Hôtel des deux mondes, d’Eric Emmanuel Schmitt

 

Hôtel des deux mondes, d’Eric Emmanuel Schmitt, mise en scène d’Anne Bourgeois

 

hotdesdemonrg61-5f2c5-ca964Un décor blanc de Stéfanie Jarre, traversé par les lumières violentes  de Jacques Rouveyrollis : on devine tout de suite que cet hôtel n’en est pas un,  ni un hôpital. Il ressemble terriblement à l’enfer de Huis-clos de Jean-Paul Sartre. Avec une différence sensible: pas un purgatoire mais l’entre-deux monde du coma. Avec un retour possible.Certains en effet redescendront sur terre, d’autres monteront vers on ne sait quoi, sans jugement, punition ni récompense.

Eric-Emmanuel Schmitt, docteur en philosophie, tient à sa leçon : nous n’avons qu’une  existence, respectons-la. Personne ne mérite la mort mais elle est indiscutable. Et le moyen de sauver peut-être la minute de vie qui lui donne tout son sel: l’amour. Grâce au théâtre, l’auteur offre une forme populaire à cette vérité tellement juste qu’on a tendance à l’oublier.

Les personnages sont surtout des figures démonstratives… On sympathise avec la brave femme de ménage qui s’ennuie dans son coma, car «elle n’est jamais restée sans rien faire de ses mains» et on se laisse vite embarquer par une avalanche de mots: elle ose enfin parler! Elle s’en ira la première vers le haut. Pourquoi elle? C’est comme ça. Le « président de tout » ne jouira ici, malgré son insistance, d’aucune faveur : ça console.

On vous épargnera l’intrigue mais il y aura forcément quelque chose entre le jeune homme pressé et la récidiviste du coma, en morceaux sur la terre et qui est ici, jolie et charmante, la vitalité même. Amour s’en suivra… ou pas. Tout cela, sous la baguette de la belle et sévère docteur S., qui annonce à chacun sa destination. Un pseudo-mage, bouffon touchant et d’autant plus vrai qu’il est moins vraisemblable, bouscule cet agencement des fonctions. Avec, quelquefois en direct, les mots de l’auteur. Jean-Paul Farré fait merveille dans ce rôle, qu’on dirait taillé pour lui.

Il y a dans cette pièce (1999) qui a été jouée plusieurs fois avec des acteurs différents, quelques longueurs explicatives pesantes: on serait plus rapide à comprendre aujourd’hui? Certains rôles sont mieux écrits que d’autres, comme celui de la femme de ménage (Michèle Garcia), très « goûtu ». Les comédiens les défendent au premier degré mais on aimerait plus d’intériorité… Davy Sardou (le jeune homme) manque de charisme. Noémie Elbaz et Odile Cohen sont belles et sincères. Jean-Jacques Moreau a, comme toujours, une grande présence, malgré un texte un peu répétitif… La mise en scène d’Anne bourgeois est discrètement efficace. On rit et on s’émeut parfois mais on ne perd pas le fil. Bref,  une « bonne soirée ».

Christine Friedel

Théâtre Rive Gauche, rue de la Gaieté, Paris (XIV ème) jusqu’au 30 mars. T. : 01 43 35 32  31

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