La Beauté intérieure, texte extrait du Trésor des humbles

 

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La Beauté intérieure, texte extrait du Trésor des humbles de Maurice Maeterlinck, conception et mise en scène de Thomas Bouvet

 Le spectacle se donne pour objet de traquer la beauté de l’âme; la perception du monde, affaire de sensation tremblante et d’impression frémissante en soi, restant un vrai mystère… A l’artiste, via le verbe de Maurice Maeterlinck, de la saisir. Vaste aventure aléatoire qui pourrait faire sourire, si elle n’était juste. La beauté n’est pas rationnelle, pour qui se pique de contemplation ou de lyrisme : est-ce un idéal mystique, ou une transcendance qui mobilise implicitement chacun ?

Selon Marcel Proust dans la préface à La Bible d’Amiens de John Ruskin, elle doit être aimée pour elle-même, bien réelle et plus importante que la joie qu’elle donne. L’art : musique, littérature, spectacle, etc. produit plaisir esthétique et bonheur n’est pas le seul sanctuaire de la beauté, mais la nature aussi, lieu d’articulation entre création humaine, corps et âme d’abord, et création divine. L’aventure intérieure consistant à sentir, comprendre et aimer. «Le beau est plus dans l’âme, qu’il ne s’établit dans les règles », écrivait George Sand dans Histoire de ma vie, et pour Emile Zola, une chose est belle «parce qu’elle est vivante, parce qu’elle est humaine », hors de toute dimension physique ou métaphysique.

 Le Beau intérieur procède d’une nécessité profonde et ressentie comme absolue. La nature, la vie, la vérité, l’amour suscitent la satisfaction de l’âme, quand on contemple un bel objet avec la sensation aigüe d’une intense et consciente présence au monde… Sur scène, après un noir complet, surgissent furtivement dans la brume, Sophie Arama (soprano), Claude Brun (mezzo-soprano), Renaud Boutin (baryton) et Cyrille Laïk (basse. Ils n’émettent d’abord aucun son, et entourent le récitant (Thomas Bouvet). Apparition fantomatique, ces voix chantées se conjuguent ensuite à la parole, au silence des intervalles, à la brume et aux lumières diffractées.

Résonnent les anaphores chères à Maurice Maeterlinck, claires et entêtantes: «Rien au monde, rien au monde…», dans les nappes de vapeur blanche surgissant des ténèbres et diffusant une lumière pâle sur une musique sourde et grondante. Lointains rappels des installations de Romeo Castellucci… Une expérience passionnante où le metteur en scène recrée la grande beauté du verbe de Maurice Maeterlinck, entre voix célestes ou abyssales, et lumières énigmatiques.

Le public est fasciné, subjugué par cet être-là.

Véronique Hotte

T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National de Création contemporaine, jusqu’au 17 mars. T: 01 41 32 26 26

 

 

 


Archive pour 10 mars, 2017

La Beauté intérieure, texte extrait du Trésor des humbles

 

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La Beauté intérieure, texte extrait du Trésor des humbles de Maurice Maeterlinck, conception et mise en scène de Thomas Bouvet

 Le spectacle se donne pour objet de traquer la beauté de l’âme; la perception du monde, affaire de sensation tremblante et d’impression frémissante en soi, restant un vrai mystère… A l’artiste, via le verbe de Maurice Maeterlinck, de la saisir. Vaste aventure aléatoire qui pourrait faire sourire, si elle n’était juste. La beauté n’est pas rationnelle, pour qui se pique de contemplation ou de lyrisme : est-ce un idéal mystique, ou une transcendance qui mobilise implicitement chacun ?

Selon Marcel Proust dans la préface à La Bible d’Amiens de John Ruskin, elle doit être aimée pour elle-même, bien réelle et plus importante que la joie qu’elle donne. L’art : musique, littérature, spectacle, etc. produit plaisir esthétique et bonheur n’est pas le seul sanctuaire de la beauté, mais la nature aussi, lieu d’articulation entre création humaine, corps et âme d’abord, et création divine. L’aventure intérieure consistant à sentir, comprendre et aimer. «Le beau est plus dans l’âme, qu’il ne s’établit dans les règles », écrivait George Sand dans Histoire de ma vie, et pour Emile Zola, une chose est belle «parce qu’elle est vivante, parce qu’elle est humaine », hors de toute dimension physique ou métaphysique.

 Le Beau intérieur procède d’une nécessité profonde et ressentie comme absolue. La nature, la vie, la vérité, l’amour suscitent la satisfaction de l’âme, quand on contemple un bel objet avec la sensation aigüe d’une intense et consciente présence au monde… Sur scène, après un noir complet, surgissent furtivement dans la brume, Sophie Arama (soprano), Claude Brun (mezzo-soprano), Renaud Boutin (baryton) et Cyrille Laïk (basse. Ils n’émettent d’abord aucun son, et entourent le récitant (Thomas Bouvet). Apparition fantomatique, ces voix chantées se conjuguent ensuite à la parole, au silence des intervalles, à la brume et aux lumières diffractées.

Résonnent les anaphores chères à Maurice Maeterlinck, claires et entêtantes: «Rien au monde, rien au monde…», dans les nappes de vapeur blanche surgissant des ténèbres et diffusant une lumière pâle sur une musique sourde et grondante. Lointains rappels des installations de Romeo Castellucci… Une expérience passionnante où le metteur en scène recrée la grande beauté du verbe de Maurice Maeterlinck, entre voix célestes ou abyssales, et lumières énigmatiques.

Le public est fasciné, subjugué par cet être-là.

Véronique Hotte

T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National de Création contemporaine, jusqu’au 17 mars. T: 01 41 32 26 26

 

 

 

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