Une légère blessure de Laurent Mauvignier
Une légère blessure de Laurent Mauvignier , mise en scène d’Othello Vilgard
Après Trois Ruptures (voir Le Théâtre du Blog), on retrouve le duo Othello Vilgard/Johanna Nizard, avec ce monologue écrit par le romancier pour cette comédienne. Une femme fait préparer un dîner à son employée de maison. On situe vite le cadre bourgeois de l’action.
Un dialogue à sens unique s’établit avec cette «autre femme» qui ne peut évidemment pas se placer sur un pied d’égalité avec sa patronne et qui ne répond pas. Cette domestique d’origine étrangère a fui son pays dans des conditions périlleuses.
Sa patronne l’utilise pour monologuer, la tutoie, et lui parle sans pudeur ni barrières. Et lui pose même des questions sur ses relations intimes avec son mari!
Cette bourgeoise se laisse aussi aller à une confession quand elle évoque ses rapports difficiles avec les hommes et sa sexualité, jusqu’à l’évocation d’une «légère blessure», qui ne l’est pas tant que ça. Dans cette sorte de psychanalyse à ciel ouvert d’une heure, Johanna Nizard ne cesse presque jamais de parler. Avec un talent manifeste pour capter un public…
On sent ce personnage au bord d’un précipice, avant ce dîner qui réunira sa famille qu’elle aime, autant qu’elle la hait.
Malheureusement, charisme et précision de jeu ne suffisent pas : le texte, très littéraire, passe difficilement au théâtre. Et on reste assez indifférent à cette femme, autant blessée que blessante, parfois même un peu agaçante.
Le metteur en scène s’est concentré sur la direction-plutôt réussie-de son actrice. Johanna Nizard s’agite beaucoup, étale une nappe sur la table, met le couvert, change de robe, se promène en sous-vêtements et s’adresse au public comme à sa domestique…
Procédé un peu simple et sans fantaisie, visant à valoriser le texte et à éviter de trop personnaliser cette femme, pour la rendre universelle.
Cette traversée dans la vie d’une bourgeoise traumatisée confirme malgré tout le talent d’une comédienne qu’on a hâte de revoir.
Julien Barsan
Théâtre du Rond-Point, Paris jusqu’au 27 novembre. T: 01 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr