Le Bouton de rose, de et par Sophie Accaoui
Le Bouton de rose, de et par Sophie Accaoui
« Clitoris (du grec : κλειτύς, kleitús, pente), organe féminin situé au sommet des petites lèvres, formant une proéminence d’environ un centimètre de diamètre, à la conjonction de deux racines de dix centimètres entourant vagin et urètre ».
Il possède une vascularisation abondante qui le rend érectile et stimulé, déclenche une ouverture et une lubrification du vagin, à la structure identique au pénis avec un corps caverneux et un corps spongieux : deux bulbes en moyenne de trois centimètres de longueur environ. Il est sensible aux stimuli érotiques chez les humains… comme chez les mammifères.
Voilà vous savez tout ou presque…
Organe sexuel encore mal connu jusqu’à récemment, il avait quand même préoccupé des médecins, entre autres, le bon docteur Freud. Mais aussi, et depuis la nuit des temps, nombre de dignitaires religieux qui y voient toujours un instrument diabolique d’excitation sexuelle et donc de subversion de la femme, et il faudrait donc en pratiquer d’urgence l’ablation : cela s’appelle l’excision, encore couramment pratiquée en Afrique sub-Saharienne en Égypte, en Indonésie et Malaisie… au nom de la virginité, idéal féminin pour le mariage, et de l’interdiction de l’orgasme chez les femmes.
C’est tout cela, entre autres, que va nous expliquer une conférencière. Maladroite et coincée, n’osant jamais prononcer le mot clitoris, attifée d’un incroyable tailleur rose à la jupe très longue des années cinquante, la pauvre conférencière réussit, seule en scène et juste munie de quelques grands panneaux avec statistiques, à attirer l’attention d’un public composé surtout de femmes comme dans tous les théâtres mais aussi d’hommes.
Interprété par Sophie Accaoui, comédienne et chanteuse, ce monologue est précis: elle tient à notre disposition, dit-elle, des extraits de tout l’arsenal scientifique, ou pseudo-scientifique truffé de bêtises, notamment sur le plaisir féminin, consacré à l’anatomie et au fonctionnement du bouton de rose, qu’elle débite avec le plus grand sérieux et qu’elle alterne avec poèmes et chansons interprétés a capella d’une belle voix chaude, et qui y font référence au dit bouton de rose .
Une brillante démonstration en un peu plus d’une heure, un brin pédagogique mais surtout très drôle où elle rappelle-on peut se demander au nom de quel tabou !-que la première planche anatomique précise du clitoris a été établie en… 1997, ce qui justifierait déjà l’écriture de ce monologue!
Malgré une mise en scène et un éclairage des plus approximatifs, et une salle médiocre sans gradins où on voit et où on entend très mal (que Sophie Accaoui doit sans doute louer!). Donc, dans des conditions dures pour elle qui joue une seule fois par semaine. Comme Emile Salimov entre autres (voir Le Théâtre du Blog. Cela devient une véritable manie dans les petits théâtres parisiens (soucieux de rentabilité à tout prix ?).
Sophie Accaoui mérite en effet beaucoup mieux que cela. Mais la salle est pleine d’un public d’hommes et femmes ravis de l’écouter et qui l’ont applaudie chaleureusement. Avis aux directeurs de vrais théâtres…
Dans le hall minuscule de cette salle qui n’a rien d’une salle, avec une scène qui n’a rien d’une scène, une belle sculpture sous cloche de verre de ce fameux clito.
Philippe du Vignal
Comédie-Nation, 77 rue de Montreuil, Paris 11ème, le vendredi uniquement jusqu’au 11 décembre.
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