Cartographies
Cartographies: L’Atlas de l’Anthropocène, conception et interprétation de Frédéric Ferrer
Premier épisode d’une série de cinq conférences sur le climat, qu’ on a vu pour beaucoup d’entre nous mais sont toujours aussi réjouissantes. Frédéric Ferrer autrefois géographe mais devenu auteur, acteur, metteur en scène, avait d’abord monté Liberté à Brême de Fassbinder il y a vingt ans avant d’interroger les figures de la folie (Apoplexification à l’aide de la râpe à noix de muscade et Pour Wagner).
Il a consacré au dérèglement climatique deux cycles de conférences : d’abord Les chroniques du réchauffement avec Mauvais temps (2005), Kyoto for ever (2008), Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le réchauffement climatique (20011) et plus récemment Sunamik Pigialik aux Métallos.
Sur le plateau, juste une petite table avec de petits canards en plastique jaune, comme ceux qu’on met dans le bain des enfants, un écran pour quelques projections. Frédéric Ferrer nous parle de ces 90 canards lancés par la NASA américaine pour une expérience sous les glaces de l’Arctique, pour évaluer le changement climatique et les conséquences sur la formation des icebergs et la vitesse de leur fonte. Ces vilains petits canards auraient dû à un moment ou un autre réapparaître dans la mer mais que nenni depuis 2008, pas la moindre trace du moindre canard… Donc échec total. Même si le réchauffement climatique est bien là. Les canards ont tout de même légitimé la présence des Américains au Groënland ! Belle opération de communication…
Frédéric Ferrer va de sa table de conférencier à l’écran où sont projetées d’impressionnantes images de la fonte de la banquise.
Son dynamisme et son humour emportent l’adhésion du public, même si on reste sceptique sur la réalité de l’entreprise….
Edith Rappoport
Les déterritorialisations du vecteur
Sur le plateau, une petite table de conférencier avec un ordinateur, et un palmier en pot. Au mur un écran. cela suffit pour que Frédéric Ferrer mène jusqu’au bout une brillante démonstration, à la fois solide sur le plan scientifique et absolument loufoque dès qu’il se met à parler. Avec une diction et une gestuelle excellentes.
Mais cela commence sur le mode foutraque: « Soit je peux dire tout ce que je veux dire en trois heures, soit, seconde option, je vais essayer de dire ce que je disais en trois heures… en une heure ».
Frédéric Ferrer va nous démontrer, avec un calme déconcertant et de façon tout à fait scientifique qu’Aedes albopictus, un moustique venu des forêts tropicales via les avions et les bateaux, et cela malgré toutes les mesures de protection sanitaire, est arrivé jusqu’au Sud de la France et en particulier dans la région de Montpellier. Et on a toutes les raisons de s’inquiéter.
Cet ennemi de l’homme, porteur de ces graves maladies que sont la dengue et le chikungunya se reproduit à grande vitesse et se fait le plaisir de voyager aussi sur les autoroutes françaises en pratiquant le covoiturage sans aucun scrupule.Il semblerait qu’il soit aussi arrivé des Etats-Unis en logeant dans le creux des pneus exportés en Europe.
Frédéric Ferrer maîtrise remarquablement son sujet, et on rit souvent de bon cœur devant tant de malheurs. Mais il aurait vraiment pu oublier de nous présenter des vidéos à la fois vulgaires et faciles, où on le voit faire le clown sur des aires d’autoroute, ce qui lui aurait aussi permis d’économiser aussi de l’énergie électrique (un grand écran, cela consomme!). Au même chapitre on se demande bien aussi pourquoi il y a autant de projecteurs allumés- tout à fait inutiles, pour éclairer, avant le spectacle, la scène et la salle. Quand on prêche, et avec raison, les économies d’énergie, autant commencer par faire ce que l’on dit de faire!
A ces réserves près, c’est un solo à la fois intelligent et hilarant. Pas si fréquent dans le théâtre contemporain…
Philippe du Vignal
Théâtre du Rond-Point, Paris jusqu’au 23 octobre à 20 h 30; Les Vikings et les satellites les 15 et 21 octobre, Les déterritorialisations du vecteur les 16 et 18 octobre, Pôle Nord les 7, 12 et 20 octobre et Vow les 8, 11 et 23 octobre.