Œdipe à Colone de Sophocle

 

Œdipe à Colone de Sophocle, mise en scène de Jean-Christophe Blondel

13892235_10210362870017403_8730100259904703969_nAprès L’Échange de Paul Claudel (voir Le Théâtre du blog), le metteur en scène a choisi de monter la tragédie de l’immense Sophocle qui l’écrivit à plus de quatre vingt ans, et dont les  thèmes restent aussi essentiels que contemporains  : l’acceptation des étrangers, des plus âgés, de ceux qui ne sont plus « rentables ». Le chœur des citoyens d’Athènes se demande ce qu’ils vont coûter, alors que leur roi Thésée décide de les accueillir. (Cela sonne comme un petit rappel : l’Europe actuelle, avec ses bases de décisions politiques à Bruxelles, ne sait pas mieux comment résoudre l’arrivée des  centaines de milliers de migrants). Que faire justement de cet Œdipe, ce vieil homme, seul ou presque, qui arrive à Colone, un village près d’Athènes près du bois sacré des déesses Euménides : selon les oracles, il devrait y finir sa vie, bénissant par son corps la patrie où il serait enterré.

La pièce ? Juste le temps d’une bataille pour conquérir ce droit à mourir sur cette terre  mais le peuple athénien a peur de cet homme au destin maudit qui a eu une vie gâchée ; ses deux fils, qui se disputent le trône de Thèbes que leur a laissé par leur père : sa dépouille sacrée leur garantirait la victoire. Pourront-ils, malgré leurs graves divergences arriver encore à se parler,  avant la mort de leur père ?  Y-a-t-il une fatalité ? Pouvons-nous, nous, arriver à dépasser nos vieilles querelles nationales et faire preuve d’une véritable générosité ?

Le vieil Oedipe aveugle arrive, guidé par sa fille Antigone. Accueillis par le roi Thésée qui  les assure de son hospitalité. Mais Oedipe se méfie, même si Ismène la sœur d’Antigone, le protège de ses rythmes et de ses chants. Thésée, ici, entre deux scènes où il  fait preuve de son autorité royale, joue de son instrument. Oedipe ne veut pas partir, jusqu’au moment où on annonce l’arrivée de son fils aîné Polynice qui revendique la royauté dont Etéocle, son frère jumeau l’a privé, alors qu’il se considérait comme l’héritier légitime du royaume. Rejeté par son père, il disparaît, alors qu’Oedipe va mourir.

Reste à savoir comment on peut monter une tragédie de Sophocle, et cela vaut aussi pour celles d’Eschyle et d’Euripide, quelque vingt-cinq siècles après leur création, et qui continuent à fasciner les metteurs en scène; toute la difficulté est de donner tout son sens à une fable qui garde toute sa virulence, à condition de savoir la rendre crédible.

Ici, sur le plateau, juste un praticable jonché de feuilles mortes, avec au centre, un débris de colonne. Mais seuls Oedipe et Antigone, interprétés avec finesse par Claude Merlin et Albertine Villain-Guimara incarnent vraiment leurs personnages mais Franck Andrieu, Claire Bergerault, Benjamin Duboc, Michel Grand, sautent de leurs instruments et de leurs chants pour interpréter  leurs personnages mais aussi servir la technique.

Reste donc surtout de ce spectacle quelque peu décevant, un texte salutaire qui peut nous aider à éclairer les fractures criminelles de notre monde…

Edith Rappoport

Le spectacle s’est joué du 11 au 14 janvier au Théâtre Berthelot, 6 rue Marcellin Berthelot 93100 Montreuil.

 

 

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