AMzer d’Alan Stivell
Festival Interceltique de Lorient:
AMzer d’Alan Stivell
En cinquante années de carrière, le chanteur a su allier patience, tradition et modernité, et reste le maître incontesté de la musique celtique.
Alan Stivell dont le fer de lance est la défense de la langue bretonne, comme de la langue gaëlique et de toutes les langues minoritaires, a fait les honneurs de présenter ici à son public, des extraits de son dernier opus.
En six langues celtiques répertoriées : le gaélique irlandais, le gaélique écossais, le mannois, le gallois, le cornique et le breton utilisent ce joli nom poétique d’AMzer sous-titré Seasons pour les anglophones pour évoquer «le temps qu’il fait», sous les nuances de toutes les lumières, ombres et couleurs, et «le temps qui passe », inexorable mais au moins enrichissant.
Belle occasion pour Alan Stivell de rendre hommage à la poésie irlandaise et bretonne : avec les mots choisis d’un collégien de l’école bilingue breton-français Diwan à Quimper, ou ceux du grand écrivain irlandais Séamus Heaney (1939-2013) avec un de ses poèmes que le président de l’Irlande Michael D. Higgins avait lui-même lu ici il y a deux ans et qui rappelle ceux d’un barde, en passant par le haïku japonais. Un regard et une méditation sur le monde, sur les saisons qui passent sous la férule de temps. Un rendez-vous musical enchanteur, entre électro inspirée, et chant sublime.
Sérénité et envol sur la terre et le ciel des ancêtres : les mêmes exactement que ceux de notre post-modernité mouvementée et heurtée par des guerres auxquelles le chanteur pacifiste fait une allusion discrète avec une chanson: Brian Boru. Un imaginaire presque incarné dans la délicatesse accomplie d’une saison printanière, inspirée par les résonances de la harpe celtique, les flûtes diverses et autres sons électroniques.
La voix d’Alan Stivell s’impose, subtile et au bel équilibre, dans l’une ou l’autre de ces langue, chantée ou bien parlée. Soit successivement ou alternativement en breton, gaélique, français et anglais, accompagnée aussi par une chanteuse irlandaise. On peut entendre aussi un haïku d’une interprète japonaise en habit traditionnel.
La musique d’Alan Stivell, teintée de mysticisme et de spiritualité, va vers la contemplation et l’incarnation d’un rêve qu’on pourrait qualifier de new age, entre folk d’avant-garde, et approche électronique expérimentale. Et dont les sources qui obéissent d’abord à un geste conceptuel, une exploration sonore et une ouverture aux cultures du monde.
En seconde partie, on entend, pour le bonheur du public averti et fidèle de Lorient, quelques succès d’Alan Stivell : Suite des Montagnes, Pop Plinn, Suite Armoricaine, An Alarc’h, Ian Morrison Reel, Tri Martolod…
Le temps passe mais Alan Stivell avance, fidèle à son art et à ses convictions. AM’zer: un concert des plus prégnants que le plaisir de jouer démultiplie encore.
Véronique Hotte
Concert entendu à l’Espace Marine de Lorient, le 7 août.
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