Adieu Bruno Bayen

Adieu Bruno Bayen

 

x510_sipa_00325732_000002.jpg.pagespeed.ic.QzmLpe1Jq2Nous l’avions bien connu quand en 1972, à vingt-deux ans et encore élève de l’Ecole Normale Supérieure, il avait fondé sa troupe, La Fabrique de théâtre où jouait son amie Elsa Pierce.

 Pas bien riche mais la rage au cœur, il avait monté pour le Festival de la Rochelle, Le Pied, un étonnant et brillant premier spectacle,  adapté de L’Intervention de Victor Hugo. Mais il avait pris quelques libertés, en y infiltrant des extraits de textes de Karl Valentin et de Witold Gombrowicz. Puis, il mit en scène La Mouette d’Anton Tchekhov, avec notamment Christine Boisson (78), et en bon germaniste qu’il était, il avait aussi créé Madame Hardie, en adaptant un texte de Bertolt Brecht puis La Danse macabre de Frank Wedekind encore peu connu en France, et La Mort de Danton de George Büchner…

Michel Guy, alors ministre de la Culture, l’avait nommé, erreur fatale, à la tête du Centre Dramatique National de Toulouse, en association avec Maurice Sarrazin, le directeur de l’époque. Mais, incompatibilité absolue entre eux, et Bruno Bayen devra partir. Il montera ensuite quelque trente spectacles, parfois avec de belles réussites dont Elle de Jean Genet avec Maria Casarès, Œdipe à Colonne de Sophocle. Mais aussi Le Chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche à la Comédie-Française (85).
Lecteur infatigable, il s’intéressait beaucoup au théâtre des Etats-Unis et lisait Drama Rewiew que nous lui prêtions souvent. Il montera nombre des textes contemporains, comme Espions et célibataires d’Alan Bennet et traduira La Terrible Voix de Satan de Gregory Motton.
En 90, il dirige la collection Le Répertoire de Saint Jérôme, aux  éditions Christian Bourgois avec Florence Delay, Evelyne Pieiller et Louis-Charles Sirjacq, pour faire connaître des pièces étrangères du XXe siècle…
Il devait monter Le Voyage au pays sonore ou l’art de la question de Peter Handke en 2006, à la Comédie-Française, mais comme l’écrivain  était allé à l’enterrement de Milosevic, cela provoqua une vive polémique et cette création fut annulée.
Bruno Bayen écrivit aussi des pièces, dont Schliemann, épisodes ignorés(1982) Faut-il choisir !? Faut-il rêver !? (1984), Weimarland et L’Enfant bâtard, (1992), Plaidoyer en faveur des larmes d’Héraclite (2003).

Figure à part du théâtre français, cet être, assez secret et solitaire, fragile et fort à la fois, souvent mélancolique mais à l’humour féroce, grand travailleur et doué d’une solide culture, il  fut la fois metteur en scène, traducteur mais aussi auteur de quelques romans, Jean 3 Locke, (1987) Restent les voyages, (1990) et Éloge de l’aller simple, (1991) et d’un bel essai sur la nature morte, Le Pli de la nappe au milieu du jour (1997).
Avec lui, disparaît une des figures des plus attachantes du paysage théâtral contemporain et que nous aurons eu la chance de connaître. Adieu Bruno.

Philippe du Vignal

Un hommage sera rendu à Bruno Bayen au Crématorium du Père Lachaise, 71 rue des Rondeaux,Paris (XX ème), le mercredi 14 décembre à 10h 30.
Puis l’enterrement aura lieu ce même jour à 14 h au
cimetière du Montparnasse,  3 Boulevard Edgar Quinet, Paris ( XIV ème).
Parution posthume malgré lui! Son dernier roman Elève, paraîtra en janvier chez Bourgois.

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Archive pour 10 décembre, 2016

Adieu Bruno Bayen

Adieu Bruno Bayen

 

x510_sipa_00325732_000002.jpg.pagespeed.ic.QzmLpe1Jq2Nous l’avions bien connu quand en 1972, à vingt-deux ans et encore élève de l’Ecole Normale Supérieure, il avait fondé sa troupe, La Fabrique de théâtre où jouait son amie Elsa Pierce.

 Pas bien riche mais la rage au cœur, il avait monté pour le Festival de la Rochelle, Le Pied, un étonnant et brillant premier spectacle,  adapté de L’Intervention de Victor Hugo. Mais il avait pris quelques libertés, en y infiltrant des extraits de textes de Karl Valentin et de Witold Gombrowicz. Puis, il mit en scène La Mouette d’Anton Tchekhov, avec notamment Christine Boisson (78), et en bon germaniste qu’il était, il avait aussi créé Madame Hardie, en adaptant un texte de Bertolt Brecht puis La Danse macabre de Frank Wedekind encore peu connu en France, et La Mort de Danton de George Büchner…

Michel Guy, alors ministre de la Culture, l’avait nommé, erreur fatale, à la tête du Centre Dramatique National de Toulouse, en association avec Maurice Sarrazin, le directeur de l’époque. Mais, incompatibilité absolue entre eux, et Bruno Bayen devra partir. Il montera ensuite quelque trente spectacles, parfois avec de belles réussites dont Elle de Jean Genet avec Maria Casarès, Œdipe à Colonne de Sophocle. Mais aussi Le Chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche à la Comédie-Française (85).
Lecteur infatigable, il s’intéressait beaucoup au théâtre des Etats-Unis et lisait Drama Rewiew que nous lui prêtions souvent. Il montera nombre des textes contemporains, comme Espions et célibataires d’Alan Bennet et traduira La Terrible Voix de Satan de Gregory Motton.
En 90, il dirige la collection Le Répertoire de Saint Jérôme, aux  éditions Christian Bourgois avec Florence Delay, Evelyne Pieiller et Louis-Charles Sirjacq, pour faire connaître des pièces étrangères du XXe siècle…
Il devait monter Le Voyage au pays sonore ou l’art de la question de Peter Handke en 2006, à la Comédie-Française, mais comme l’écrivain  était allé à l’enterrement de Milosevic, cela provoqua une vive polémique et cette création fut annulée.
Bruno Bayen écrivit aussi des pièces, dont Schliemann, épisodes ignorés(1982) Faut-il choisir !? Faut-il rêver !? (1984), Weimarland et L’Enfant bâtard, (1992), Plaidoyer en faveur des larmes d’Héraclite (2003).

Figure à part du théâtre français, cet être, assez secret et solitaire, fragile et fort à la fois, souvent mélancolique mais à l’humour féroce, grand travailleur et doué d’une solide culture, il  fut la fois metteur en scène, traducteur mais aussi auteur de quelques romans, Jean 3 Locke, (1987) Restent les voyages, (1990) et Éloge de l’aller simple, (1991) et d’un bel essai sur la nature morte, Le Pli de la nappe au milieu du jour (1997).
Avec lui, disparaît une des figures des plus attachantes du paysage théâtral contemporain et que nous aurons eu la chance de connaître. Adieu Bruno.

Philippe du Vignal

Un hommage sera rendu à Bruno Bayen au Crématorium du Père Lachaise, 71 rue des Rondeaux,Paris (XX ème), le mercredi 14 décembre à 10h 30.
Puis l’enterrement aura lieu ce même jour à 14 h au
cimetière du Montparnasse,  3 Boulevard Edgar Quinet, Paris ( XIV ème).
Parution posthume malgré lui! Son dernier roman Elève, paraîtra en janvier chez Bourgois.

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