La Vie, un concert de et avec François Morel
La Vie (titre provisoire), un concert de et avec François Morel et Antoine Sahler, mise en scène de Juliette
Un hommage, bon enfant et moqueur, au music-hall d’hier. François Morel apparait dans un rond de lumière, devant un rideau de tulle cachant les musiciens pour mettre en vedette le chanteur comme dans les années cinquante. Avec des chansons d’hier composées par ses amis.
Son troisième récital a été réalisé avec Antoine Sahler qui a eu la responsabilité des arrangements mais qui joue aussi du piano, des claviers et de la trompette. Sophie Alour est aux saxophones, à la flûte, au trombone et aux claviers, en alternance avec Lisa-Cat Berro et Tullia Morand. Muriel Gastebois, à la batterie, et au vibraphone. Et Amos Mah au violoncelle, à la contrebasse et aux guitares.
La griffe François Morel est perceptible d’emblée ; entre sourire et nostalgie, le comédien chante la teneur quotidienne et populaire du temps qui passe. Avec Amalia, la diva du fado avec son cri profond et déchirant chante encore pour lui, l’auteur mélancolique qui peut aussi avoir l’impression que Nino Rota joue La Strada à son intention: et un instant, son cœur se serre :«C’est trois fois rien qui s’écoule … un résumé de la vie. »
Et demande le Petit Prince, l’enfant éternel en nous : «Dessine-moi quelque chose, un mouton, un ministre, je m’en fous, un petit enfant triste devant un chapiteau, un chômeur avec un Père Noël, un ado trop saoulé par son père… un élève un instit’, un prophète un curé, une oie, une autruche. »Ou ce baiser qui résonne encore : «Vous souvenez-vous… vous m’aviez un jour donné… Ce cadeau de roi… Ce doux baiser… J’aimerais un jour pouvoir vous le restituer. »
Et Populaire égraine sa ritournelle : «Pardon, y a pas plus chic qu’une chanson populaire… c’est un poème chanté sur un échafaudage », un vers de Victor Hugo, un refrain de 10 mai, un pichet de bordeaux, un verre de muscadet, une glace à l’eau, juste quelques notes, un refrain tout bête qui trotte dans la tête…
François Morel traque les instants de grâce, quand un grand soleil brille là-haut et, qu’à l’aise dans des espadrilles, on regarde passer les filles : «Le temps s’en va nonchalant et on ne sait pas trop pourquoi, on est content d’être là. »
Et malgré une existence ressentie souvent comme dépréciée, à l’extérieur ou à l’intérieur des manifs, au-delà du paradoxe entre chiffres de la police et ceux des organisateurs : «Elle est pas belle, la vie ? », François Morel reste attentif à l’autre, à ses musiciens et au public, à l’écoute d’un monde citoyen, dont, par-delà les malheurs, il distille la tendresse, la pudeur et la poésie…
Véronique Hotte
Théâtre du Rond-Point, Paris, jusqu’au 6 novembre, à 21h. T : 01 44 95 98 21.
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