La Nuit où le jour s’est levé

La Nuit où le jour s’est levé, texte de Sylvain Levey, Magali Mougel et Catherine Verlaguet, mise en scène d’Olivier Letellier

(C) Christophe Raynaud de Lage

(C) Christophe Raynaud de Lage

La dernière création collective de cet artiste associé au Théâtre National de la danse de Chaillot, actuellement en travaux, est présentée hors-les-murs au Théâtre des Abbesses. Ses auteurs ont accompli un travail passionnant de narration, claire et précise, et on se laisse embarquer sans effort, dans une aventure pleine de rêves et de cauchemars, une épopée d’abord ténébreuse mais qui prendra peu à peu la lumière du soleil et les couleurs d’un avenir radieux.
Entre-temps, cette expérience existentielle aura été nourrie de difficultés pratiques et juridiques, de souffrances à surmonter avec obstination, pour atteindre une vérité intérieure.

Suzanne, une jeune française partie découvrir le Brésil, devient bénévole dans une maternité gérée par un couvent où elle adopte un nouveau-né abandonné par sa mère. Mais ce ne sera pas chose facile pour elle, de ramener en France le petit Tiago; administration et police brésilienne veillent…
De même, la traversée entre l’Espagne et le Portugal est épique, dans le froid et sous la neige qui tombe, et là aussi la police rôde. Heureusement, des gens bienveillants aideront  à l’accomplissement du voyage.

 Clément Bertani, Jérôme Fauvel et Théo Touvet se font les conteurs, mais aussi  les interprètes de cette initiation magnifique: un trio efficace pour la rencontre entre la mère et l’enfant, leur odyssée commune, les secours providentiels. La manipulation de Cyr, un cerceau à taille humaine par le comédien circassien Léo Touvet et par les deux autres acteurs, installe le spectacle entre théâtre et cirque : une illumination scénique d’un engagement, d’après une histoire vraie.

 Dans une scénographie sobre d’Amandine Livet et sous les lumières de Sébastien Revel, le spectacle possède un onirisme subtil, comme celui d’une sorte de caverne maternelle, à la fois sombre et lumineuse, et joue du théâtre d’ombres et des formes enivrantes de la roue Cyr.
Courbes, cercles, rondeurs, souplesse des accessoires signifient l’espace protégé du couvent au milieu d’une nuit inhospitalière, le désert brésilien où l’on se sent minuscule, en voyant passer  des bus inconnus, ou encore les montagnes d’Espagne. Et le public est subjugué par les élans chorégraphiés des interprètes qui incarnent à tour de rôle la jeune femme.

Douceur de la gestuelle, souplesse des mouvements: parfois, les  comédiens dansent presque, et se haussent pour tutoyer le firmament, ou étendent leurs bras alentour comme pour embrasser la terre.

Comment devient-on parent? Pas toujours facile d’être mère… ni d’être soi, et les comédiens interprètent admirablement l’histoire de cette Suzanne, entourée d’hommes empêcheurs de tourner en rond, à part son frère qui lui téléphone souvent, grâce à un accessoire inattendu mais porteur de lumière modeste : un lampadaire.
Des mains qui se serrent et se conjuguent sous une douche de lumière pour une image de partage, d’humanité et de générosité, telles sont les valeurs gagnantes de l’aventure décrite, belle et seule conquête de l’apprentissage de la vie…

 Véronique Hotte

Théâtre des Abbesses, rue des Abbesses, Paris XVIII ème. Tout public à partir de dix ans. jusqu’au 10 novembre. T : 01 42 74 22 77

 


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