Le petit pauvre, François d’Assise de Jacques Copeau
Le petit pauvre, François d’Assise de Jacques Copeau
Les Tréteaux du Monde, une compagnie fondée par Djamel Guesmi il y a vingt-cinq ans, présentent La Tragédie de la Foi, soit un programme de quatre spectacles : Le petit Pauvre, François d’Assise, Les Loups de Romain Rolland, L’Affranchi de Martin de Tours et Bernard de Clairveaux de Djamel Guesmi, dans la chapelle Saint-Louis de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
« Les Tréteaux du Monde accueille comédiens professionnels et gens exclus, le temps de retrouver une place digne dans la société, dit Djamel Guesmi, et la pièce est « une plongée dans la tension entre justice et raison politique, entre pouvoir et abandon de soi, entre nécessité du temps historique et quête universelle de l’âme humaine. (…) L’œuvre pose de véritables actes de foi : l’extrême simplicité de la vie de François qui croit autant en l’homme qu’en Dieu, la pauvreté comme richesse intérieure, la pureté du cœur qui triomphe des tentations des ténèbres. (..) Message poétique, nourri de ferveur mystique. »
En 1925, Jacques Copeau s’était converti au catholicisme, sous l’influence de Paul Claudel. Ce qui orientera sa vie et son œuvre. Il avait été impressionné par le personnage de Saint-François d’Assise, qu’il interpréta dans La Vie profonde de Saint-François d’Assise d’Henri Ghéon et il commença à écrire Le Petit pauvre en 1929, puis fit publier la pièce en 1944 seulement.
Les représentations ont lieu dans ce lieu de culte construit sur les plans de Le Vau à la fin du XVIIème sur ordre de Louis XIV; il possède quatre chapelles et quatre nefs reliées à une rotonde coiffée d’un dôme octogonal. Pour dire la messe au centre, avec des chapelles adjacentes afin de ne pas mélanger les différentes catégories de population: malades, prostituées, mendinats, etc. Fonctionnel! C’est là que Klaus-Michael Grüber avait monté en 1976 un très remarquable Faust-Salpétrière d’après Goethe.
Donc Djamel Guesmi qui a créé ce spectacle voici quatorze ans, a, cette fois, investi une de ses chapelles, dotée pour l’occasion d’un gradin d’une centaine de places. Aucun décor, sinon celui des murs en belle pierre calcaire, quelques petits projecteurs et six candélabres avec de grosses bougies: impressionnant de beauté et de rigueur… Bien sûr, on pense aux tableaux de Georges de la Tour, du Caravage mais aussi à Barry Lyndon de Stanley Kubrick… Cette scénographie minimale aurait sans doute plu à Jacques Copeau qui avait conçu avec Louis Jouvet pour le plateau du Vieux-Colombier, une structure très stricte en béton pouvant servir avec quelques pendrillons et rideaux à tous les spectacles.
Oui, mais… malgré les grosses couvertures offertes à l’entrée, il faisait plus froid que dehors, de ce froid qui vous pénètre insidieusement, dix minutes à peine après avoir être entré. Et, comme nous n’étions qu’une poignée de spectateurs sur ces gradins, la réverbération sonore était telle qu’on entendait une sorte d’insupportable brouhaha mais sans arriver à comprendre ce texte qui retrace la vie spirituelle de Saint-François d’Assise!
Malgré un côté parfois moralisateur et préchi-précha, la pièce semble avoir une certaine ampleur, du moins à en juger par les quelques phrases que l’on pouvait glaner. D’autant plus que la diction des comédiens, surtout celui qui joue François (la distribution n’est pas indiquée), est des plus approximatives, à part l’interprète de l’Evêque qu’on entend lui très bien mais qui a un petit rôle. A l’impossible, nul n’est tenu quand il faut jouer-certains acteurs étaient pieds nus-dans des conditions pareilles! Et transmettre quelque chose au public.
Tenir dans ce froid de plus en plus pénétrant et deux heures durant, relève de l’héroïsme! Le texte nous a semblé déjà bien bavard et aurait mérité quelques coupes! On comprend mal le metteur en scène qui devait bien se douter que la température d’une grande église, en hiver la nuit, n’est pas celle d’une après-midi ensoleillé sur la Côte d’Azur! Nous avons vu nombre de spectacles dehors sous un froid relatif, dont le Macbeth du Théâtre de l’Unité dans une forêt près d’Audincourt, mais là, impossible de résister et, désolé, nous nous sommes donc enfuis le plus discrètement possible après soixante-dix minutes.
Philippe du Vignal
Chapelle Saint-Louis de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13ème), les vendredi et samedi à 20h 30 et le dimanche à 15h.
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