Un Obus dans le cœur

Festival d’Avignon suite et fin:

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Un Obus dans le cœur d’après le roman de Wajdi Mouawad, mise en scène de Jean-Baptiste Epiard et Julien Bleitrach

Seul en scène, Julien Bleitrach interprète Wahab, une sorte d’alter ego de Wajdi Mouawad. Le jeune exilé, en proie à la solitude, marche dans le froid, le vent et la neige du Québec pour rejoindre l’hôpital où sa mère est en train de mourir.
Tout un passé et  toute son enfance se télescopent alors dans un présent douloureux… Seul apaisement possible: peindre avec amour le visage de cette mère, qui va disparaître à jamais, dans une sorte d’exorcisme poétique et salutaire.
Pour Julien Bleitrach, l’écriture donne « cette sensation de nous être adressée personnellement « . Le spectacle a déjà été joué une bonne centaine de fois depuis 2011 (voir Le Théâtre du Blog) mais a gardé, ce qui n’est pas si fréquent, une grande rigueur de jeu et une fraîcheur exemplaire.
Yano Iatridès, comédienne et  remarquable chorégraphe disparue il y a deux ans, l’avait aidé à le mettre en scène, et cela se voit aussi dans l’intelligence des ses mouvements.
N’en déplaise à M. Goldenberg, ci-devant directeur du Théâtre National de Chaillot, l’Ecole de ce théâtre, qui a accueilli entre autres Julien Bleitrach, lui aura apporté les outils nécessaires pour créer un spectacle aussi réussi que celui-là; le comédien sait être à la fois plein d’humour et émouvant avec une diction impeccable et une gestualité des  plus étudiées.

Aucun doute, les circonstances de la tragédie que vit Wahab, sont bien là dans cette petite  salle inconnue, tôt le matin, devant une trentaine de spectateurs… C’est un des privilèges du off d’offrir cette possibilité à un jeune comédien.
Julien sait dire avec précision et émotion, le trajet en bus qui l’emmène vers son destin, le froid de la rue, l’hôpital avec ses couloirs interminables, et  la chambre où meurt sa mère.
Whabab essayera d’oublier… mais comment oublier celle qui vous a mis au monde, une partie de soi-même. Et son pays natal, le Liban, déchiré par la guerre qu’il l’évoquait dans Littoral. Pays et mère : un seul amour.

Pas d’afféteries, pas d’approximations : la mise en scène de Julien Bleitrach et Jean-Baptiste Epiard va droit au but, exigeante et chaleureuse. Le Off compte des dizaines d’adaptations de textes en monologues mais celui-ci possède une force et une intelligence supérieures. S’il croise votre route, n’hésitez pas.

Philippe du Vignal

Le spectacle s’est joué au Théâtre des Trois Soleils, du 7 au 30 juillet à 10h35. Festival d’Aurillac. Et en tournée en France.

 

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