Mon Coeur

 

Mon Cœur-Autour de l’affaire du Médiator, texte et mise en scène de Pauline Bureau

Photo de répétition crédit Pierre Grosbois.

Photo de répétition crédit Pierre Grosbois.

Cette auteure et metteuse en scène a voulu écrire un spectacle dont l’histoire d’aujourd’hui résonne fort en elle. Et raconter en même temps la vie quotidienne de tout un chacun, avec ses histoires parfois insoutenables. Autour de la scandaleuse affaire du Médiator, médicament commercialisé dès 1976 et retiré du marché en 2009, dont les résonances n’en finissent pas : 1.300 patients décédés et 3.100 hospitalisés selon les chiffres de l’Inserm…

Le Médiator était prescrit d’abord pour les cas de diabète, et comme coupe-faim à celles qui voulaient, sans trop d’astreintes, garder leur ligne. Entre légèreté des praticiens et âpreté au gain des laboratoires pharmaceutiques Servier, l’affaire a connu une renommée mortifère, avec l’image d’une traînée sanglante de morts innocents. Elle interroge nos politiques de santé, les liens serrés entre les laboratoires pharmaceutiques et ceux qui les contrôlent, révélant une corruption rampante française d’importance, entre le monde politique, les médecins, les experts et les industries du médicament. Les pratiquants du lobbying étant cyniques dans leur volonté d’ignorer les conséquences d’une cardiopathie fabriquée.

 Une femme volontaire et déterminée, héroïne malgré elle en nos temps aveugles, a combattu des intérêts financiers pour mettre en lumière l’humanité existentielle que chacun requiert en soi, les victimes d’un mal repéré. Irène Frachon: un médecin ordinaire auquel échoit une destinée extraordinaire ! Elle a porté à la connaissance de tous et des corps médical et pharmaceutique en particulier qui n’ont rien voulu entendre pendant des années, la responsabilité tragique du Médiator. Cette héroïne est portée ici avec une présence incandescente et une volonté obstinée d’entendre et de se faire entendre, par Catherine Vinatier qui présente l’affaire, ses origines et un diagnostic : un empoisonnement. Elle apparaît  souvent sur le plateau pour lier les faits et la chronologie de l’histoire.

 En face d’elle, une victime-comme une autre elle-même par empathie-a subi une opération à cœur ouvert pour remplacer les valves abîmées  par des valves mécaniques. Mais cette femme gaie et énergique a changé après l’intervention  et est devenue triste, et reste désormais passive,  épuisée. Son petit garçon la porte avec force et la supporte, puis sombre à son tour dans la dépression. Et son compagnon l’abandonne assez vite à son mal et à sa solitude. Marie Nicolle interprète avec sérieux et gravité une aventure sérieuse et grave, mimant les changements de sa personnalité, s’abandonnant peu à peu à l’immobilité et au mépris de soi, racontant  avec patience un chemin de croix qui n’en finit pas.

 Heureusement, la sœur de la victime, active et dynamique, n’a jamais baissé les bras pour comprendre sa douleur et sa  souffrance. Elle a du souffle, et son mariage dans le dancing ne manque pas de panache. Incarnée  avec générosité  par Rebecca Finet, cette figure de femme est plus ronde et plus libérée  que sa sœur qui voulait sauver les apparences. Quant aux hommes, ils tiennent en général un rôle d’accompagnateur peu sûr de la femme. Nicolas Chupin joue avec conviction un avocat qui défend les victimes sans relâche pour obtenir qu’elles soient indemnisées.

 Une expérience au déroulé rigoureux et pédagogique, où on oriente le regard du public sur les détails circonstanciés d’un fait qui aurait pu être évité… Une leçon citoyenne de courage et d’aide aux plus fragiles contre les carnassiers.

 Véronique Hotte

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris. T : 01 46 07 34 50 jusqu’au 1er avril.
Le  Merlan, Scène nationale de Marseille, les 5 et 6 avril. Théâtre à Châtillon le 21 avril.
La Garance, scène nationale de Cavaillon le 25 avril. Théâtre de Chevilly-Larue le 28 avril.
Théâtre Roger Barrat d’Herblay, le 12 mai. Le Quartz, scène nationale de Brest, les 16 et 17 mai.

Le spectacle est repris du mercredi 23 janvier au samedi 2 février 2019, au Théâtre Paris-Villette, 211 avenue Jean Jaurès, Paris XIX ème.

Le 5 février, Le Rive Gauche, Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).  Le 8 février, Théâtre Romain Rolland-Scène conventionnée de Villejuif (Val-de-Marne). Du 12 au 13 février, Théâtre Firmin Gémier-La Piscine, Châtenay-Malabry (Hauts-de Seine). Le 16 février, Théâtre Jean Arp, Clamart (Hauts-de Seine) et le 28 février, Scène du Golfe, Vannes (Morbihan).

Du 7 au 8 mars, Comédie de Caen-Hérouville Saint-Clair (Calvados). Du 13 au 15 mars,  Comédie de Picardie, Amiens (Somme). Du 19 au 20 mars, Espace des Arts-Scène nationale de Chalon-sur-Saône (Saône) • Du 26 au 29 mars Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon (Rhône).

Du 14 au 15 mai, Théâtre de Cornouaille-Scène nationale de Quimper (Finistère). Du 24 au 25 mai, Théâtre national de Nice (Alpes Maritimes)/

 

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Archive pour 25 mars, 2017

TU, mise en scène Olivier Meyrou

 

 TU, mise en scène Olivier Meyrou

Entre cirque et danse, ce spectacle possède aussi une forte dimension théâtrale, et raconte, à travers le corps d’un danseur-acrobate, une histoire vraie. Celle vécue à sa naissance par l’interprète franco-chilien Matias Pilet. Sa sœur jumelle, Chloé, est morte avant de pouvoir naître.

Magnifique création sur le thème de la naissance mais aussi de la mort et de la renaissance.  Du double, de l’éternel retour, du vide, et en conclusion, de la vie comme  horizon sublime : « Parfois une naissance ne suffit pas, alors il faut renaître » dit une voix off, comme venue d’ailleurs. Ce spectacle dépasse les clivages culturels, et touche un espace qui concerne tout être humain, quelle que soit son origine. Intelligent et sensible, cet objet artistique dansant s’adresse  à nous tous, avec une mise en scène sobre mais riche d’inventions qui est aussi un hymne à la poésie. Et la performance acrobatique de Matias Pilet, seul en scène, en devient la vivante incarnation, immense de légèreté et de souffle.

Il nous surprend, passant soudain de l’immobilité contemplative à une impressionnante série de saltos. Magnifique aussi, le jeu effectué avec le papier blanc sous toutes ses formes, comme autant de forces venant à la rencontre-pour ou contre-de Matias Pilet. De la chrysalide aux forces telluriques et cosmiques. A la fin, nous avons été saisis par une véritable émotion, et par la présence du monde des lointains.

Elisabeth Naud

Festival : Séquence Danse. Le Cent-Quatre 5 rue Curial 75019 PARIS. T : 01 53 35 50 00, jusqu’au 25 mars.

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