Vers un Protocole de conversation ?
Vers un Protocole de conversation ? conception et mise en scène de Georges Appaix, chorégraphie et textes de Georges Appaix, avec la participation des interprètes
Voilà près de trente ans que Georges Appaix nous enchante avec de petites œuvres qui suivent le cours de l’alphabet et dont l’apparente légèreté recèle des trésors de significations possibles.Cet artiste marseillais «danseur par effraction, puis chorégraphe sur le tas», comme il se définit lui-même, tresse les mots et les gestes en véritable acrobate poétique. Il jongle avec les aléas du sens et les vertus de la prose. Le nom de sa compagnie, La Liseuse, révèle d’ailleurs sa passion pour la littérature. Depuis Antiquité, créé en 1985, pièce dont les interprètes dansaient sur des vers d’Homère, Georges Appaix a parcouru une grande partie de l’alphabet et Vers un Protocole de conversation ? nous amène maintenant à la lettre v !
Humour et grâce parcourent ce nouvel opus, portés par deux artistes d’une infinie délicatesse : Mélanie Venino qui danse, et Alessandro Bernardeschi qui parle. La présence malicieuse du chorégraphe sur le plateau ajoute un supplément d’élégance.
Alessandro Bernardeschi, interprète de Caterina Sagna notamment, excelle dans la faconde et le plaisir de la conversation, et donne l’impression avec un texte très écrit de l’inventer au fur et à mesure. Quant à Mélanie Venino, sa danse, où l’on croit par moments reconnaître celle d’Anne Teresa De Keersmaeker, dialogue avec les mots de son partenaire, dans une rencontre faite d’approches, de fuites, d’hésitations et d’allers et retours entre eux. Rien n’est véritablement précisé mais on se sent tout de suite emporté par un courant de vie qui habite les trois personnages.
Il y a de la nostalgie dans l’air, jusque dans la musique : les airs d’opéra chantés par La Callas succèdent aux guitares électriques du groupe Creedence Clearwater Revival, puis à une chanson de Bob Dylan interprétée par Georges Appaix, sorte d’hommage au dernier prix Nobel de littérature ! Déjà la lettre V qui s’envole, et on se prend à rêver d’un alphabet plus fourni, juste pour prolonger encore un peu le plaisir de voir ce que Georges Appaix peut faire jaillir d’une lettre.
Sonia Schoonejans
Théâtre des Abbesses, Paris, jusqu’au 21 octobre.
Théâtre 140/Bruxelles, du 16 au 18 novembre. Théâtre Fontblanche/Vitrolles, le 25 novembre;
Le Parvis/Scène Nationale de Tarbes, le 10 décembre.
Théâtre d’Arles, le 6 janvier ; C.C.N. de Tours, du 7 au 10 février.
C.D.C. de Strasbourg, les 1er et 2 mars; C.D.C. d’Aquitaine, en partenariat avec le TNBA, les 9 et 10 mars; C.N.C.D.C. de Châteauvallon, le 24 mars; Théâtre de Miramas, le 6 mai.
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