Il faut beaucoup aimer les hommes
Avec deux acteurs seulement, Cyril Gueï et Maëlys Ricordeau, servis par une technique éblouissante dans un décor réduit au minimum, pour raconter une violente histoire d’amour née à Hollywood, entre Solange, grande actrice blanche et Kouhouesso, un comédien noir abonné aux seconds rôles, mais qui rêve de tourner Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, dans son pays d’origine, le Cameroun.
Dans la première séquence, on les découvre émergeant d’un tunnel lumineux- et à la profondeur étonnante dans cette petite salle de Théâtre ouvert. Ils ont d’énervants micros accrochés au menton… qu’ils perdent heureusement par la suite.Ils font connaissance, se livrent aux confidences: Solange est amoureuse, lui refuse de se livrer et part au petit matin sans jamais s’installer. Et il est rongé par son projet de film, mais réussit à partir au Cameroun et nous y emmène avec des images surprenantes. Solange le rejoint, tourne dans son film, mais, au retour en France, elle découvre que son personnage a disparu .
Douleur, rupture, dépression, oubli: Solange finira quand même par retrouver son amant plusieurs années après mais trop tard… Théâtre ou cinéma, on ne sait plus bien, tant les effets scéniques sont maîtrisés, la musique et le jeu des acteurs surprenants. En tous cas, une belle réussite.
Après Le bon chemin, théâtre-performance, (2009), Sig Sauer Pro, un film réalisé en 2010, Notre printemps créé au Théâtre de Gennevilliers en 2012, Dia de mucho, Vispera de nada (2013), et Cours les prairies (2014), le spectacle confirme la maîtrise étonnante de ce collectif pluridisciplinaire.
Edith Rappoport
Théâtre Ouvert jusqu’au 22 octobre à 20 h, du lundi au samedi. T: 01 42 55 55 50; le 18 novembre au Pôle Culturel d’Alfortville; le 26 novembre, à la Ferme du Buisson de Marne-la-Vallée.
Du 6 au 14 décembre, Comédie de Reims.
Du 4 au 7 janvier, Centre Dramatique National d’Orléans et le 13 avril, Espace Pluriels de Pau.