Félicie de Marivaux, mise en scène de Paolo Dominguo
Félicie de Marivaux, mise en scène de Paolo Dominguo
Une sorte de comédie qui est plutôt une moralité (1757) que Marivaux ne souhaitait pas voir jouée sur une scène mais plutôt réservée à la lecture et très rarement jouée.
Dans un pays imaginaire, Félicie est une belle jeune fille, élevée par Hortense, une fée qui veut lui offrir un don et, bien entendu, elle choisit celui de plaire.
Bien entendu aussi, elle rencontrera dans une fête, Lucidor, un beau jeune homme.
Mais la Modestie est là, qui veille au grain. Malgré le personnage de l’Impatience que Paolo Dominguo a ajouté! Et la Vertu se joindra à la Modestie pour lui dire de faire attention aux grands méchants loups qui pourraient la convoiter.
Mais Félicie, très fortement tentée, est bien prête de céder à Lucidor; la Modestie et la Vertu arriveront heureusement à temps et le beau jeune homme s’en ira… Du moins dans le scénario original de Marivaux dont Paolo Dominguo a modifié la fin.
Cette petite pièce d’une heure ne manque pas d’intérêt, (et Roger Planchon l’avait montée en 2001), surtout pour ses dialogues qui, même sur le mode mineur, se révèlent vite être ceux d’un bon dramaturge. On y retrouve le style des grandes pièces comme Le Jeu de l’amour et du hasard ou des Fausses confidences et le ton des plus courtes mais non moins savoureuses comme La Dispute, autrefois délicieusement montée par Patrice Chéreau.
Cela commence avec une belle fraîcheur par un peu de musique au violon de Frédéric Dunis, et une distribution de roses blanches à quelques spectatrices. Paolo Dominguo sait diriger ses six comédiennes : Célia Diane, Nadia H. Cordier, Catherine Keched, Anne-Laure Maudet, Fanny Passelaigue, Priscillia Shillingford et son unique acteur, Christophe Maniez…
Six femmes et un homme: assez rare pour être signalé!
Malgré un curieux plateau d’une ouverture de quelque huit mètres mais… d’une profondeur de trois: cela ne rend pas la tâche facile pour le metteur en scène qui maîtrise pourtant bien les choses, en dépit de quelques éléments de scénographie-arbres et massifs de pelouse vraiment très laids-et on prend un certain plaisir à voir ces jeunes actrices s’emparer avec humour et légèreté des personnages de cette fable et les rendre tout à fait crédibles.
Cela ne fait pas vraiment une soirée, et il n’y a pas foule à cet horaire difficile (mais Paolo Dominguo n’a sans doute pas eu le choix!) Cette pièce est plutôt ce qu’on appelait autrefois un lever de rideau: bref, on aimerait bien le voir mettre en scène une des grandes pièces de Marivaux…
Philippe du Vignal
Théâtre du Gymnase (petite salle), 38 boulevard de Bonne Nouvelle, 75010 Paris. Uniquement le dimanche à 16 heures.