L’Homme d’Hus de Camille Boitel
L’Homme d’Hus de Camille Boitel
En 2004, déjà, au Théâtre de le Cité Internationale, ce grand acrobate créait un spectacle inoubliable, promis alors à une longue tournée et dont découlerait tout son travail à venir, comme par exemple, L’Immédiat en 2010 (voir Le Théâtre du Blog). Nous avons la chance de retrouver ce personnage aérien, mi-clown, mi-aède, aux prises avec quelques cent quarante tréteaux de marché indomptables et parfois menaçants qu’il tente de maîtriser tant bien que mal.
Dans la pénombre, un être des plus curieux en robe rouge et doté d’une longue natte tressée, installe, avec une maladresse quasi-pathologique, une chaise, qui casse, puis qui tombe à la renverse, se replie; il met aussi en place deux tréteaux récalcitrants dans lesquels il s’emberlificote et, enfin, un plateau de lattes qui, bien sûr, n’obéit pas. Patiemment, imperturbablement, il se bat avec ces objets en bois… Mais il s’en sort à la fin avec aisance.
Viennent d’autres acrobaties, avec des piles de tréteaux qui, aboutés, deviennent une cabane instable qu’il se plaît à escalader. Puis il les démantibule et en fait rageusement un tas qu’il arrive à gravir après bien des déboires… Lançant d’épouvantable borborygmes, Camille Boitel poursuit son entreprise titanesque dans les cintres et les dessus du théâtre, l’occasion pour nous de lever le nez pour apprécier la belle architecture de la Coupole du théâtre inauguré en 1936. Revenu parmi nous, le voilà en grosse dame, figure grotesque et en perpétuelle transformation, qui croque un micro pour le déféquer sous forme de charbon… Façon de dire nos excès en C02. Car ici, le clown est philosophique, a des lettres et cite même Shakespeare…
Tel Hercule et ses douze travaux, il va se battre et vaincre ces terribles tréteaux, bruyants totems marchant en colonnes ou assemblés en roues gigantesques qu’il chevauche dangereusement. Ces soldats de bois engendrent même des mini-tréteaux, tout aussi dangereux mais non moins domptés à la fin… Une geste épique qui devient métaphore de la condition humaine. A chaque séquence, le rire est au rendez-vous. Une aventure théâtrale d’une heure, à ne pas manquer.
Mireille Davidovici
Théâtre de la Cité Internationale, boulevard Jourdan 750014 Paris, jusqu’au 31 janvier.
Bois de l’Aune, BIAC, Aix en Provence, du 3 au 5 février.
Théâtre Garonne, Toulouse, du 1er au 10 juin.
A voir aussi : L’Immédiat/Système sensible au C.C.N. Grenoble du 27 mars au 22 avril.