Roméo et Juliette, chorégraphie d’Angelin Preljocaj

Roméo et Juliette chorégraphie d’Angelin Preljocaj

Rom+®o_5075_web3Ce ballet en trois actes de Sergueï Prokofiev, écrit à partir de la pièce de William Shakespeare connut sa première, en 1940, au Théâtre Kirov à Saint-Pétersbourg.  Le public parisien garde, lui, en mémoire, la chorégraphie de Rudolf Noureev dans les beaux décors et costumes d’Ezio Frigerio et Mauro Pagano, inspirés de la Renaissance italienne.

 Vingt ans après sa création, un autre public redécouvre cette œuvre du répertoire du Ballet Preljocaj.  A l’époque, le choix était un peu audacieux de confier costumes et décor à Enki Bilal, devenu une star de la bande dessinée et des arts graphiques, qui transpose ici l’action dans une cité futuriste, avec chemin de ronde à cour et vigie au centre, lieu qui paraît un peu caricatural aujourd’hui.

La partition électronique de Goran Vejvoda qui accompagne la sublime musique de Prokofiev accentue lourdement l’affrontement entre les deux camps: celui des faibles, dominés, et des forts, dominants. La guerre entre les familles Capulet et  Montaigu devient ici une opposition sociale entre miséreux et miliciens.

Autant les combats entre les hommes sont réalistes, violents et remarquablement réalisés,  avec des corps à corps impressionnants, autant les duos entre Juliette et Roméo sont artificiels, et sans vraie douceur ni tendresse.  Ce parti-pris est assez étonnant! Angelin Preljocaj transforme en effet cette célèbre histoire en une sorte de jeu vidéo électronique, où, dans un monde, selon lui «policé, les libertés individuelles sont proscrites»

La pièce dure une heure et demi! Et interprétée dans un univers sombre par d’excellents danseurs mais qui, la plupart du temps, dansent dans la pénombre… La très belle scène finale entre les deux amoureux témoigne du savoir-faire du chorégraphe: les gestes sont justes et émouvants, mais l’ensemble de la chorégraphie ne soulève pas notre enthousiasme !
Angelin Preljocaj créée ici monde sans espoir, à l’image de la dernière tirade du Prince à la fin de la tragédie de Shakespeare : «Sombre est la paix qu’apporte ce matin, le soleil endeuillé ne montre pas son front. On reparlera de ces choses si tristes: partons! Certains seront punis, d’autres seront pardonnés. Car jamais, il n’y eut pire cortège de malheurs que dans l’histoire de Juliette et de Roméo. »

Jean Couturier

Théâtre National de la Danse de Chaillot, jusqu’au 24 décembre.

www.theatre-chaillot.fr

 

 

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