Le temps d’aimer la danse à Biarritz
Le temps d’aimer la danse à Biarritz
«Contre l’uniformité, qui met les esprits au même diapason, contre le bon ton, qui classe les esthétiques et les hommes, et ne les réunit pas, fidèle à sa ligne artistique et à une vision polyphonique du monde, ce festival réalise un véritable tour de force : la fraternité du grand écart», dit Thierry Malandain, directeur de ce festival qui présente, en neuf jours, la danse sous toutes ses formes.
Un grand écart qui a débuté avec la chorégraphie tellurique d’Hofesh Shester, Barbarians (voir Le Théâtre du blog), qui agit sur le public comme un massage cardiaque : d’abord un peu choqué, il adhère progressivement à l’énergie et la gestuelle des danseurs.
La compagnie d’Hofesh Shester pendant la classe qu’elle donne à ses artistes, puis celle qu’elle partage avec le public, dévoile les grandes lignes de son style. Avec un travail fondé sur l’improvisation, il importe ici de sentir son corps et les mouvements qu’il induit directement, hors contrôle cérébral.
Pour le chorégraphe, le corps doit se libérer de ses codes, même si, pour le danseur Frédéric Despierre, l’improvisation révèle que ces artistes viennent d’horizons différents : classique, hip-hop ou danse traditionnelle…
Le public peut aussi suivre, en fin de semaine, les stages de la compagnie Pernette, et ceux de Nicolas Le Riche avec Clairemarie Osta, qui est aussi au programme du festival. Le temps d’aimer la danse propose un éventail de styles varié sur une semaine, avec de grandes troupes comme le Ballet de l’Opéra national du Rhin, ou le Ballet National de Marseille, à la Gare du Midi, et des compagnies professionnelles ou amateurs qui se produisent gratuitement sur les scènes en plein air dressés sur l’esplanade du Casino ou au Jardin public. La riche programmation de ce vingt-sixième festival rassemble un public à la fois diversifié et curieux.
Il faut aller voir cette ville qui danse, et qui ne renierait les propos de Serge Diaghilev, en 1910 : «Nous voulons trouver l’art au moyen duquel toute la complexité de la vie, tous les sentiments et les passions s’exprimeraient en dehors des mots et des concepts, de manière non pas rationnelle, mais spontanée, évidente, indiscutable.»
Jean Couturier