Domino, mise en scène d’Argyro Chioti

 

Domino, mise en scène d’Argyro Chioti       

© Agnes Mellon

© Agnes Mellon

 Dans le cadre d’Un souffle grec, temps fort autour de la Grèce, le Nouveau Théâtre de Montreuil a invité 6 a.m. How to disappear completely du Blitztheatregroup que nous avions vu au festival d’Avignon 2016 (voir Le Théâtre du Blog), et le Vasistas Theatre Group. Avec Domino, cette compagnie fait parler les corps, sur des paroles de chansons d’autrefois diffusées en off.

Quatorze comédiens, en uniforme gris souris, et genouillères blanches, sont debout, en rang serré, dans un coin du plateau nu. Ce chœur triste entonne The Cold Genius (Le Génie du froid) d’Henry Purcell, tiré de King Arthur, et rendu célèbre avec l’interprétation de Klaus Nomi. «See’st thou not how stiff and wondrous old/ Far unfit to bear the bitter cold/I can scarcely move or draw my breath?/Let me, let me freeze again to death tandis que s’inscrit le sur-titrage : « Ne vois-tu pas comme, raide et accablé de vieillesse/Loin de pouvoir supporter les morsures du froid/Je peux à peine me mouvoir ou prendre mon souffle?/Laisse-moi à nouveau, laisse-moi geler jusqu’à la mort».) Quelques individus tombent, leurs compagnons les relèvent.

Le ton est donné. «Que se passe-t-il avant la chute ? Le sujet de Domino, disent ces jeunes gens, c’est le déclin épidémique d’une époque, d’une génération, d’un système économique.» Les acteurs resteront en formation groupée, pour exprimer sans discours mais physiquement, une proche catastrophe: la mort, la crise… Mais, au-delà, reste l’amour et la solidarité qui l’emportent sur les affrontements violents.

Un brin d’humour, aussi, se glisse dans ce contexte nostalgique, quand ils chantent Le Régiment de Sambre et Meuse ou dans to My girl, my girl don’t you lie me, mimé sur  une chanson de Nirvana. Mais, sur un enregistrement d’époque du Pinetop’s Boogie Woogie de Clarence Pinetop Smith’s (1928), la fatigue s’empare des corps, jusqu’à l’effondrement, malgré les injonctions militaires de l’actrice qui ordonne à la troupe d’obéir :  « I want everybody to dance just like I say »  (Tout le monde danse comme je dis !)

 Corps embrigadés, corps soumis, corps flétris mais aussi corps rebelles ou amoureux… D’une séquence à l’autre, ce spectacle d’une heure nous fait éprouver toutes ces sensations en direct. Avec de fort beaux moments d’une intensité poignante, auxquels succèdent des scènes plus faibles, comme si le concept de cette performance théâtrale soignée s’usait un peu sur la durée. Entre Marseille et Athènes, Vasistas Group a une approche originale qui  lui a valu, pour Spectacle, le prix Jeunes créateurs de la Critique grecque. Il faut aller découvrir ce travail exigeant.

 Mireille Davidovici

Nouveau Théâtre de Montreuil, 10 Place Jean Jaurès, 93100 Montreuil. T. 01 48 70 48 90, jusqu’au 3 mars. Un souffle grec se prolongera jusqu’au 4 mars.

 www.nouveau-theatre-montreuil.com

 

 

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