Livres et revues
Livres et revues:
Jeu n° 161
Au sommaire de cette revue canadienne bien connue, un dossier sur les paradoxes du comédien, sous la direction de Gilbert Turp qui pose la question de savoir si on joue comme il y a quarante ans, et si la formation du comédien et la pratique du jeu ont changé; sommes-nous meilleurs, moins bons, pareils, différents ? Masque, improvisation, travail sur soi, affirmation, goût de ruer dans les brancards… autant de thèmes abordés par entre autres: Guy Nadon acteur québécois, Sophie Cadieux, Gilbert Sicotte, Anne-Marie Cousineau, Gilbert Turp.
Dans ce riche numéro, il y aussi un article de Gabriel Plante sur le sous-financement chronique du théâtre, un texte sur le travail de Joël Pommerat et sur celui du chorégraphe et performeur italien Alessandro Sciarroni. A la rubrique: danse, un article sur la plus récente création de Dana Michel, Mercurial George et un autre sur le Dictionnaire amoureux du théâtre de Christophe Barbier.
Frictions Hors série n°7
Ce numéro est consacré au Théâtre des Quartier d’Ivry qui, au terme de négociations entre les partenaires et les bonnes fées concernés (Mairie, Etat, Région; Département…) mais cela n’aurait pu se faire sans la ténacité des directeurs actuels, Elisabeth Chailloux et Adel Hakim, qui, avec toute leur équipe, ont enfin pu cs jours-ci, s’installer dans les salles qui leur sont dévolues dans la prestigieuse Manufacture des Oeillets, un ancien bâtiment industriel où Patrice Chéreau présenta autrefois un Shakespeare et où, dans une annexe, l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs trouva refuge pendant la réhabilitation de son site d’origine, rue d’Ulm.
Comme le souligne justement Jean-Pierre Han dans son éditorial, ce Centre Dramatique National est le seul en banlieue sud de Paris et a donc valeur de symbole fort, dans la théâtre et la culture d’aujourd’hui. C’est tout cela que disent les articles de Jean Cholet, Sidonie Han, Caroline Châtelet…
Il y a aussi un texte passionnant, à savourer Histoire d’une naissance d’Adel Hakim qui commence ainsi: » Naître au pied des Pyramides a forcément un impact. C’est mon cas, et ce n’est pas une mince affaire. » Adel Hakim parle aussi avec beaucoup d’humour et d’intelligence de l’origine de son nom mais aussi de la vie de sa famille égypto-italienne et sur son destin théâtral.
Jean-Pierre Han revient lui, sur deux créations d’Adel Hakim: la tout à fait remarquable Antigone dont nous vous avions parlé (voir Le Théâtre du Blog) et qui a été jouée à Ivry et ailleurs, plus de cent cinquante fois, et des Roses et du jasmin, créations qui ont redonné un véritable élan au Théâtre national Palestinien.
Revue Frictions. France 12 € et Etranger 14€.
Philippe du Vignal
Jouer à la Borde, Théâtre en psychiatrie d’Henri Cachia, dessins de René Caussanel
On connaît bien La Borde, lieu mythique de la nouvelle psychiatrie dès 1953, sous la houlette de Jean Oury, le psychiatre récemment décédé qui, ne trouvant pas d’hôpital qui lui convenait, avait décidé d’en créer un: des centaines d’articles et de livres ont été consacrés à cette expérience qui a eu beaucoup d’influence.
Ce petit ouvrage est différent et intéressant à plus d’un titre: Henri Cachia, comédien, a en effet vécu et a donc pratiqué cette institution de l’intérieur. Institution qu’il avait découverte, grâce au beau film (1996), La Moindre des choses de Nicolas Philibert.
Henri Cachia a ainsi pris une grande part à l’atelier-théâtre et à la création annuelle d’un spectacle, moment fort de la vie à La Borde, puisqu’il mobilise une centaine de personnes dont une trentaine de comédiens, tous amateurs bien entendu: il raconte cette riche expérience, notamment ses rencontres avec les patients, et leur rapport, exempt de hiérarchie, avec les médecins.
Le comédien se souvient de ce moment entre autres, où il rencontra un jeune malade atteint de schizophrénie, connaître impeccablement son texte mais aussi celui de son partenaire…
Un petit livre, bien écrit, qui complète ce que l’on sait-ou croit savoir-de la célèbre expérience de La Borde, connue dans le monde entier et où la pratique théâtrale joue un rôle important.
Ph. du V.
Les Editions libertaires. 13€
La Princesse d’Arnold Schönberg, illustrations de Peter Schössow
Arnold Schönberg (1874-1951) qui fut le compositeur qui influença une grande partie de la musique moderne dont celle de John Cage son élève, était aussi peintre, et écrivit des essais sur la situation sociale et historique du peuple juif, sur la musique, quelques pièces de théâtre et des contes comme celui-ci. C’est l’histoire d’une princesse qui se blesse en jouant au tennis- le compositeur en était passionné et y jouait avec George Guershwin. Un loup, serviteur de la princesse, doit lui apporter une bouillotte pour qu’elle puisse soigner ses bleus. Mais elle ne le voit pas revenir du drugstore où il est censé être allé…
Une sorte de remodelage intelligent du Petit Chaperon rouge, « en jonglant avec les règles de l’art pour aller plus loin dans l’inconnu, c’est cela qu’il n’aura cessé de faire toute sa vie dans sa musique » , comme le dit très bien Esteban Buch dans une post-face.
C’est un texte assez court, plutôt une historiette comme il en racontait à ses enfants. Avec un humour assez féroce. Le loup s’adresse d’abord à Goupil, puis à Mère-Grand: » Trouve-moi quelque chose à manger, ou je me croque moi-même à pleines dents. »
Le conte est ici soutenu par de merveilleux dessins de Peter Schössow, tout à fait en phase avec le texte, d’abord en rose et marron, pour les intérieurs de la maison et de la pharmacie puis dans des teintes pastel: marron pour la terre et vert très pâle pour le ciel. Ce beau conte est aussi suivi d’un texte de la fille du compositeur: Quand Arnold Schönberg inventait des histoires. Conseil d’ami: ne laissez pas traîner ce petit livre: il risque d’être très convoité…
Ph. du V.
Editions Chandeigne. 14 €