Le Vivier des noms, de Valère Novarina

Le Vivier des noms, texte, mise en scène et peintures de Valère Novarina

 

©pierre_grosbois

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Reprise d’un spectacle créé en juillet 2015 au Cloîtres des Carmes en Avignon (voir Le Théâtre du Blog)…Ça déborde, ça bouscule, ça renverse, ça se déverse : on n’est plus face à un vivier, mais à un océan de mots, de noms, et la langue remue au rythme des grandes marées d’équinoxe. L’écriture de Valère Novarina est tout aussi chargée et régulière que la mer. Il y a l’assaut continu des vagues, et les profondeurs, diverses, sondables et insondables. Il y a le reflux du récit donné par L’Historienne-qui dans d’autres pièces s’appelait L’Evangéliste ou La Voix d’Ombre-et les flux de parole des comédiens entrant en scène.

Et «cela ne veut pas rien dire», comme dirait Arthur  Rimbaud. On ne donnera pas de citation du texte : pourquoi prélever une  goutte d’eau dans un pareil vivier ? On ne donnera pas non plus un impossible résumé. Mais on saura qu’il y a tout, là-dedans : le souvenir d’anciennes pièces, des blagues, jeux de mots, calembours et même revue d’actualité : oui, le monde est là, sous la forme de satire. De la métaphysique, aussi, et de la religion : au commencement était la parole, peut-on dire sans être croyant, ou le Verbe, si l’on se veut plus formaliste et respectueux.

On apercevra Adam (et Ève ?) et beaucoup de monde avec lui, et on n’oublie pas leurs cousins du Drame de la vie. Dira-t-on que la pièce est un palimpseste ? En tout cas, Valère Novarina écrit par dessus ce qu’il a écrit auparavant,  sans l’effacer. Les comédiens, eux aussi, gardent fidèlement les traces de ce qu’ils ont dit et joué naguère. Certains s’y sont fait presque un nid trop confortable, d’autres y ont trouvé un épanouissement, un renouveau. Tous puisent dans le texte une énergie qui ne faiblit pas durant presque deux heures et demi.

Plus que jamais, un public jeune et admiratif se demande : comment font-ils pour retenir tout ça ?  Il apprendra que la mise en scène y est pour beaucoup. Comme Cicéron se souvenait de la structure de son discours en imaginant une maison : introduction, la porte d’entrée, première partie, fenêtre de la pièce de gauche, au rez-de-chaussée, deuxième partie, fenêtre de la pièce à droite, et ainsi de suite…, Ici,  l’installation des peintures de l’auteur organise le fil du temps. D’abord, ses figures légèrement tracées, plutôt organiques, animent des panneaux verticaux, chausse-trappes pour magiciens des apparitions et disparitions. Et puis des panneaux au sol, à la géométrie régulière et aux dessins libres et respirants, que les «ouvriers du drame» soulèvent, déplacent et replacent, comme les enfants cherchent un trésor, ou un insecte, sous les cailloux.

Mais trop de parole tue la parole : nous entrons dans ce Vivier des noms avec bonheur, avec soif, puis nous nous essoufflons et aimerions bien respirer un peu… Le texte perd petit à petit de sa fluidité et devient étouffant. Deux heures et demi, c’est trop.  Le public ne demande pas une durée standard, valable pour tout spectacle mais attend que ce qui se dit et agit sur le plateau lui soit nécessaire et vital jusqu’au bout. Dommage …

Christine Friedel

Théâtre 71 Malakoff,  place Du 11 Novembre, Malakoff 92240 jusqu’au 26 janvier.


Archive pour janvier, 2017

Soyez vous-mêmes

Soyez vous-même, texte et mise en scène de Côme de Bellescize
6c8038_4ffd2f4f7720430da98cf7dc28dad76c~mv2Côme de Bellecisze avait reçu le prix Beaumarchais du Figaro pour Amédée (2012).  Il créa ensuite ses textes comme Eugénie au Théâtre de Rungis (voir Le Théâtre du Blog). Il aussi réalisé plusieurs opéras dont Jeanne au bûcher de Paul Claudel. Sa dernière pièce a pour thème, un entretien d’embauche cruel mais aussi comique, avec seulement deux personnages : une directrice du recrutement, aveugle, à la fois tyrannique et d’une grande fragilité. Très ambigüe, elle semble vouloir aider la jeune femme à  montrer sa véritable personnalité, tout en étant sans cesse odieuse et en la rabaissant. Candidate idéale, diplômée et travailleuse, celle-ci voudrait parvenir à être elle-même mais ne sait comment. Et elle n’opposera aucune résistance aux humiliations que lui fait subir cette directrice qui, suite à un appel d’offres, recrute un collaborateur pour vendre de l’eau de Javel. Elle doit se soumettre aux épreuves bizarres qu’elle lui impose. «Il faut penser Javel (…) la Javel est morale, lui-dit elle, c’est important de savoir qu’il y a une vision! » Et elle doit subir les accès de colère de cette femme inquiétante: «Pour exister professionnellement, il faut se connaître ! (…) Humiliez-vous devant moi».

La postulante doit donc se mettre nue, dans un strip-tease où, pudiquement, elle s’accroupit derrière une chaise. Elle se révolte par instants : «Je suis entrée joyeuse et efficace, positive, et maintenant je n’y crois plus». Ce à quoi, la directrice du recrutement répond : «Il n’y a rien de plus fort que d’être enfin face à soi-même, je vais vous demander de me séduire. » Mais au terme de cet entretien mené avec la dernière des cruautés, on ne saura pas si la jeune femme a réussi à être recrutée: la chef de service, cachée derrière ses lunettes d’aveugle, finit par exploser.

Éléonore Jonquez incarne avec un certain humour noir, révélateur de notre époque, cette inquiétante recruteuse et Fanny Outero joue la jolie postulante, pleine de bonne volonté, qui craque parfois mais qui  tient bon. Côme de Bellescize avait lui-même travaillé comme formateur à la prise de parole en public pour financer ses études de théâtre : «Le marketing de soi-même, la définition de soi-même comme un produit tend à devenir la norme du marché du travail. » (…) « Soyez le produit que vous voulez vendre! »

Un spectacle mis en scène avec rigueur et bien interprété, qui en dit long sur le monde du travail dans les petites, moyennes et grandes entreprises contemporaines…

Edith Rappoport

Théâtre de Belleville 94 rue du Faubourg du Temple,  Paris XI ème. T: 01 48 06 72 34, jusqu’au 16 avril.


 

Une longue peine, mise en scène de Didier Ruiz

© Emilia Stéfani-Law

© Emilia Stéfani-Law

 

Une longue peine, mise en scène de Didier Ruiz

 

Le titre ne comporte pas de nom d’auteur, mais pas de hasard : les cinq personnes sur scène ne sont pas en quête d’auteur, puisqu’elles le sont elles-mêmes, avec  leurs témoignages terribles que Didier Ruiz a mis en scène avec une clarté, une force et une modération exemplaires. À peine quelques projections vidéo, une bande-son d’une constante discrétion (et sans le pathos d’usage quand on parle des prisons), des éclairages soignés : bref, du beau travail.
Le principal, ces hommes et cette femme. Cinq personnes normales, graves, parfois drôles, qui racontent les horreurs de la prison. Pas trop de détails sur leur parcours mais un arrière-fond social, familial, qui, sans y mener fatalement, a savonné la pente…  André, Eric, Alain, Louis, et aussi Annette , ont effectué de longues peines. L’un d’eux plaide toujours son innocence, les autres ont, comme ont dit, payé leur dette à la société.

Tout le propos de ce témoignage mis en forme (difficile de parler de spectacle) est de montrer la réalité vécue du système carcéral. On en connaît la surpopulation, l’enfer du mitard, le manque scandaleux de soins médicaux, et mille autres tortures et souffrances infligées en toute illégalité et en toute injustice aux prisonniers. Comme s’il ne suffisait pas de surveiller et punir,  pour reprendre le titre du livre bien connu de Michel Foucault.

La réalité prend ici un nouveau sens, quand on entend la voix de  ceux qui ont enduré tout cela. On entend aussi comment l’un s’en est sorti grâce aux études et à l’écriture, l’autre par une belle-mais courte-évasion, comment certains gardiens ferment les yeux sur des parloirs très intimes, comment là-bas on avale couleuvres, honte et dignité.

 Dignité retrouvée ici, sur le théâtre. Ces anciens taulards,  racontent et l’affirment de telle façon, qu’ils existent d’abord sous cette étiquette. Ce moment de représentation (est-ce le terme juste ?), avec des bons moments partagés, révèle une évidence : la prison est leur histoire, non leur nature.

Reste une gêne : à l’exception de la victime d’une erreur judiciaire (autorité de la chose jugée, pesanteurs administratives et négligences criminelles du système), on ne peut s’empêcher de penser que,  derrière les horreurs de la prison, il y a eu l’ombre du sang. Et, en même temps, il est juste de ne plus en parler : affaire close, dette payée.

 On est dans cette contradiction : le public, ici, écoute André, Eric, Alain, Louis et Annette avec le respect qu’ils méritent. Soit. Qu’il les applaudisse avec fougue est une autre affaire. La souffrance, qu’ils ont vécue de façon inutile et injuste, ne fait pas d’eux des êtres christiques, et n’ajoute rien au pardon. Ceux qui le croiraient, donneraient paradoxalement raison au système actuel. Restons-en à sa dénonciation : il reste inacceptable d’un point de vue moral, judiciaire et politique.

Christine Friedel

Spectacle joué du 11 au 15 janvier à la Maison des Métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris. T : 01 48 05 88 27

 

Œdipe à Colone de Sophocle

 

Œdipe à Colone de Sophocle, mise en scène de Jean-Christophe Blondel

13892235_10210362870017403_8730100259904703969_nAprès L’Échange de Paul Claudel (voir Le Théâtre du blog), le metteur en scène a choisi de monter la tragédie de l’immense Sophocle qui l’écrivit à plus de quatre vingt ans, et dont les  thèmes restent aussi essentiels que contemporains  : l’acceptation des étrangers, des plus âgés, de ceux qui ne sont plus « rentables ». Le chœur des citoyens d’Athènes se demande ce qu’ils vont coûter, alors que leur roi Thésée décide de les accueillir. (Cela sonne comme un petit rappel : l’Europe actuelle, avec ses bases de décisions politiques à Bruxelles, ne sait pas mieux comment résoudre l’arrivée des  centaines de milliers de migrants). Que faire justement de cet Œdipe, ce vieil homme, seul ou presque, qui arrive à Colone, un village près d’Athènes près du bois sacré des déesses Euménides : selon les oracles, il devrait y finir sa vie, bénissant par son corps la patrie où il serait enterré.

La pièce ? Juste le temps d’une bataille pour conquérir ce droit à mourir sur cette terre  mais le peuple athénien a peur de cet homme au destin maudit qui a eu une vie gâchée ; ses deux fils, qui se disputent le trône de Thèbes que leur a laissé par leur père : sa dépouille sacrée leur garantirait la victoire. Pourront-ils, malgré leurs graves divergences arriver encore à se parler,  avant la mort de leur père ?  Y-a-t-il une fatalité ? Pouvons-nous, nous, arriver à dépasser nos vieilles querelles nationales et faire preuve d’une véritable générosité ?

Le vieil Oedipe aveugle arrive, guidé par sa fille Antigone. Accueillis par le roi Thésée qui  les assure de son hospitalité. Mais Oedipe se méfie, même si Ismène la sœur d’Antigone, le protège de ses rythmes et de ses chants. Thésée, ici, entre deux scènes où il  fait preuve de son autorité royale, joue de son instrument. Oedipe ne veut pas partir, jusqu’au moment où on annonce l’arrivée de son fils aîné Polynice qui revendique la royauté dont Etéocle, son frère jumeau l’a privé, alors qu’il se considérait comme l’héritier légitime du royaume. Rejeté par son père, il disparaît, alors qu’Oedipe va mourir.

Reste à savoir comment on peut monter une tragédie de Sophocle, et cela vaut aussi pour celles d’Eschyle et d’Euripide, quelque vingt-cinq siècles après leur création, et qui continuent à fasciner les metteurs en scène; toute la difficulté est de donner tout son sens à une fable qui garde toute sa virulence, à condition de savoir la rendre crédible.

Ici, sur le plateau, juste un praticable jonché de feuilles mortes, avec au centre, un débris de colonne. Mais seuls Oedipe et Antigone, interprétés avec finesse par Claude Merlin et Albertine Villain-Guimara incarnent vraiment leurs personnages mais Franck Andrieu, Claire Bergerault, Benjamin Duboc, Michel Grand, sautent de leurs instruments et de leurs chants pour interpréter  leurs personnages mais aussi servir la technique.

Reste donc surtout de ce spectacle quelque peu décevant, un texte salutaire qui peut nous aider à éclairer les fractures criminelles de notre monde…

Edith Rappoport

Le spectacle s’est joué du 11 au 14 janvier au Théâtre Berthelot, 6 rue Marcellin Berthelot 93100 Montreuil.

 

Histoire d’un Allemand, Berlin 1933

 

Histoire d’un Allemand, Berlin 1933, lecture par René Loyon, d’après Histoire d’un Allemand -Souvenirs 1914-1933  de Sebastian Haffner, traduction de Brigitte Hébert  

 

«Je vais conter l’histoire d’un duel. Un duel entre deux adversaires très inégaux, un État extrêmement puissant, fort, impitoyable-et un petit individu anonyme. L’Etat, c’est le Reich allemand ;  l’individu, c’est moi… » écrivait l’auteur à Londres en 1939. Il y a du plaisir à écouter un beau texte. Mais cette lecture publique d’extraits de ce livre nous apporte autre chose: l’occasion de revenir à une réflexion politique qui paraissait perdue, engluée entre cynisme et désillusion.

Quand il nous lit cette Histoire d’un Allemand, René Loyon défend un texte à la force incontestable, mais aussi sa place de citoyen. Expliquons-nous : on a assez dit  que le comédien n’a pas à s’engager, que les œuvres parlent pour lui, et qu’il n’a pas à être un donneur de leçons… ». Oui, mais quand les choses deviennent graves, il  n’a pas à s’effacer. Et ce qui secoue le monde actuellement, est grave.

Sebastian Haffner décrit sa jeunesse sage de jeune bourgeois allemand au lendemain de la première guerre mondiale, puis vers la fin de la République de Weimar. En cette année 1933, un petit homme ridicule qu’on n’avait pas vu venir, et dont la droite pensait se servir, a pris le pouvoir. Hitler est élu chancelier ! Rien de changé en apparence, les amoureux peuvent s’embrasser dans les parcs, mais les écoliers saluent joyeusement en disant : Mort aux juifs. Des uniformes bruns sévissent par surprise. Le Reichstag brûle, tout le monde sait que ce n’est pas un fait divers mais la presse court derrière la version du pouvoir. Le nazisme triomphe, et Sebastien Haffner quitte alors l’Allemagne pour l’Angleterre.

On n’en dira pas plus. Il faut lire ou entendre ce récit qui fait terriblement écho à la situation politique actuelle, en Europe et dans le monde. L’histoire ne se répète pas, mais l’aveuglement des peuples, la soumission, si… La force de cette parole au théâtre, c’est, en même temps qu’une analyse impeccable des événements, un texte de colère dont son auteur nous fait écouter la vérité de l’émotion.

Attention, les deux dernières présentations de travail d’Histoire d’un Allemand, Berlin 1933 par René Loyon sont presque complètes. À guetter sur une prochaine scène mais aussi à lire d’urgence…

Christine Friedel

mercredi 25 et jeudi 26 à 19h, à l’Atelier RL, 11 rue Saint-Luc, Paris 18 ème. Attention: réservation indispensableT :  01 55 79 76 10.

Le texte a été publié aux éditions Actes Sud en 2002.

 

Nid de Coucou par le Footsbarn Theatre

Nid de Coucou par le Footsbarn Theatre.

 

Le spectacle est librement inspiré du roman mythique de la contreculture de Ken Kesey (1961) qui avait été adapté au cinéma par Milos Forman  en 1976. Cuckoo désigne en anglais, à la fois le coucou mais aussi un sujet instable sur le plan  psychique. Ce film dénonçait à l’époque une psychiatrie castratrice et glorifiait le combat contre une médecine qui faisait de la maladie mentale, un objet de répression. Mais il ne faut pas oublier que McMurphy, joué de façon magistrale par Jack Nicholson, est un délinquant, condamné pour viol, qui cherche à éviter la prison, en se faisant interner.

La troupe du Footsbarn a intégré, autour de Paddy Hayter, quelques jeunes artistes dont l’engagement est digne de ses anciens comédiens. Cette adaptation mobilise toutes les recettes du théâtre : jeux de masques, théâtre d’ombres, marionnettes à taille humaine, musique et chant sans micro, et travestissement dans le style du théâtre élisabéthain. La scénographie de Fredericka Hayter nous transporte dans un hôpital psychiatrique, où des chaises d’enfant accueillent les patients ; en fond de scène, trône la guérite de contrôle de l’infirmière en chef,  Mildred Ratched , interprétée avec ironie par Paddy Hayter. Nous retrouvons ici toutes les scènes mythiques du film, jouées avec justesse et  avec un bel entrain.

Image de prévisualisation YouTube

MG_0051-min-492x354Du théâtre authentique, sans artifice  ni gags électroniques, comme au temps de Molière, avec des artistes qui, faute d’un budget conséquent, dorment dans les roulottes de la compagnie… Un théâtre où souffle l’élan d’une de jeunesse retrouvée, et qui  mérite  vraiment qu’un nouveau public vienne le découvrir.  Le Footsbarn  programmé par exemple au Montfort, deviendrait vite à la mode !

Pendant que sa troupe joue à Bègles, Alexandre Romanès l’accueille sous son chapiteau. Il a écrit dans un de ses livres : «Le monde fait peur, l’indifférence partout. Combien de poètes méritent les pages impeccables des livres. Heureusement, il y a encore des gestes qui rapprochent et le cri strident de l’oiseau de paradis suspendu dans le ciel». Fasse que la troupe du Footsbarn qui a fêté en 2016, ses quarante cinq ans d’existence,  reste définitivement suspendue dans le ciel !  Elle nous a fait rêver, nous l’avons tant aimé et nous l’aimons encore aujourd’hui.

Le chapiteau, chauffé, est situé devant le métro, donc aucune excuse  pour ne pas y aller.

Jean Couturier

Cirque Romanès, square Parodi, boulevard de l’Amiral Bruix, 75016 Paris T: 04 70 06 84 84. Métro: porte Maillot, jusqu’au 26 février, avec, en alternance, Nid de coucou : les jeudi et vendredi à 20h30, le samedi à 15h30, durée 1h45.
Shakespeare Celebration : les samedi à 20h30, et dimanche à 15h30, durée 1h30.

www.footsbarn.com  

 

 

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Assoiffés de Wajdi Mouawad

 

Assoiffés de Wajdi Mouawad, mise en scène de Brice Coupey

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© Jean-Yves Lacôte

 L’auteur libano-franco- québécois explore, dans ce récit labyrinthique destiné aux adolescents, le douloureux passage de l’enfance au monde adulte. Sur le mode du réalisme fantastique, il mêle passé et présent, personnages quotidiens et figures de fiction.

Nous sommes en février 1991, le jour de la Saint- Gaston, la guerre d’Irak vient de commencer, comme en témoigne la télévision allumée par intermittence. Dès le matin, Murdoch pète les plombs : il parle, parle sans discontinuer, chez lui, dans le bus,  en classe, et dans le bureau du proviseur… criant sa rage et son dégoût du monde adulte.

Après un grand saut dans le temps, la pièce nous amène quinze plus tard. Boon raconte: spécialiste en médecine légale, il doit examiner les corps enlacés de deux jeunes noyés, et il se souvient alors de cet hiver 1991. Tout était parti à l’école, d’un devoir demandé à son grand frère : «Au moyen d’un appareil enregistreur audio-visuel, enquêtez auprès des gens de votre quartier afin de mieux connaître leur perception de la beauté, et tirez-en votre propre conclusion sous une forme théâtrale.» Boon s’attelle alors, à la place de son aîné, à cette rédaction et invente la figure de Norvège, une jeune fille qui s’enferme dans le silence de sa chambre effrayés par la laideur du monde. À la lecture,  toute la classe de son frère se moque de cette histoire, sauf Murdoch …

Pour distinguer tous les registres dramatiques de ce texte-puzzle, Michel Gueldry a imaginé une scénographieavec plusieurs plateaux et le metteur en scène utilise trois techniques : jeu d’acteur,  vidéo, et marionnettes en chiffon manipulées à vue sur une table puis dans les casiers de l’école et autres espaces du quotidien; elles incarnent Boon et Murdoch, adolescents. Réalisées par Ombline de Benque, celle de Boon est ronde et blanche, avec une face lunaire, lisse et, par contraste, celle de Murdoch, est, elle, anguleuse, cabossée et rafistolée.

Pour l’histoire de Norvège, théâtre dans le théâtre, de petites découpes de carton retranscrivent au plateau des personnages fictifs, dans un espace minimaliste. Sur la table de dissection de Boon, une sculpture à taille humaine réalisée par Anne Bothuon en ouate façonnée avec des fils de couleurs, représente les deux corps enlacés, comme momifiés. Elle devient aussi un terrain de jeu accidenté où les marionnettes évoluent. Ladislas Rouge multiplie les temporalités avec des images vidéo: extraits d’archives télévisuelles de 1991 à nos jours, en alternance avec des séquences du spectacle, filmées en direct ou retransmises en différé… Et, sur grand écran en fond de scène, s’esquissent des figures plus énigmatiques.

Brice Coupey qui signe la mise en scène, et Fanny Catel manipulent les  marionnettes et interprètent aussi les personnages en jeu direct. Et nous passons facilement d’une convention dramatique à l’autre, tenus en haleine par le rythme et l’écriture de Wajdi Mouawad dont on retrouve ici l’univers romanesque. La mise en abyme du récit fonctionne jusqu’à la fin, et on suit avec bonheur, marionnettes et comédiens, jusqu’au bout de la quête de beauté qui anime les protagonistes de ce spectacle kaléidoscopique. Une réussite sur tous les plans.

Mireille Davidovici

Mouffetard/Théâtre des arts de la marionnette 73 Rue Mouffetard, 75005 Paris. T : 01 84 79 44 44, jusqu’au 28 janvier.
ciealinea.blogspot.fr

 Assoiffés est publié chez Actes Sud -Papiers

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Orfeo/Je suis mort en Arcadie

Orfeo Je suis mort en Arcadie, d’après L’Orfeo de Claudio Monteverdi et Alessandro Striggio, et d’autres matériaux, mise en scène de Samuel Achache et de Jeanne Candel, direction musicale de Florent Hubert

Deux avis divergents, ceux de Véronique Hotte, et de Mireille Davidovici:

 Grâce au pouvoir de son chant, Orphée accède dans les enfers à celle qu’il aime, enlevée  à la vie par une morsure de serpent. Pluton accepte la délivrance d’Eurydice, à condition qu’Orphée ne la regarde pas avant qu’il n’ait atteint, chemin faisant,la lumière  du soleil. Eperdu d’amour, l’amant se retourne pourtant à ses risques et périls vers celle qui marche sur ses pas : il la contemple et la perd. Orphée, recéleur mythique d’un pouvoir aux songes inédits, enchante les bêtes sauvages, apaise les dieux en les séduisant, crée et transforme les espaces de notre imaginaire, montagnes et forêts, disent Samuel Achache et Jeanne Candel, les maîtres d’œuvre d’Orfeo Je suis mort en Arcadie.

Inventifs et facétieux, ils traduisent L’Orfeo de Monteverdi, en cherchant «la théâtralité du geste musical et la musicalité du geste théâtral », suivant le fameux compositeur italien expérimentant les formes musicales qui vont basculer de la Renaissance au monde baroque, de la polyphonie ancienne à la monodie accompagnée, de l’harmonie des sphères à l’expression des sentiments, du monde païen au monde chrétien, de la tragédie à la messe, sans jamais choisir.

 Musique ancienne et jazz, bossa nova, bruitisme et dissonances contemporaines, silences et percussions, partition écrite et improvisations, piano au ventre désenclavé, harpe, violon et violoncelle, contrebasse, trompette, saxo et batterie… Les improvisations aptes à saisir le présent font la matière principale de ces musiciens-chanteurs-acteurs, extravagants et ludiques qui vont et viennent de l’œuvre d’origine, à des images nouvelles et à des digressions étudiées.

Dans une Arcadie de rêve, idyllique, s’épanouit Aphrodite (Anne-Lise Heimberger), figure libre et fofolle, satisfaite et complaisante envers ses fils: Amour, Pan et Dionysos, fieffés coquins. Orphée a lui des qualités plus classiques : bienséance élégante et blondeur. Ces frères gigolos et amuseurs publics s’amusent à n’en plus finir, laissant libre-cours à leurs envies de l’instant, ne supportant nul délai. Pan (Vladislav Galard), figure plutôt réussie, est un faune, haut perché sur la pointe de ses longues pattes de bouc  qui joue parfois du violoncelle. Dionysos est parfois excessif dans sa gestuelle, et Amour,  un enfant dorloté et capricieux.

©Jean-Louis Fernandez

©Jean-Louis Fernandez

Lisa Navarro a imaginé un sol plastifié de gymnase avec des traces de détergent, entre blanc et noir que la robe longue et immaculée d’Eurydice nettoie comme une serpillère, après avoir culminé en gloire et de dos, hissée sur une échelle pour donner un baiser à son amant. Et des apiculteurs investissent l’espace auprès de leurs ruches enfumées;  les bergers de Monteverdi-casque et combinaison-vont des côtés d’une serre aux vitres peintes de rayures bleues et blanches.

L’ensemble tient d’un savant fatras artistique, à la recherche railleuse de l’imprévu et de l’inattendu, amuseur et amusé, et qui ne cesse de surprendre le public à l’affût d’un feu d’artifice éclatant de surprises. Les soprano Anne-Emmanuelle Davy, Marion Sicre et Marie-Bénédicte Souquet sont vocalement et gestuellement excellentes. Et les chanteurs et instrumentistes sont tous talentueux, dont le haute-contre Léo-Antonin Lutinier.

Véronique Hotte

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Dans un charmant cadre champêtre, pays des nymphes, des dryades, des dieux et des demi-dieux  l’Arcadie? puis aux enfers, se déroule le drame d’Orphée et Eurydice, souvent chanté, notamment par Ovide dans Les Métamorphoses, dont semble s’être inspiré le librettiste, Alessandro Striggio. Le sous-titre énigmatique de ce spectacle  Je suis mort en Arcadie, renvoie à la locution latine Et in Arcadia ego (Moi aussi, je vivais en Arcadie), sous-entendant que, même dans un pays idéal, la mort rôde : ici, sous la forme du serpent qui mordit à la cheville la jeune épouse d’Orphée.

Orféo /Favola in musica (fable musicale) en cinq actes, créé en 1607 au carnaval de Mantoue, est considéré comme le premier opéra. Caludio Monterverdi (1567-1643) inventait, avec le genre dramma per musica, une théâtralité de la musique, en assignant des rôles spécifiques aux instruments qui accompagnent le jeu des chanteurs.
Samuel Achache et de Jeanne Candel ont pris au mot la nouveauté du genre et ont adapté l’œuvre en revisitant musique et dramaturgie d’origine, tout en respectant leur liberté de ton. Les musiciens, tous aussi chanteurs et acteurs, avec, pour consigne, d’improviser sur la partition et la fable, ont développé certains  moments du drame, inventant des digressions, voire des gags… qui ne plaisent pas à tout le monde.

Comme ce ne sont pas des  dramaturges, le spectacle s’égare souvent dans des saynettes peu réussies, notamment dans le trop long premier acte où il est question des noces d’Orphée et d’Eurydice… Comme le dialogue, aussi beaucoup trop long entre Cerbère et Charon dans la deuxième partie. Il manque vraiment ici une plume qui aurait affiné  un texte souvent indigent…

Mais le travail musical est remarquable. La partie écrite ancienne et les parties improvisées se répondent. Sous la direction de Florent Hubert, les arrangements proposés par les musiciens, issus pour la plupart du jazz, respectent le principe de la «monodie accompagnée», où le chant est soutenu par une basse continue.

La partition vocale est adaptée à la tessiture des interprètes appelés à jouer et chanter plusieurs rôles. Des chœurs ponctuent agréablement le spectacle, et il y a de jolies trouvailles comme ce piano baladeur sans pieds, aux accents de clavecin, monté sur un chariot et les cuivres qui prennent des allures de fanfare. Et une belle idée : pour rendre la voix basse et caverneuse de Pluton, chanter tout en soufflant dans une clarinette basse,  accompagné par deux flûtes qui jouent plongées dans l’eau.

La scénographie de Lisa Navarro apporte une cohésion bienvenue. L’élément eau y est omniprésent : celle des larmes (dont on nous révèle la composition), mais surtout celle des marécages des enfers aux trois derniers actes. Dans les deux premiers actes, les personnages évoluent sur un plateau savonneux où il est dangereux de s’aventurer. Puis, sur le sol des enfers, plus lisse (les comédiens ont longuement épongé la scène) mais plus sombre et impénétrable, glisse la barque de Charon… Les vitres de la grande serre, elles aussi nettoyées, révèlent un monde parallèle inquiétant.

 Cet opéra loufoque et débridé, répond, en partie du moins, au pari que s’est donné l’équipe de création, grâce surtout au travail musical et au grand talent des interprètes. En cela, même s’il ne fait pas l’unanimité, ce spectacle vaut le détour.

Mireille Davidovici

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris.T : 01 46 07 34 50,  du  jusqu’au 5 février.
:www.bouffesdunord.com et www.theatredelaville-paris.com

Pôle culturel d’Alfortville, le 23 février; Théâtre national de Toulouse, du 2 au 4 mars; Théâtre de Lorient, les 8 et 9 mars ; Le Cadran, Evreux/Louviers, le 14 mars; L’Apostrophe Cergy-Pontoise, le 24 mars; Domaine d’O à Montpellier, les 17 et 18 mars.

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Elvira, mise en scène de Toni Servillo

©FabioEsposito_PiccoloTeatroMilano

©FabioEsposito_PiccoloTeatroMilano

 

Elvira, mise en scène de Toni Servillo, en italien surtitré.

 

«A chacun des mots que tu dis, il faut que tu sentes ce que tu dis, que tu sentes ce que cela représente…Si tu fais cet exercice en appelant en toi, à mesure que tu penses le mot, le sentiment que ce mot exprime, à un moment donné, les sentiments monteront en toi, au fur et à mesure, avec tant d’intensité que tu pourras presque jouer intérieurement le texte sans le dire, puis tu seras obligée de le dire. A ce moment-là, tu joueras le rôle. »

Louis Jouvet s’adresse ainsi à une de ses élèves du Conservatoire qui tente d’incarner le rôle d’Elvire dans un extrait du Dom Juan de Molière. Il y a trente ans, Philippe Clévenot et Maria de Medeiros nous avaient offert un moment de grâce sur ce même plateau, dans la mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman. Ces propos sur l’art de l’acteur résonnent aujourd’hui, en langue italienne, avec Toni Servillo.

 Le magistral acteur, qui est aussi metteur en scène, a créé cette pièce au Piccolo Teatro de Milan,  mais le chiffre 40 a disparu du titre. Il faisait référence à l’histoire de Claudia, cette élève de Louis Jouvet qui, après avoir reçu le prix de comédie et de tragédie au concours de sortie, fut dénoncée comme juive, et l’accès à la scène lui fut alors interdit. Louis Jouvet, lui, partit avec sa troupe en tournée en Amérique du Sud et cet exil volontaire  dura toute la seconde guerre.

 

Dans cette version, on entend au lointain des discours fascistes qui évoquent l’occupation allemande. Deux chaises, une petite estrade, et trois marches qui mènent à une rangée de fauteuils rouges, reconstituent la salle de répétition du Conservatoire. Toni Servillo, entouré de trois artistes italiens, règne en maître sur la scène : figure professorale totalement habitée par son amour du théâtre, il initie ses élèves à l’art de l’acteur. Sa gestuelle et les expressions de son visage traduisent un état de concentration extrême, et il ne se détend qu’aux saluts, adressant un merveilleux sourire au public.

Au fil des tirades, on entre dans l’intime de la création. Une mise à nu du théâtre, magique et envoûtante. Voilà pourquoi, nous continuons de courir de salle en salle, au risque d’être déçus. Merci à Toni Servillo d’avoir, après Giorgio Strehler qui avait aussi monté ce texte en 1986, osé réveiller nos mémoires, tout en renouvelant l’image de Louis Jouvet, acteur mais surtout professeur, que beaucoup de jeunes comédiens d’aujourd’hui aimeraient rencontrer…

Jean Couturier

 

Le spectacle s’est joué au Théâtre Louis-Jouvet, Athénée, 7 Rue Boudreau, 75009 Paris. T : 01 53 05 19, du 12 au 21 janvier,  dans le cadre du Festival Italien qui a lieu jusqu’au 29 janvier.

Athenee-theatre.com

          

Des Roses et du jasmin

 

Des Roses et du jasmin, texte et mise en scène d’Adel Hakim, spectacle en arabe, sur-titré en français

 

©Nabil Boutros

©Nabil Boutros

Le spectacle a été créé en juin 2015 au Théâtre National Palestinien à Jérusalem et au Théâtre Al Quassaba à Ramallah. L’action, inscrite sur le territoire palestino-israélien, se déploie sur trois générations de 1944 à 1988. Avec la collaboration du dramaturge Mohamed Kacimi, les événements se succèdent ici, selon un fil historique très tendu, depuis l’explosion, sous le mandat la Grande-Bretagne, de son quartier général à l’Hôtel King David à Jérusalem, un attentat perpétré par l’Irgoun, une organisation secrète de lutte pour la création de l’Etat d’Israël,  jusqu’au retrait des Anglais, de la Palestine en 1948. La pièce se poursuit, de la Guerre des six Jours  en 1967 et la résistance instituée par l’Organisation de Libération de la Palestine,  jusqu’à la première Intifada en 1988.

 Il ne saurait y avoir de grande Histoire sans les petits arrangements existentiels qui font éclore la sphère intime et familiale, une respiration salvatrice et un accomplissement de soi au cœur de la société. Mais, sous le poids du passé, la liberté individuelle est encore à conquérir, à l’infini. Des Roses et du Jasmin relate l’entremêlement identitaire, religieux et culturel d’une famille où se croisent destins juifs et palestiniens… Juive venue de Berlin et épouse d’un officier anglais, Miriam met au monde Léa qui, dans les années soixante,  sera amoureuse du palestinien Mohsen. Elle aura deux filles, Yasmine, qui deviendra vingt ans plus tard une militante palestinienne, et Rose qui choisit, elle, d’être une soldate israélienne: ce sont les figures emblématiques  du spectacle.

 A la façon d’une tragédie antique selon la formule chère à Ariane Mnouchkine,  Des Roses et du Jasmin ouvre une brèche significative : observation des événements et évocation des faits objectifs, suivis de leurs conséquences fatales, montrés ici dans une perspective historique. Les morts s’accumulent et le sang coule, comme, paradoxalement, de façon naturelle, mettant à mal ces personnages très entiers et habités par leurs convictions. Amour, amitié, liens familiaux : la force des sentiments fait qu’aucun d’eux ne peut trouver la paix intérieure.

Et, pour que ne pèsent pas trop sur nous ces événements tragiques, Adel Hakim a réalisé une mise en scène qui va aussi vers la comédie et la farce, grâce au jeu burlesque des comédiens, présentateurs amusés et interprètes qui jouent le chœur. Cette assemblée des citoyens commente les actes décisifs des protagonistes et les encadre, jouant sur l’humour : «Une fête, c’est la vie…. Alors, que la fête commence !» Deux entraîneuses de cabaret, enjouées et pleines de facétie, donnent la réplique à deux clowns scintillants dont un Monsieur Loyal : la roue tourne ainsi sous l’impulsion de cette parole malicieuse. Mais ces jeunes femmes deviendront plus tard des combattantes rudes et déterminées…

Scénographie et lumières d’Yves Collet offrent à  cet esprit festif inscrit au milieu de la mort, un espace radieux où se réfugient ces personnages tragiques. Avec, dans une lumière blanche éclatante, des châssis transparents obliques, défunts gardiens qui assistent les vivants  au cœur se souvient. Saluons les acteurs palestiniens, à la gestuelle et à la voix remarquables : Hussam Abu Eisheh, Alaa Abu Gharbieh, Kamel El Basha, Yasmin Hamaar, Faten Khoury, Sami Metwasi, Lama Namneh, Shaden Salim, Daoud Toutah.

Il y a, dans Des Roses et du jasmin, l’éclat circonstancié et dialectique d’un conflit obscur qui semble ne jamais pouvoir trouver sa fin…

Véronique Hotte

Théâtre des Qurtiers d’Ivry-Centre Dramatique National du Val-de-Marne, Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat, 94200 Ivry-sur-Seine. T : 01 43 90 11 11,  jusqu’au 5 février.

Le texte de la pièce est publié aux Editions L’Avant-Scène Théâtre.

 

 

 

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