la destinée et le puzzle reste toujours le même, et finit par réintégrer son cadre d’origine.
Jan Rouven a surtout axé son spectacle sur des numéros de transposition et d’évasion qui ont un peu tendance à tous se ressembler. Cela donne du sens au surnom de Jan Rouven, « l’homme aux neuf vies », mais les danseurs, à la technique approximative, semblent être plus là pour meubler, que pour apporter une progression aux numéro d’illusion. Pendant ce temps Jan Rouven part en effet en coulisses pour se changer et se recoiffer !
Malgré un répertoire d’illusions déjà vues et une présentation qui tient plus de la démonstration que d’une histoire scénarisée, on retient de ce spectacle de beaux moments de frissons avec la vis géante, et la malle indienne avec double transposition. Dans la tradition des spectacles de magie à sensations où les boîtes se succèdent sans véritable lien entre elles mais juste avec de la performance et du spectaculaire pour en mettre plein la vue.
A noter : la disponibilité de Jan Rouven qui, après chaque représentation, prend le temps de signer affiches et cartes postales, et de se laisser prendre en photo avec des spectateurs, à la limite de l’auto-satisfaction. Le Tropicana a suspendu les représentations de Jan Rouven, le mercredi 16 mars 2016, après son arrestation dans une affaire de vidéos à caractère pédophile, retrouvées sur son disque dur d’ordinateur…
Sébastien Bazou
ISSN attribué par la Bibliothèque nationale de France : ISSN 2276-3341
Enregistrer