Carte-blanche à la sixième promotion de la FAI-AR

Carte-blanche à la sixième promotion de la FAI-AR

Baloo FAI ARCe soir-là, aux Argonautes, on liquide. Eau, encre, alcool, parole… honneur au «flow», sous toutes ses formes. Au bar, fort convivial, boulevard Longchamp,  avant son spectacle Alcool, Nadège Prugnard  donne carte blanche aux étudiants de la FAI-AR, Formation supérieure d’art en espace public.

D’abord, avec une triplette de jeunes femmes (Elsa Ledoux, Zelda Soussan, Ji In Gook) qui servent de l’eau à la va-comme-ça me-prend. Loin des réceptions d’une ambassade, elles slaloment, construisent d’approximatives pyramides de verres de cantine, transvasent l’eau, « objet pauvre », fluide vital. Les vannes sont ouvertes. Déménagement de tables, débordements intempestifs et partage avec le public constituent cette proposition sans paroles qui semble travailler sur l’instabilité et l’ajustement.

Il s’agit de se frayer un chemin dans la salle, de s’immiscer dans les interstices, de regarder autrement le monde. On suit avec curiosité ce ballet trivial de serveuses submergées mais sans comprendre : allusion aux guerres pour la maîtrise de l’eau, rêve de fluidité et de verres communicants, célébration de l’eau qui nous constitue, métaphore de la difficulté à se contenir ? Peu d’indices sur les intentions. Une invitation à laisser couler…

Puis vient Baloo (Bastien Salenson), le bien-nommé comité Dé-faite,  avec  De la Bile à l’encre, un happening. Assis dans un fauteuil, il rend hommage, au micro, à un ami qui a raté une tentative de suicide et à un autre, anarchiste, qui s’est tué à moto le 14 juillet.  Il débite un texte en slam. Un tatoueur, cagoulé de noir, (qui souhaite conserver l’anonymat) lui injecte dans le mollet, le titre du spectacle. 

Le grésillement de la bécane  (un dermographe) couvre un peu les mots, crée une basse rythmique qui pique l’oreille, comme la rumeur lointaine d’un chantier ou la fraise d’un dentiste. Le poète serre parfois les dents. Au milieu des jeux d’allitérations : brume, béton, brique et des habituelles consonnes plosives, quelques fulgurances : on entend la lassitude d’une génération de «fils non désirés du rock » pour qui « le 49-Troie a remplacé Mai 68». Et ce leitmotiv : «J’écris dans le noir pour ne pas voir tout ça. J’écris le soir pour ne pas boire tout seul.» On aime la sincérité et de belles trouvailles langagières mais un peu moins le statisme  de ce happening. Travail en cours…

Stéphanie Ruffier

Ebauches vues au théâtre des Argonautes, le 29 janvier.

 

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