Μά. θυμα (La Leçon)
Μά. θυμα (Ma Thuma), La Leçon d’Eugène Ionesco, mise en scène de Danai Roussou, traduction d’Ericos Belliès
Chez Eugène Ionesco, le langage se réduit, on le sait, à des bribes de conversation et des phrases rabâchée, voire à de simples onomatopées. Il sert à tout, sauf à communiquer, et, grand coupable, il apparaît lié à l’exercice du pouvoir. Selon le dramaturge, le langage est en effet l’arme véritable de toute domination et, dans l’ambigüité même des mots, on voit naître l’angoisse de l’homme face au monde et à lui-même.
Un professeur terrorise progressivement son élève avec l’arithmétique puis avec des langues «néo-espagnoles», avant de la tuer dans un accès de folie. Seconde farce circulaire de l’auteur, le dénouement ramène le spectateur au point initial de l’action; La Leçon (1951) accentue la dimension tragique de l’univers d’un dramaturge qui démasque, à grand renfort d’humour noir, les rapports secrets entre le langage, et le pouvoir et la mort.
Danai Roussou souligne la connotation politique de la pièce où Eugène Ionesco critique impitoyablement la stérilité du système éducatif. Le jeu des mots Mathuma: victime , au lieu de Mathéma: leçon, renforce l’idée de rapport de soumission de l’élève, face au pouvoir du professeur.
Le décor d’Ilias Loïs, une robe immense pendue au dessus des acteurs s’étalant sur scène comme une sorte de prison, souligne l’enfermement et l’ambiance maladive du meurtre qui se prépare. Et les costumes d’Ioli Michalopoulou, la musique de Panagiotis Kalimeris mais surtout la lumière de Dimos Avdeliodis créent le suspense chez le spectateur.
Le comique baigne dans le drame mais Nikos Pantelidis (le professeur) et Danai Roussou, (l’élève) gardent la distance nécessaire, loin de toute sentimentalité qui pourrait nuire à l’expression de l’absurde. Danai Roussou dit au micro les paroles du personnage (absent) de la Bonne, qui se montre ainsi comme une sorte d’intruse. La metteuse en scène souligne que cette farce apparente a aussi un côté sado-maso, venu de profondeurs peu avouables mais dramatiquement très rentables…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Olvio, 67 rue Iera Odos et 7 rue Falaisias, Votanikos, Athènes.
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