Festival Interceltique de Lorient (FIL) – concert de Joan Baez
Festival Interceltique de Lorient (F.I.L.):
Joan Baez
Aux côtés de Bob Dylan, à ses débuts et dans la fidélité à une indépendance toujours revendiquée, Joan Baez reste l’inspiratrice à la jolie voix de soprano et au timbre à l’élégance ailée, de la musique folk des années 1960 à 1970. Symbole de la chanson de protestation et militante des droits civiques.
La muse de temps historiques a défendu la cause des Noirs avec détermination, marchant avec Bob Dylan aux côtés de Martin Luther King, et chantant We shall overcome (Nous n’avons pas peur) avec 350.000 personnes le 28 août 1963 à Washington, le jour où il a prononcé son célèbre I have a dream.
Joan Baez reste à l’écoute atemporelle de ce discours-phare du pasteur baptiste afro-américain, militant non-violent pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté, assassiné le 4 avril 1968 à Memphis. Elle a chanté à Woodstock, rassemblement emblématique de la culture hippie en 1969, mais aussi à Hanoï sous les bombes en 1972, luttant sans relâche contre toutes les guerres et les conflits, le Vietnam d’abord, l’Irak ensuite, soutenant entre temps Solidarnosc en Pologne, le dissident André Sakharov en Russie, les mères de disparus en Argentine et au Chili, etc. Elle fait toujours patiemment sienne la défense paisible des dissidents, réfugiés…
A l’Espace Marine, le public retrouve l’icône de toute une époque, avec la politisation d’une jeunesse très engagée pour la paix et le soutien des opprimés. Joan Baez, la jeune brune d’autrefois à la dignité royale et aux cheveux d’argent, est restée fidèle à ses convictions, encore plus perceptibles en ces temps troublés de guerres, de crise migratoire et d’attentats meurtriers. S’accompagnant de sa guitare folk, une jeune chanteuse parfois à ses côtés, et deux musiciens dont son fils Gabriel Harris aux percussions, elle reste la figure légendaire d’une génération politisée et porteuse d’humanisme.
We shall overcome fait évidemment partie de la soirée, mais aussi Farewell Angelina d’un Bob Dylan, attentif aux «mitraillettes qui rugissent» et aux «démons qui clouent des bombes à retardement aux aiguilles des horloges». Joan Baez commente au préalable ses chansons, invite le public à refuser la guerre et à s’ouvrir à la tolérance et à l’arrivée des migrants, réfugiés et autres déportés, pour des raisons politiques et économiques. Ils nous apportent bien plus que nous ne leur donnons en échange: avec un renouvellement spirituel, l’appréhension d’autres cultures, et la reconnaissance des valeurs universelles.
Joan Baez chante en français le fameux poème antimilitariste Le Déserteur de Boris Vian, après avoir déjà entamé dans la langue de Molière, avec le public et dans un tonnerre d’applaudissements, la Chanson pour l’Auvergnat de Georges Brassens, dont les paroles font mouche: «Elle est à toi, cette chanson, Toi, l’Auvergnat qui, sans façon, M’as donné quatre bouts de bois Quand, dans ma vie, il faisait froid… »
Hommage aussi à Simon et Garfunkel, et à John Lennon avec Imagine : » Imagine no possessions… Imagine all the people Sharing all the world… » Aux saluts et à la reprise, Here’s to you fait le bonheur des 4.500 spectateurs réunis à Lorient, chanson écrite en mémoire des anarchistes américains d’origine italienne, Sacco et Vanzetti. Elle chantera aussi Another World, une quête politique d’un autre monde avec arbres, abeilles et humanisme retrouvé.
La grande dame est restée égale à elle-même, absolument radieuse…
Véronique Hotte
Festival Interceltique de Lorient le 6 août.
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