Caida del Cielo
Caida del Cielo, chorégraphie de Rocio Molina, mise en scène de Carlos Marquerie
Artiste associée au Théâtre National de la Danse de Chaillot, Rocio Molina se libère totalement sur scène pendant une heure vingt. Entourée de quatre musiciens et d’un chanteur, elle nous emporte dans un délire expressionniste.
Cette danseuse de flamenco atypique, dont le corps ne correspond pas aux canons des défilés de mode, surprend par une présence physique et une sensualité agressive. Avec des impulsions et ruptures de rythme pouvant apparaître ici comme des improvisations mais qui sont en fait, très maîtrisées.
D’abord seule, en silence, vêtue d’une longue robe blanche de flamenco, elle nous surprend par la des mouvements lents et délicats, souvent au sol. Après un changement de costume, elle est nue quelques instants, puis son corps s’éveille à la danse, quand entrent les musiciens.Son flamenco déstructuré exprime une énergie communicative, et chacun de ses nouveaux costumes induit une séquence dansée : en habit de toréador à gilet doré, elle se jette au sol avec violence ; en body blanc, elle danse, un sachet de chips collé au sexe, puis, en bikini noir sous une robe de chambre dorée, elle manipule un bâton entre ses jambes!
Cette performance, nourrie de gestes sexuellement provocants, se poursuit avec une séquence très esthétique : elle trempe d’abord sa longue jupe plastifiée dans de la peinture ocre rouge, puis dessine des mouvements sur le sol qu’une vidéo relaye sur un écran en fond de scène.
Après s’être lavé les pieds, dans une posture quasi-religieuse, elle entame une partie de flamenco plus classique. Dionysos est de retour, quand la danseuse déguste, grain à grain, des grappes de raisin offertes par ses partenaires.
La dernière partie du spectacle présente quelques longueurs, malgré un excellent travail de lumières et une belle occupation de l’espace. Mais cette artiste singulière est à découvrir.
Jean Couturier
Théâtre National de la Danse de Chaillot, salle Jean Vilar jusqu’au 11 novembre.