Letzlove-Portrait(s) Foucault
Letzlove-Portrait(s) Foucault, à partir de Vingt ans et après de Thierry Voeltzel, mise en scène de Pierre Maillet
L’an passé, nous avions assisté, à la Comédie de Caen, à une première étape prometteuse de cette création, tirée d’un livre d’entretiens publié en 1978, et sorti de l’oubli en 2014, par les Editions Verticales (voir Le Théâtre du Blog). Il s’agissait, à l’époque, de réaliser le portrait-type du «garçon de vingt ans » dans les années soixante-dix. Le jeune homme qui signe Vingt et après, répond aux questions d’un interlocuteur alors anonyme, qui se révèle aujourd’hui être Michel Foucault : « »S’il y a mon nom, on ne lira pas ce que tu dis.“ Michel pensait même qu’il n’était pas nécessaire qu’il y ait le mien non plus. Il aurait bien voulu un livre: Letzlove.» explique Thierry Voeltzel. Cette belle anagramme de son patronyme, proposée par Michel Foucault, est le titre du spectacle.
Pierre Maillet garde la formule questions/réponses du livre et tient le rôle du philosophe dans cette pièce qui suit la chronologie des enregistrements constituant la matière première de l’ouvrage. Elle s’ordonne en séquences dialoguées, titrées selon les thèmes abordés : homosexualité, politique, conflits familiaux, militance, travail… D’abord intimidé par les questions du maître, le jeune homme (Maurin Olles) réplique avec de plus en plus d’aplomb.
Le théâtre donne vie à ces personnages que les acteurs interprètent, plus qu’ils n’essayent de les singer. Pierre Maillet ne se grime pas en Michel Foucault, contrairement à sa démarche dans un autre spectacle, La Cuisine d’Elvis (voir Le Théâtre du Blog). Maurin Olles puise en lui-même l’insouciance de la jeunesse… Et ils mettent surtout en valeur l’humour qui sous-tend cette conversation à bâtons rompus, à la fois sérieuse et qui s’égare avec bonheur. Ils nous font aussi ressentir l’amitié ambiguë qui se cache derrière les mots. On sent ici l’homme mûr désirant, et le jeune homme, éludant tout sentimentalisme. Une chronique des années 70, mais aussi celle, plus discrète, d’une relation amoureuse.
Mireille Davidovici
Théâtre Monfort 106 Rue Brancion, 75015 Paris. T: 01 56 08 33 88, jusqu’au 21 janvier. www.lemonfort.fr
Du 28 février au 4 mars, au Centre Dramatique National de Haute Normandie/ Rouen et du 25 au 27 avril, au Quartz de Brest