Prochainement par le groupe ZUR
Festival d’Aurillac:
Prochainement par le Groupe Zur
Cela fait quelques trente ans que ce groupe ZUR (Zone Utopiquement Reconstituée ) installé à Saint Barthélémy d’Anjou, près d’ Angers rassemble des artistes considérant l’acte de création comme une occasion d’aventure et d’expériences. «Pour cela, nous travaillons nos spectacles dans des lieux inattendus, nous imaginons in situ des interventions qui réagissent aux lieux de présentation ».
Avec une volonté évidente de développer, « un art entre l’image et l’acte, l’écrit et la parole, le muet et le sonore, le plan et le volume, le frontal et la proximité, où les formes picturales et cinématographiques dansent avec les formes théâtrales et sonores.
Pas de texte ni même de courts dialogues ; cela se passe sur un terrain de sport dans un quartier périphérique d’Aurillac, où est installé une salle de cinéma en plein air. Sur l’écran, projection d’un film regroupant plusieurs histoires de voyage. On voi un minuscule triporteur emprunter une route impressionnante de redoutables sinuosités à flanc de montagne, croiser un énorme semi-remorque, puis deux jeunes homme traînant, à la force du poignet, une barque au sommet d’une colline dans les herbes puis la faire redescendre de l’autre côté, une bobine de films s’échappant du triporteur dévaler une pente avant de s’arrêter sur une plage à quelques mètres de la mer…
Pas de récit unique, on voit les mêmes personnages dans des endroits tout à fait différents dans la montagne ou en ville qui entreprennent un voyage… : au public de se faire son film personnel par le biais de ces belles images p filmées avec lenteur et désir évident de picturalité… Puis, progressivement derrière l’écran de projection, des ombres passent, et une jeune femme avec une grosse pendule accrochée sur son dos et accompagnée d’un enfant choisi dans le public s’avance jusqu’à l’écran.
On l’aura compris, le spectacle n’est surtout pas que le film projeté. Quelques temps après, l’image sur l’écran se met à vibrer et la toile se lacère d’elle même… Une voix off au mégaphone, donne des ordres à des techniciens de plateau, et le public comprend vite qu’il peut traverser ce qui reste de l’écran pour rejoindre un lieu de tournage avec travelling, installations plastiques…Comme entre autres, cette très belle projection de branches destinée à figurer le dessin d’une maison. On voit aussi se tourner une séquence de film avec travelling, avec évidemment les mêmes acteurs que dans le film et on retrouve aussi le triporteur du film dont le pare-brise sert de petit écran à un film de Charlot. Il y a aussi un peu plus loin un bon feu de bois qui fait du bien dans la nuit un peu fraîche. « La dématérialisation de l’espace de projection, dit le groupe ZUR, coïncide avec l’ouverture d’un hors-champ jusqu’alors insoupçonné » avant .
Dernière et merveilleuse image avant l’oubli ; celle d’un groupe rock en ombres chinoises sur un écran que les autres personnages vont crever et lacérer petit à petit.
Bilan : mitigé. Le film possède de belles trouvailles poétiques et cette intrusion dans cette prairie avec tous ces accessoires de plateau de cinéma dont de gros ventilateurs, a un charme indéniable, mais l’ensemble gagnerait à être construit sur une dramaturgie plus solide. Cette histoire-un peu longuette-de film dans le film, rappelle en effet singulièrement celle du théâtre dans le théâtre qui sévit toujours…
Et le Groupe ZUR aurait eu intérêt à serrer davantage les boulons de ce spectacle créé l’an dernier et qui doit donc être considéré comme rodé. Mais, malgré une réalisation tout à fait précise, ce Prochainement en partie déambulatoire, gagnerait beaucoup à être resserré….
Que cela ne vous empêche pas d’y aller faire un tour.
Philippe du Vignal
Festival d’Aurillac jusqu’au 20 août
www.groupe-info@groupe-zur.com