Une Place particulière
Une Place particulière, création collective des Apaches, écrite et dirigée par Olivier Augrond
Les Apaches attendent le public, dans un intérieur des années cinquante, éclaté sur tout l’espace scénique; certains sont occupés à des jeux : fléchettes, échecs; d’autres restent vautrés dans un fauteuil ou sur un tapis… A l’instar du mode d’écriture qui a présidé au spectacle, les comédiens s’emparent petit à petit de leurs rôles qui se précisent au fil des dialogues : «Notre travail, dit le maître d’œuvre Olivier Augrond, se dessine à travers plusieurs ateliers où je propose différentes thématiques aux acteurs, en leur demandant d’improviser. (…) Nous nous attachons à trouver tous ensemble un langage commun et concret qui cherche à questionner dans l’instant, notre présence.»
Le résultat ? Une suite de courtes séquences, construites avec habileté : chez un notaire, dans une maternité, un crématorium ou un train… Des variations autour de la famille où l’humour côtoie l’insolite. Chaque scène démarre ex abrupto et la situation se développe progressivement, de façon à nous tenir en haleine, avant de trouver son point d’orgue et de rester alors en suspens.
Il suffit aux acteurs de bouger quelques meubles pour créer différentes aires de jeu, avec une astucieuse gestion de l’espace. Entre les séquences, quelques intermèdes avec fumigènes-utiles?-ménagent des respirations; encadrées par deux scènes familiales très réussies, empoignades autour de l’héritage d’un père qui, en dehors de son foyer légitime, a engendré deux rejetons, les autres tableaux (certains presque des sketches), offrent moins d’intérêt. Et petites habiletés d’écriture, mots d’auteur, ressors dramatiques ne suffisent pas, malgré l’excellence des interprètes, à donner une véritable consistance à un spectacle qui traîne en longueur !
Dommage, car ces Apaches s’emparent en francs-tireurs de leurs rôles et se glissent rapidement dans la peau des personnages qu’ils ont inventés avec Olivier Augrond, et leur donnent leur poids de chair, tout en gardant distance et humour. Margot Faure, Candice Lartigue, Patrice Botella, Yves Buchin et Guillaume Marquet, efficaces et généreux, ne sont pas des débutants et s’amusent à jouer un texte d’atelier… qui tend vers un théâtre de conversation. Grâce à eux, on passe quand même, pendant soixante-quinze minutes, quelques bons moments où chacun trouve sa place.
Mireille Davidovici
Le Monfort Théâtre, 106 Rue Brancion, 75015 Paris XVème T: 01 56 08 33 88, jusqu’au 14 décembre.