Deux femmes qui dansent
Deux femmes qui dansent, de Josep M. Benet I Jornet, traduction de Denise Boyer, mise en scène d’Hervé Petit
Un appartement un peu délabré où vit une femme d’un âge certain, pour ne pas dire une vieille, terme inacceptable pour l’intéressée, qui reçoit une aide ménagère que lui a envoyée sa fille. Quelle est cette intruse, sans aucun doute indispensable mais dont la réserve et un secret pesant exaspèrent sa patronne, décidée à ce que la communication passe, et à tout prix. Et qui finira par passer, mais cela coûtera cher à l’une et à l’autre.
On ne racontera pas le malheur de cette jeune femme. Celui de l’ancienne est banal : son précieux fils ne vient jamais la voir et il lui faudra toute la pièce pour reconnaître son favoritisme mal placé et sa mauvaise foi; quant à sa fille, elle l’exaspère. Et ces deux-là finiront par s’entendre sur son dos.
Ces Deux femmes qui dansent sont une tranche de vie, et l’analyse psychologique se voit plus souvent dans le théâtre actuel anglo-saxon, ou, comme ici, catalan, que dans le théâtre français. La mise en scène, surtout au début, a quelque chose d’un peu redondant, à cause d’une écriture réaliste mais la pièce s’approfondit ensuite et s’intensifie jusqu’à une fin presque philosophique… que nous ne dévoilerons pas.
Et cela, grâce à la puissance de Catherine Perrotte (la femme âgée) et Béatrice Laoût (l’aide ménagère) qui tiennent, chacune de façon exemplaire, leur “caractère“ (presque au sens anglais de rôle) ; l’une fermée et amère, l’autre volontaire et décidée à faire front, affinent leur duo et les résonances qui s’établissent entre elles. On rit quelquefois, on est touché.
Mieux vaut tard que jamais: il vous reste quelques soirs pour aller découvrir un auteur et ces deux comédiennes…
Christine Friedel
Théâtre de Nesle, rue de Nesle, Paris 6e. T: 01 46 34 61 04