Politique documentaire théâtral, épisode 2017

 

Politique documentaire théâtral, épisode 2017, création collective, mise en scène de Florian Sitbon


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«Sommes-nous encore politiques? se demande Florian Sitbon, ce documentaire théâtral propose une plongée dans l’âme tourmentée du pays. un objet théâtral unique où éclatent les errements, les colères et les utopies d’un peuple qui hésite entre démission et insurrection.»

Ses comédiens et lui ont ainsi recueilli une centaine de précieux témoignages d’une liberté de parole totale : soit une matière brute sur l’utopie et le pragmatisme en politique, la représentation parlementaire, l’émigration et la crise économique… On entend ainsi Mike le musicien, Lisa, une  étudiante, Philippe, un pompier-sdf,  Jean-Claude, un entrepreneur, etc. tous très bien interprétées par Jean-Paul Bezzina, Valentine Catzéflis, Jean-Marc Coudert, Samantha Markowic, Elizabeth Mazev, (tout à fait remarquable) et Florian Sitbon.

Rien sur ce plateau peu profond qu’une table et des chaises. Cela commence par une habile projection d’images d’actualité avec les candidats actuels de l’élection présidentielle mais aussi de migrants sur des canots pneumatiques en méditerranée. Images qui s’inscriront de nouveau comme une piqûre de rappel encore deux fois sur le fond de scène noir.

Les personnages-ou plutôt ces silhouettes-font entendre avec les mots de tous les jours, la parole de gens qui nous ressemblent avec leur détresse personnelle, ou leur générosité et leur interrogation quant à l’aide qu’ils peuvent apporter aux milliers de migrants qui vivent sur le trottoir dans des conditions insalubres en plein Paris. Ou encore  sur leur vie à Paris parfois d’une très grande pauvreté  ou qui n’a, selon eux, plus grand sens : «Il y a pas de vie familiale. la télé à détruit en soixante ans toute la vie sociale. je veux dire il y a soixante ans il y avait les petits pépés assis à 6 heures du soir qui jouaient aux dames. euh t’avais les enfants qui jouaient dans la rue. maintenant tout le monde regarde la télé. ils regardent la télé quand ils bouffent, jusqu’à ce qu’ils s’endorment. ils mettent les nouvelles quand ils se réveillent et partent en courant à l’école. enfin à l’école ou au boulot. (…) il y a pas donc pour avoir des idéologies il faut d’abord penser, or tout est programmé pour plus avoir le temps de penser. »

Et ce type de collage scénique fonctionne ? Pas toujours… mais aux meilleurs moments, Florian Sitbon, par ailleurs conseiller d’arrondissement dans le XVème et candidat à la députation, arrive, comme il dit, à «faire théâtre» de cette matière brute, selon l’expression d’Antoine Vitez, et ces personnages semblent même parfois se répondre dans un dialogue habile qui balance entre l’incarnation et la simple citation. Il y a juste et c’est assez bien vu, le titre du chapitre, leur prénom, l’initiale de leur nom et leur profession qui s’affiche discrètement sur le mur noir.

 Le tout est forcément inégal-cela traîne parfois en longueur-et, si on sourit parfois, il y a aussi des moments un peu ennuyeux où le metteur en scène n’arrive pas à mettre en place un véritable discours théâtral. Et il y a, vers la fin, une subite panne de courant : les comédiens doivent donc alors se rassembler autour d’un tout petit feu!  Mais le régisseur, muni de sa grosse boîte à outils, arrivera à réparer la panne ! Ah ! Ah! Ah! Florian Sitbon aurait pu nous épargner ce genre de ficelles qui ressemblent à des cordes !

En fait, manque sans doute ici la puissance de tir à la fois cynique et souvent du plus haut comique qu’Hervé de Lafond et Jacques Livchine ont réussi à insuffler chaque mois depuis plusieurs années à leur «kapouchnik», un cabaret socio-poético-politique avec un dizaine de complices, devant un public aussi fidèle que populaire à Audincourt, près de Montbéliard.

Mais que cela ne vous empêche pas d’y aller voir; après tout, pour une fois, que le théâtre contemporain est proche de l’actualité! C’est au métro Lamarck-Caulaincourt mais vous êtes prévenu: il vous  faudra monter les quelque cinq étages des fameux escaliers de Montmartre …

Philippe du Vignal

Ciné XIII Théâtre 1 avenue Junot Paris 18ème, jusqu’au 30 avril.

 

 

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Archive pour 7 mars, 2017

Adieu, Jean Louis Jacopin

 

Adieu, Jean Louis Jacopin

 

14920_1« La voix est cette partie de soi qui, point de non-retour, marque dans sa mue, la perte de l’enfance. L’entendre, la comprendre, l’écouter, la travailler, lui donner corps, lui reconnaître son corps, dans l’intimité ou sur les scènes, c’est tenter de garder du corps sous les artifices », écrivait Jean-Louis Jacopin dans Voix d’acteurs in Médiation et Information n°9, en 1998. Il y abordait la voix au théâtre, à l’opéra, à la radio et au cinéma, tissant des liens entre des pratiques qu’il connaissait bien. Il était alors enseignant à l’Atelier-Théâtre du Rond-Point.

Sa voix, claire et sensible, on a pu aussi l’entendre sur France-Culture, interprétant des textes de philosophie ou de théâtre  Nombre de ses élèves, se souviendront longtemps de son enseignement  à L’ENSATT, à l’Hippodrome de Douai, et dernièrement au conservatoire régional de musique de Douai. Il sut transmettre son art et apprit à ses élèves à déchiffrer les textes le plus difficiles, comme il le faisait lui-même si bien. Il les initia aussi aux écritures d’auteurs contemporains dont il se fit souvent l’interprète et le metteur en scène, celles de Lars Noren, Sergi Belbel, Roland Topor, Danièle Sallenave, Jacques-Pierre Amette…
Mais aussi à celles Carlo Goldoni, William Shakespeare, Bertolt Brecht…

Depuis 1972, à sa sortie de l’école du Théâtre National de Strasbourg, Jean-Louis Jacopin né en 1946, fut acteur dans une quarantaine de spectacle chez Philippe Adrien, Jean-Pierre Vincent, Roger Planchon, Alain Françon, Richard Demarcy, René Loyon… Puis metteur en scène d’opéras comme  le Don Quichotte de Francesco Conti, Opéra-Bouffe d’Offenbach ou encore Sauvé des os, spectacle musical  d’Erik Satie.

Parti? Pas vraiment. On peut le retrouver sous les traits d’Urbano, son double poétique qui s’exprime au fil des jours, avec  366 mini-histoires (l’année 2013 était bi-sextile): «J’ai beaucoup marché dans les rues de Paris. Je partais chaque jour, pour voir ce qu’à force d’habitude, on ne voit plus. Je n’avais aucune idée préconçue, sinon que, le soir, j’aurais fait un dessin accompagné d’un court texte, une réflexion rapide sur ce qui se serait imprimé en moi. » Ainsi, il continuera à nous accompagner de par les rues, captant les instants fugaces, des scènes banales, les petites joies et les grandes peines…

Un hommage vibrant lui a été rendu ce 6 mars au cimetière du Père Lachaise, par ses amis et les artistes qui l’ont côtoyé.

Mireille Davidovici

 Urbano, almanach poétique, est publié aux éditions Mauconduit

 

 

 

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