Poil de carotte, librement inspiré du roman de Jules Renard

Poil de carotte, librement inspiré du roman de Jules Renard, conception et mise en scène de Silvia Costa

 

silvia_boschieroBottes de foin sur scène, paille dans la salle, cage à lapins, seau en fer pour l’eau et un autre pour les grains des poules : le public sent l’odeur chaude de l’étable et chemine dans l’air campagnard avant de s’asseoir. Agathe Molière incarne Poil de carotte, ce polisson- tête rousse et silhouette de gringalet. Bavard, il précise aux spectateurs l’orientation géographique de la grange, en face de la maison des Lepic, un intérieur qu’il craint, et qu’il nous fera explorer un peu plus tard.

 La nouvelle bonne à tout faire des Lepic survient, prétexte pour lui, à énumérer les habitudes de la famille: le matin, Madame Lepic boit un café au lait, comme Monsieur Lepic, et Félix, leur autre fils, un chocolat ; quant au narrateur aux cheveux roux, il se sert tout seul, prend un verre d’eau et des restes… La domestique est humaine, mais Poil de carotte lui demande de le maltraiter, si sa mère est là; ces deux  personnages dépréciés et proches s’accorderont ainsi…

Nulle plainte ou reproche ne s’échappent de sa bouche enfantine : la jeune femme ne peut recueillir du beau parleur, les mauvais traitements qu’il subit. Alors que la violence s’installe, dès que se rassemblent les parents, Félix et Poil de Carotte qui, lui, semble ne pas faire partie de la tribu… Sa mère se montre en effet menaçante et cruelle, uniquement occupée de Félix, son fils chéri, et amenant Monsieur Lepic, plus bonhomme, à ses vues.
Poil de Carotte subit ainsi l’éviction systématique du groupe familial. Il a son caractère, et aime réfléchir ; vivant au plus près de la terre et de ses  envies, il refuse d’adhérer à la convention, résiste au harcèlement, et écrit des lettres à son père qu’il aime : il  rêve d’aller dans la grande ville… à Paris.

L’énergie à vivre et à découvrir le monde emporte ses petites amertumes quotidiennes qui ne sauraient entamer son désir profond. Portés sur la scène par les comédiens, des panneaux  exposent les mésaventures de Poil de Carotte, comme la chasse, les poux, la taupe, la révolte : tout le petit monde de l’enfant se tient là. Et la dimension initiatrice de l’œuvre passe par une scénographie à la fois simple et ouvragée. Des tableaux peints glissent sur le plateau : salle à manger, chambres du fils et du père, avec une  bureau éclairé par une bougie, où chacun écrit de son côté.
Le sol à carreaux noirs et blancs et les meubles sont joliment dessinés ; les costumes, eux, évoquent la naïveté des premières années : un père plutôt enrobé dans son csotume, une mère avec une  robe-amphore et le fils, en pantalon similaire.
Delphine Chuillot, Élise Marie, Marine Prunier et Alexandre Soulié créent des figures caricaturales savoureuses. Modernisés, les traits de cette fresque reprennent les illustrations de Félix Valloton. Un spectacle classique soigné, que l’on peut comparer à un album ancien de photos de famille. Avec jeux d’ombre et lumière sur des parois translucides.
L’existence se montre et injuste, mais l’enfant, décidé, avance encore….

Véronique Hotte

Théâtre Nanterre-Amandiers/Festival d’Automne, 7 avenue Pablo Picasso Nanterre (92), tout public à partir de  six ans, du 17 septembre au 2 octobre. T: 01 46 14 70 00/ 01 53 45 17 17.

 

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