Initio-Opéra chorégraphique
Festival Faits d’hiver:
Initio-Opéra chorégraphique, livret d’Alexandre Salcède, composition musicale de Pedro Garcia-Velasquez, chorégraphie de Tatiana Julien
Le titre de cet opéra semble faire référence à la notion de début, d’acte primitif ; construit pour un chanteur et cinq danseurs sur un argument simple, plus poétique que narratif, duquel découlent la musique et la danse. Une troupe d’errants, sous la conduite d’un (faux) prophète, cherche un lieu où s’abriter. Là où le gourou promet eau et vivres, et la protection providentielle d’un dieu bienveillant, ils ne trouvent que mort et désolation… «Dieu n’a pas daigné venir.»
L’action s’exprime par la danse et s’articule autour des personnages principaux, l’Ermite, et la Sibylle. De sa voix chaude de contre-ténor, Rodriguo Ferrera danse et chante la quête de l’absolu, et Tatiana Julien, qui incarne une sorte de nymphe des forêts., danse, accompagnée par la voix off de la soprano Léa Trommenschlager. Les autres interprètes sont réunis dans un chœur anonyme où chacun se distingue par une gestuelle ritualisée mais minimaliste.
Malgré la minceur du livret d’Alexandre Salcède, la musique trouve son rythme et sa modernité par l’addition d’un synthétiseur aux instruments traditionnels: clarinette, saxo, violon, violoncelle et contrebasse. Ces sonorités des années quatre-vingt donnent, surtout dans le deuxième (et dernier) acte, un tour dramatique à une chorégraphie jusque là très statique, et qui avait du mal à occuper le plateau vide.
Au prologue, le contre-ténor, poursuivi dans le noir par des faisceaux de lampes de poche, déplore la société humaine. Il rompt avec ce «lieu du commerce de l’argent» et renonce définitivement, en s’émasculant, à «l’affreuse femme, créature la plus vile». Les deux actes qui suivent proposent une danse décousue, abstraite, où les corps se livrent peu, engoncés dans des costumes peu seyants . Il faut attendre la moitié du spectacle et la gracieuse apparition de la virevoltante Sybille, pour que la scène s’anime de mouvements circulaires et de déplacements sonores.
Malgré un travail musical et vocal plein de rigueur et d’intelligence et la belle présence de Rodrigo Ferrera, très à l’aise en chant comme dans ses mouvements, cet opéra ambitieux, créé en novembre dernier à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, n’est pas encore abouti. Il trouvera peut-être son allure de croisière dans une autre version pour cinq danseurs, deux chanteurs et les sept instrumentistes d’un ensemble de musique électronique-prévue à la rentrée à Chaillot. À suivre donc.
Mireille Davidovici
Spectacle vu au Théâtre de la Cité Internationale, boulevard Jourdan Paris XIVème le 31 janvier.
Les Quinconces-l’Espal, Le Mans, le 2 février ;
Théâtre National de Chaillot, du 20 au 24 septembre.