Las Vegas Mickael Jackson/Cirque du Soleil
Avant de pénétrer dans la salle, nous traversons l’Hôtel-Casino du Mandalay Bay construit en 1999), une tour dorée baignée par le soleil avec, à ses pieds, un superbe écrin de verdure luxuriante sur le thème de la Birmanie.
Devant la salle, de grands caissons lumineux nous montrent Michael Jackson réaliser son moonwalk comme une décomposition photographique à la Etienne-Jules Marey/ La boutique de souvenirs propose objets et autres vêtements à l’effigie du roi de la pop.
Les portes de la salle sont décorées comme le veston rouge et doré de la star avec des cordes tressées. Le hall? Un bel espace avec velours rouge et grands lustres en cristal. Les ouvreurs sont tous habillés comme Michael Jackson, veston noir et doré, chapeau et pantalon à bandes latérales. Des paparazzis, habillés en imperméable rouge, proposent aux spectateurs de se faire prendre en photo…
Nous pénétrons dans une immense salle entièrement équipée d’un Dolby surround comme au cinéma, avec, cerise sur le gâteau, un système audio incorporé, pour immersion totale, dans chacun des 1.804 sièges munis de trois enceintes acoustiques. Et l’équipement scénique n’est pas en reste … Sur les côtés, six grands panneaux rectangulaires pour projection vidéo. La salle, avec 300 projecteurs D.E.L. intégrés aux différents éléments scénographiques, 26 vidéoprojecteurs, un dispositif de géocalisation GPS des vidéos, et onze écrans numériques et un mur D.E.L. de 9,1 mètres de haut sur 12,2 de large! Des couvertures de magazines à sensation commencent à apparaître sur les écrans avec en une, les portraits des spectateurs qui se sont fait prendre en photo par les paparazzis à l’entrée.
Au milieu de la scène, sur un écran transparent, les quatre symboles de Michael Jackson : lunettes, chapeau, chaussures, et gant: objets iconiques tournant autour d’un tabouret de bar renversé. Les paparazzis se déplacent parmi les spectateurs pour les prendre en photo par surprise, et nous découvrons quatre jeunes filles et garçons : Shy, Smarty Pants, Clumsy et Sneaky jouant les spectateurs, changeant de place, chahutant, se retrouvant sur scène pour prendre des photos, se faisant virer de la salle mais revenant par une petite porte…
Sneaky c’est le jongleur-magicien et comédien Xavier Mortimer qui assurera tous les numéros de prestidigitation. Les quatre compères reviennent puis disparaissent par une porte et se retrouvent. La voix off de Michael Jackson retentit : « it’s me, Michael… » et ses quatre objets fétiches en vrai tournent toujours sur eux-mêmes (cette fois-ci en vrai) et Sneaky vole le gant de la star. Tout se déchaîne alors autour de lui. Lumière et décor changent, et des hommes volent dans la salle, au-dessus des spectateurs, et sur la scène. Les quatre compères vont alors traverser différentes épreuves illustrées par une série de tableaux musicaux.
L’intrigue du spectacle est centrée autour de ces « marginaux » qui vont entrer dans le monde de Michael Jackson grâce à leur curiosité, en recevant chacun, un objet personnel du chanteur : ses chaussettes blanches et chaussures noires, ses lunettes de soleil, son chapeau, et son gant blanc. Ces objets représentent les valeurs principales de Jackson : agilité, courage, jeu et amour. La musique de Beat it retentit et deux grandes structures métalliques apparaissent en fond de scène avec des danseurs en costume blanc à l’intérieur. Au-dessus des cintres est disposé un bungee rotatif où les acrobates tournent à tour de rôle comme des toupies.
Et Gina Gleason, une guitariste virtuose, fait son apparition pour un solo endiablé (elle reviendra régulièrement dans le spectacle…)Les compères réapparaissent par des trappes au-dessous de la scène. Sneaky voit le gant de Michael léviter et les hommes en rouge (la menace) reviennent autour de lui danser sur 2 Bad. Des vitrines sur roulettes arrivent sur scène, avec, à l’intérieur, un squelette et un homme unijambiste à béquilles. Sneaky reste prisonnier des hommes en rouge.
Noir dans la salle. Une chanteuse, assise sur une demi-lune, arrive dans les airs du fond de la salle, à l’avant-scène. Des projections de neige et de visages qui s’évaporent constituent un beau tableau nostalgique que vient magnifier un acrobate réalisant des figures sur une corde descendue des cintres.
Sneaky traverse la scène avec le gant de Michael, poursuivi par les hommes en rouge, et une tempête de neige virtuelle secoue l’acrobate, qui tombe de sa corde au sol. Le visage de Jackson apparaît en projection dans la neige, et fait éloigner la lune qui repart dans la salle. Superbe.
Un tableau urbain avec pour toile de fond, un métro, une structure métallique et de grands élastiques jaunes tendus de cour à jardin, où des acrobates, arrivés en tyrolienne, tentent des équilibres, rebondissent et réalisent des sauts périlleux virtuoses. La guitariste réapparait pour un solo à mettre le feu.
Les chaussures de Michael Jackson arrivent toutes seules sur scène et réalisent le moonwalk. Un des compères, Clumsy avec ces chaussures, entame une danse et des acrobaties sur les élastiques jaunes. Puis, deux hommes en imperméable arrivent en tyrolienne de la salle rejoindre les trois autres danseurs, inspirés des yakuza, coiffés de chapeaux Fedora et en costumes rayés.
Derrière eux, dans les structures métalliques, évoluent seize autres danseurs-acrobates. Arrivent les hommes en rouge, et les garçons en imperméable changent de costume, qui deviennent fluorescents et jonglent dans le noir.
Des hommes en blanc réalisent des équilibres impossibles (dont la fameuse illlusion anti-gravité à 45°, breveté en 1992), ainsi que des sauts tout en suspension et rebonds comme sur des ressorts.
Sneaky revient sur scène en essayant de rattraper le gant qui court tout seul sur la scène à la manière de « la chose » de la famille Adams. Arrive un coffre où se trouvent des affaires personnelles de Michael que l’on ouvre Ce dernier est ouvert et sur l’écran apparait les photos de l’album-souvenirs de Jackson enfant. Sneaky découvre un pied de micro qui lévite entre ses mains à la manière d’une canne volante. Un voile est alors tendu à l’horizontale et apparaît son comparse Clumsy en habit de lumières (à paillettes) qui tourne sur lui-même comme un jouet sortant d’une boîte à musique.
Sur l’écran, apparaissent des baffles menaçantes qui prennent l’apparence de plantes carnivores et entourent Shy, qui casse une vitrine où se trouvent les lunettes de Michael. Elle met celles-ci sur son nez, saisit un bâton et commence à réaliser des figures d’art martiaux avec, se battant contre les HP vidéos et six autres « méchants » danseurs qui disparaissent dans une trappe. Seize danseurs arrivent sur des structures en forme de miroirs sur roulettes, s’inclinent et font office d’écran où sont projetées des lettres en vidéo formant un mot. La guitariste réapparaît d’une trappe et joue un solo. Le tableau se termine par un message : « Hope, comfort, dreams, believe ».
L’écran d’avant-scène est éclairé par l’arrière et commence une séance d’ombres chinoises avec les danseurs et comédiens, comme dans les spectacles d’Alwin Nikolais et de la compagnie Pilobolus. Leurs corps dessinent un arrosoir humain, un éléphant et des éléments architecturaux.
Sneaky et Smarty Pants s’emparent du chapeau de Michael, qui s’échappe par deux fois ( numéro du chapeau volant par Mortimer). Finalement, Smarty Pants s’en empare en mode mime (effet de la valise avec un chapeau), rejoint par des jongleurs qui font voler leur couvre-chef dans tous les sens, tout en réalisant des équilibres… Un tableau qui dépoussière sacrément cette discipline considérée comme ringarde, et ici justifiée. Une vidéo montrant des chapeaux qui flottent dans l’air au ralenti, accompagne les artistes sur scène.
Deux structures avec bras métalliques, une voiture tremplin, un banc et une cabine téléphonique suspendus composent le prochain tableau sous le signe de pin-up qui apparaissent d’une grande cabine, avec des partenaires coiffés punk aux cheveux fluo.
Une femme, habillée de rouge et de noir, descend du fond de la salle en tyrolienne jusqu’au plateau où sont disposées deux barres de pole danse, à cour et à jardin, et une barre serpentine au centre. L’acrobate-danseuse Jenyne Butterfly évolue, virtuose, en couplant ses figures classiques d’exploits athlétiques (réalisant, entre autre, le drapeau humain). Puis disparait avec sa barre serpentine dans les cintres.
Sur fond de vraies flammes projetées en arrière scène, une des séquences les plus sensuelles et sidérantes du spectacle.
Sneaky Mortimer, revient sur scène avec une valise à la main d’où sort le gant de Michael qui le gifle. Sneaky ouvre la valise et en retire le haut du costume de Michael qui s’anime tout seul. Le gant sort une nouvelle fois et gifle Sneaky qui arrache le gant de la valise. Il s’anime tout seul, sirotant même un jus d’orange pour le recracher ! Le gant essaie ensuite d’étrangler Sneaky et finit par l’assommer avec un micro. Un beau numéro soliste de Xavier Mortimer, qui montre son talent de mime avec des effets magiques adaptés à la sauce Jackson, justifiés par le matériel utilisé.
Le clip Billie Jean du chanteur dansant le moonwalk. La salle est ensuite plongée dans le noir et deux danseurs, habillés de combinaisons à diodes, descendent de part et d’autre du cadre de scène, à la verticale !
Onze danseurs apparaissent sur scène progressivement et leurs costumes changent de couleur suivant la chorégraphie. Incroyable effet cinétique avec tout un panel d’effets magiques : apparitions, disparitions, transpositions, multiplications, etc. Les danseurs disparaissent ensuite dans un scintillement.
Marey et Muybridge sont convoqués dans cette séquence hautement cinématographique. Puis Les compères et un voleur vient subtiliser le gant de Michael dans les mains de Sneaky. Quatre autres hommes-loups surgissent et entourent la bande. La suite du tableau est projetée en forme de dessin animé où l’on retrouve ces héros d’un soir en dessin animé, se battant contre les méchants dans un style japonisant. Ils finissent par se faire enlever leurs fétiches, un par un…
Les hommes loups envahissent la scène comme des zombies avec des figures acrobatiques sur tremplins, et marchent sur un mur vertical et de la fumée inonde la scène, ce qui leur permet de se cacher. Quatre zombies surgissent des cintres de la salle, en élastique, parmi les spectateurs. Le court-métrage de Thriller est diffusé en même temps sur l’écran géant où l’on voit la transformation de Jackson en loup-garou. Les zombies commencent la danse des morts-vivants sur scène et dans la salle : sensations et frissons garantis -!
Ils reviennent par des trappes surmontant et Clumsy, en habit de lumières, se met à danser comme Michael et ses compères récupèrent un à un leur fétiche.
Sneaky produit une lumière scintillante à la pointe de son gant (D’light) qu’il envoie dans la salle qui fait apparaître huit trapézistes au dessus des spectateurs, entièrement habillés avec des diodes blanches semblables à des constellations. Une vidéo de comètes et d’étoiles filantes défilent sur l’écran d’avant-scène. Les costumes commencent à changer de couleur et Sneaky reprend sa lumière en faisant disparaître les huit trapézistes dans le noir absolu. Grandiose.
Une vidéo représentante le portail de NeverLand apparait sur l’écran et un arbre se transforme en profil de Michael Jackson. La scène s’ouvre alors et l’on découvre l’hologramme de Jackson entouré des quatre héros. Michael Jackson danse, apparaît puis disparaît en poussière d’étoiles dorées, puis revient parmi les danseurs venus rejoindre les quatre compères. Puis transportés par la poussière dorée, ils sont ramenés sur le devant de la scène. Michael revient pour une dernière fois virtuellement sous les traits d’un enfant et disparaît
Quatre sphères métalliques descendent sur scène de la salle où les héros se placent dedans avant de repartir par les airs vers les spectateurs.
Extrait de la vidéo du clip Black or White avec le comédien Macaulay Culkin et apparition de la guitariste de la trappe pour un dernier solo rageur. La scène se transforme pour laisser apparaître une plate-forme avec tous les artistes de la soirée… Des jongleurs lancent leur chapeau et font voler leur lasso ; les hommes en rouge se déplacent en monocycles électriques, la pole-danseuse fait sont apparition et les quatre héros reviennent sur la scène à bord d’un petit vaisseau spatial qui arrive de la salle par les airs.
Des drapeaux de pays du monde entier sont projetés et les artistes défilent alors dans la salle pour remercier le public et les invitent à danser avec eux… Un fabuleux spectacle du Cirque du Soleil dans une débauche de moyens visuels, sonores et acrobatiques. Le pari de toucher à une icône telle que Jackson, était risqué mais encore plus celui de mixer arts du cirque et musique. Il fallait éviter les multiples hommages en forme d’imitation avec un clone jouant le rôle du « roi de la pop » et s’aventurer dans une expérience inédite.
Mais le Cirque du Soleil québécois a su magnifiquement réussir ce spectacle en dosant chaque ingrédient à la perfection. Avec un Michael Jackson bien vivant, inspirateur et symbole d’un monde en communion…
Sébastien Bazou
ISSN attribué par la Bibliothèque nationale de France : ISSN 2276-3341