Chute !
Chute ! écrit et chuté par Matthieu Gary et Sydney Pin
Soit deux acrobates : tel un bateleur, Matthieu Gary annonce “un nouveau combat de l’homme face à la gravité “ et, désignant le phénomène de foire, Sydney Pin, en équilibre sur la tête, il continue : « Notre homme a l’air bien en place ! Il respire ! La gravité l’entraîne vers les entrailles de la terre ! »
Suit une série de chutes. Chacun à tour de rôle soulève l’autre, et, de plus en plus haut, le lance brutalement à terre. « La hauteur est liée à la douleur, alors que le son de l’impact n’a pas changé », constatent-ils. Ainsi poursuivent-ils leurs expériences de la chute, tout en les analysant scientifiquement et émotionnellement : «Nous allons tenter de traverser, avec humour, nos sensations de chuteurs (…) Nous essaierons de comprendre ensemble ce qui nous maintient debout (…) quel plaisir nous avons à chuter. Pourquoi rions-nous du chuteur ? »
Ils tombent et retombent, de toute leur hauteur, ou de tout leur long, face ou dos contre terre. Variant les positions et les figures : «C’est vertical, c’est vers le vas, jusqu’au sol ! » Au fur et à mesure, la brutalité des gestes s’estompe en une presque chorégraphie acrobatique, un ballet des corps qui s’attirent et se repoussent. Ils éprouvent et commentent les forces d’attraction et de résistance à l’œuvre, les deux conditions de l’équilibre : qu’ils soient vivants ou inertes, « tous les corps massifs s’attirent. Je suis attiré par ce banc, lui-même attiré par le sol… »
Le public frémit et réagit bruyamment à la violence de ces performances, tout en riant de ces acrobaties virtuoses aussi impressionnantes que ludiques. Disposés sur les quatre côtés, au plus près de la piste rectangulaire, les spectateurs sont souvent pris à partie, comme au cirque : « Nous sommes circulaires dans le cœur mais quadri-frontaux par nécessité (…) Si l’on veut jouer partout, et pour tous ».
Le Collectif Porte 27 voulait créer «une forme mobile et épurée pour les classes de lycée, qui traiterait de la perception de notre corps à travers l’expérience de la chute.» Objectif atteint : on s’amuse des exploits des deux acrobates mais on apprend pourquoi et comment on tombe, démonstration à l’appui. À amortir sa chute, en modifiant sa trajectoire en cours de route pour atterrir en répartissant le poids sur une plus grande surface du corps. »
La leçon se fait philosophique, la chute métaphore existentielle . La vie n’est-elle pas fait de chutes et de rebonds, jusqu’au moment où l’on ne se relève pas : «comment continuer à vivre en sachant qu’à la fin… » mais tout finit à la rigolade par un harmonieux duo de cascades… Parfois un peu trop bavard, ce spectacle intelligent, drôle et sensible est à voir. Les dates ne manquent pas… Avis aux programmateurs : il en existe aussi une version courte.
Mireille Davidovici
Jusqu’au 8 octobre au Monfort – T. 01 56 08 33 88 – www.lemonfort.fr
porte27.org/spectacles/chute-version-longue-creation-2016/
Les 22 et 23 Novembre au Théâtre le Fil de L’eau à Pantin (93); 20 Octobre au festival Quint’Est à Strasbourg/ 26 -29 octobre au festival Circa à Auch/; les 3 et 4 Novembre au Pays de Craon. les 10 décembre à Brie, pays de la roche au fée-Bretagne. Les 17 et 18 décembre, Gênes (Italie).
6 Janvier à Montataire avec la Faïencerie de Creil. Les 17 et 18 Janvier, Théâtre coupe d’or à Rochefort (17) ;2 et 3 Mars, au nouveau Relax à Chaumont (52). Fin mars festival Spring à Elbeuf. Les 6 et 7 avril à Ay (51) / Du 25 au 27 avril à la Mjc Calonne (08). Les 10 et 11 Mai à Homécourt. Le 8 juin, Nouveau Relax, Chaumont.
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