Edith Piaf intime par Clotilde Coureau

 

Edith Piaf intime  par Clotilde Coureau

Piaf

Devant un public chaleureux, concentré mais riant parfois, Clotilde Courau et son accompagnateur l’accordéoniste Lionel Suarez  jouent cet Edith Piaf intime. De conserve, ils inventent pour « répondre » à Edith Piaf, et ainsi lui rendre le plus bel hommage qui soit. Un hymne à la vie, à la difficulté d’être et aux élans qui ne la laissaient pas en place. Edith Piaf inquiète, malheureuse. Depuis plusieurs années, Clotilde Courau interprète les lettres écrites par Edith Piaf à un homme qu’elle fréquenta, après que son amant, le boxeur Marcel Cerdan soit mort dans un accident d’avion en 1949.

Tout se passe sur l’avant-scène nue. Le musicien et l’actrice, assis côte à côte sur des  tabourets, s’écoutent sans se voir. Etre côte à côte accentue le fait qu’ils semblent provenir de l’ombre située en fond de scène qui garde en elle les chansons, ne cesse de s’éclaircir en voix et en musique. Et nous n’entendrons aucune chanson

 Clotilde Courau passe du silence de l’écrit des lettres, à la voix vers laquelle elle fait remonter l’écrit, en respectant ce silence initial. C’est comme un enfant qui passe du ventre de la mère, au bruit : « La volonté de dieu a voulu que je naisse dans la rue. Des gendarmes m’aidèrent à voir le jour. Quant à moi, il parait que je me mis tout de suite à hurler. Ce fut ma première chanson » écrivait Edith Piaf. Gilles Deleuze disait d’elle qu’elle ne cessait d’inventer sur scène.

La voix de Clotilde Courau se double ici d’une articulation silencieuse. Il s’agit de passion. Et de l’absent. Edith Piaf écrit simplement les lignes brisées, espoirs, attentes, tendresses, mais aussi les abattements, les élans et relances : « Ecrire, disait Marguerite Duras, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. » Et l’actrice donne une voix à ces silences de la passion, tout en en gardant les fluctuations. Avec, justement, des silences entre deux moments phrasés. Elle interprète une partition et ne cesse d’offrir des contrepoints à la présence d’Edith Piaf. On connait la gouaille de la chanteuse. Clotilde Courau en invente une qui se situe sous la longueur d’onde naturelle: c’est une gouaille de théâtre, mais elle ne s’y appesantit pas et ne la transforme pas en cliché.

Parfois, sa voix prend subitement tout l’espace, comme on écarte les bras, et frôle alors le chant parlé. Elle ne surplombe pas le texte des lettres d’Edith Piaf mais résonne sans le blesser, dans leur silence présent, dans l’ombre du fond de scène, entre les mots, entre deux séquences, ou encore dans les gestes fluides de l’actrice qui ouvre les bras, se recroqueville, s’allonge sous une fausse apparence de vie quotidienne, selon le rythme de la passion du moment.

Lui répond, en soutien, l’accordéon de Lionel Suarez qui suggère les refrains des chansons, traversées par un écoulement musical qui lui aussi « joue » la vie quotidienne. Et une seule fois, une chute de lumière noire revêt la comédienne d’une robe d’obscurité. N’appartient-il pas au sentiment d’être irrégulier, anarchique et un peu déséquilibré? N’appartient-il pas à l’intelligence de la vie, de rendre supportable ses incessantes variations, la fièvre et la simple émotion de vivre.

Marguerite Duras, qui connaissait par cœur le répertoire d’Edith Piaf, aurait aimé ce spectacle et le côté abrupt de la passion qui s’exprime ici en courtes phrases. On se souvient sans doute que Savannah Bay tournait autour des Mots d’amour… une chanson d’Edith Piaf.

Bernard Rémy

Spectacle vu le 26 mars à l’Auditorium Jean-Pierre Miquel à Vincennes (Val-de-Marne).

 

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Archive pour 29 mars, 2017

Clytemnestre ? d’Andréas Staïkos

 

Clytemnestre ? d’Andréas Staïkos, mise en scène de Georgina Tzoumaka.

 

      ClytenmestreLa pièce (1974) est classée chez nous parmi les textes emblématiques de l’esthétique méta-moderne qui fait coexister modernité et des éléments qui la dépassent, tout en amplifiant sa signification et sa manière de faire. Cela veut dire que le méta-moderne s’ouvre à une vision du monde, contrôlée par le besoin de créer une nouvelle possibilité. L’objet artistique, qui apparaît pour la première fois quelque part, est censé porté en lui une espèce de révolte.

Clytemnestre ? en constitue un tout syntagmatique, mais classique dans une première approche. Mais le titre même de la pièce est à la fois porteur d’une mise en doute avec ce point final d’interrogation… Andréas Staïkos a inventé ici une dramaturgie contemporaine et s’appuie sur la technique de l’intertexte, s’éloignant ainsi considérablement de la pièce d’origine: deux comédiennes, issues de la société  actuelle, sont en tournée, en raison de nécessités artistiques et… financières. Elles se lancent dans l’apprentissage de leur rôle mais en oublient les paroles, et commencent donc à proférer un nouveau texte fondé sur  celui de Sophocle.

Georgina Tzoumaka a voulu mettre en relief les figures mythologiques de Clytemnestre et d’Electre,  tout en offrant au public le plaisir d’un spectacle sensuel. Le  public devient ainsi le témoin d’une  rivalité naturelle, voire d’une inimitié entre mère et fille. La metteuse en scène a doublé les personnages des comédiennes, fatiguées par leur tournée, par ceux des héroïnes bien connues de l’Antiquité. Christina Dendrinou et Maria Branidou les incarnent avec ardeur et définissent aussi l’espace qui les entoure comme entité spécifique…

 Nektarios-Georgios Konstantinidis 

 Théâtre ΜΠΙΠ, Αγιου Μελετιου 25 και Κυκλάδων Κυψέλη 113 61 Athènes.

Amer d’Amine Adjina

 

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 Le Tarmac, Scène parisienne de la francophonie, organise ce mois-ci un temps fort autour des écritures d’Orient. Ces Traversées du monde arabe sont l’occasion de découvrir dix spectacles qui nous conduisent de la Syrie au Maroc, en passant par le Liban ou l’Algérie (voir Le Théâtre du Blog). : «Dans cette période sombre que nous vivons où le monde arabe est, à tort, de plus en plus souvent perçu par certains comme une menace, ou comme, et de façon irréconciliable,  étranger à nos sociétés européennes, j’ai construit cette manifestation avec l’envie de dépasser nos propres limites, nos projections fantasmées », dit Valérie Baran, directrice du Tarmac .

 On a pu voir Amine Adjina, comédien et auteur, diplômé de l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes, chez Jean-Pierre Baro. Il rencontre Azyadé Bascunana dans un spectacle sur l’Algérie où tous les deux jouaient. La comédienne qui avait promis à sa grand-mère de répandre ses cendres dans cette Algérie qu’elle a tant aimée, propose alors à Amine Adjina d’écrire cette histoire qui évoque des souvenirs, parfois très sensibles avec des odeurs et des couleurs particulières: les dattes, les mouettes, la musique de la mer et les traditionnels taxis jaunes algériens. Cette relation grand-mère petite-fille, à l’image des rapports entre la France et l’Algérie, apparaît comme un grand enchevêtrement de passions, mais aussi  parfois tissé de tristesse et d’incompréhension.

À l’écriture d’Amine Adjina, simple et sensible, répond une scénographie  faite d’un grand store: fenêtre sur l’évasion et support d’images, et d’une table encombrée d’objets, livres, vêtements, comme une sorte de petit autel dédié à cette grand-mère disparue. Azyadé Bascunana, seule en scène, est touchante mais paraît tendue. On aurait aimé qu’elle se fasse un peu plus confiance et s’abandonne à son rôle.

Cet Amer, dont le titre fait référence aux oranges amères évoquées dans un poème par Mahmoud Darwich, reste quand même un beau moment de théâtre, empreint de douceur, ce qui n’est pas toujours le cas quand un metteur en scène s’attaque à  un sujet aussi épineux que celui des rapports franco-algériens.

Julien Barsan

Spectacle vu au Tarmac-Scène internationale francophone 159 Avenue Gambetta Paris 20ème . T. : 01 40 31 20 96, dans le cadre des Traversées du monde Arabe qui se poursuivent jusqu’au 31 mars.

L’Histoire d’une femme, texte et mise en scène de Pierre Notte

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@ Victor Tonelli

L’Histoire d’une femme, texte et mise en scène de Pierre Notte

Pas de scène dans la petite salle du sous-sol du Théâtre de Poche, avec des banquettes pour soixante-dix places, et c’est bien ainsi: juste une chaise et une tablette noire où sont disposés un verre, une bouteille d’eau et une serviette. Muriel Gaudin est là, debout, très proche des spectateurs et lance les imprécations de Pierre Notte : «J’ai voulu, dit-il, écrire l’histoire d’une femme qui n’en peut plus d’avoir à supporter une société d’hommes».

Et cette jeune femme, incarnée avec une impeccable diction et une grande sensibilité, une grande justesse par  la comédienne, n’a même pas de nom. Elle a sans doute une petite quarantaine d’années et doit subir au quotidien, dans la rue, le métro ou  dans son entreprise, des petites phrases perfides, voire des insultes des hommes,  ou des attouchements, ou encore claques sur les fesses. Constat évident : la société française contemporaine est encore très phallocratique, quel que soit l’interlocuteur de la jeune femme : son père, son patron, un médecin, un passant qu’elle ne connaît pas… Aucun ne rattrape l’autre ! Et la jeune femme doit subir au quotidien, humiliations et brimades sexistes, avec l’intime et insupportable conviction qu’on s’en prend à son identité la plus profonde. Jusqu’à ne plus avoir envie de dialoguer avec un homme…

Muriel Gaudin joue ce remarquable récit/monologue avec une superbe maîtrise, et cela dès le début de la représentation, en incarnant avec fluidité-dans ces petites scènes qui s’enchaînent-quelque trente personnages, avec des mots parfois crus mais qui correspondent bien aux situations de soumission exigées, au moins mal: paternalistes et d’un autre âge, au pire: méprisantes et misogynes, vécues dans un monde machiste impossible à vivre, et cela quel que soit le milieu social:  « ça se passe n’importe où, dit-elle, dans une rue à l’extérieur je tombe je suis tombée un type est passé à vélo devant moi juste là je traversais il a fait ça en passant il a claqué sa main il a, comment je peux dire ça il m’a claquée là, sur les fesses en passant à vélo et il a ri fort très fort il a claqué très fort et il a ri très fort aussi et il est parti et je suis tombée, voilà comment je suis tombée je suis à terre et je ne réponds plus (…).

 Bref, il y a un manque total de communication entre les deux sexes, encore au XXIème siècle…Y compris à l’Assemblée Nationale où il y a cinq ans, la ministre Cécile Duflot se faisait chahuter par certains députés parce qu’elle était en robe… Chapeau ! Rappelons que la France est au 34ème rang en matière de femmes élues au Parlement (27%) entre l’Afghanistan et la Tunisie!

Côté mise en scène, la direction d’acteurs est encore un peu brute de décoffrage et on se demande bien pourquoi Pierre Notte  a demandé à Muriel Gaudin de boire sans arrêt un verre d’eau, ou de s’éponger le visage avec une serviette : cette gestuelle inutile parasite le jeu de cette jeune actrice qui dit avec précision et magnifiquement son texte. Avec une belle voix grave et une intelligence du propos qu’on n’entend pas tous les jours. Une belle leçon de théâtre.
A voir donc pour le jeu remarquable de Muriel Gaudin qui passe par tous les registres : drôlerie, émotion, ironie, douleur contenue.. pour dire, avec toute l’intensité nécessaire, ce beau texte qui va faire un tabac auprès des apprenties-comédiennes quand elles le découvriront.

Philippe du Vignal

Théâtre de Poche-Montparnasse 75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris. T. : 01 45 44 50 21 jusqu’au 17 mai.
Théâtre des Trois Soleils, Festival d’Avignon, du 7 au 30 juillet.

 

 

 

 

 

 

Palestro de Bruno Boulzaguet et Aziz Choauki

 

Palestro de Bruno Boulzaguet et Aziz Chouaki, mise en scène de Bruno Boulzaguet

 

Luc-Antoine Diquéro dans Palestro mis en scène par Bruno Boulzaguet. Luc-Antoine Diquéro dans Palestro mis en scène par Bruno Boulzaguet. Alain Richard.

©Alain Richard

Une guerre est toujours perdue, et des deux côtés. Surtout celle qui ne dit pas son nom, comme la guerre d’Algérie : « pacification », « événements ». Le rappel du contingent, puis l’embuscade de Palestro, le 18 mai 1956, qui ont mis l’opinion française face à une réalité dont on ne voulait pas : la guerre, et engagée depuis longtemps. Une patrouille part reconnaître le terrain vers Palestro au Sud-Est d’Alger, (du nom d’une victoire du Piémont et de son allié Napoléon III sur les Autrichiens en 1859 !), aujourd’hui Lakhdaria. R.A.S. : un simple contrôle du territoire, avec une chef qui croyait dur comme fer à l’amitié franco-algérienne et au chemin vers la paix. Mais soudain, c’est l’embuscade, et toute la patrouille est massacrée. À l’exception d’un seul survivant : il faut bien un messager pour raconter la tragédie…

Avec l’escalade de la revanche : villages brûlée, populations anéanties par des soldats abandonnés à la vengeance et à la haine, que la hiérarchie n’a peut-être pas cherché réellement à contrôler. Une histoire ancienne (1956) et pourtant, ça brûle encore. Bruno Boulzaguet, lui-même fils d’un ancien d’Algérie, explore les traumatismes souterrains de cette guerre sans nom. Il imagine une fratrie découvrant, à la mort du père, un abîme de dettes et une mystérieuse carte de vacances en Algérie. Petit à petit, ils découvrent le sens de cette dette, l’histoire se recompose, avec ses témoignages contradictoires et ses interprétations divergentes.

On passe d’un naturalisme frontal, avec un premier degré presque brutaliste assumé par des comédiens qui prennent le texte à bras le corps, en direct et sans chichis ni fioritures, à un théâtre qui assume la distance du récit. Cécile Garcia Fogel, Luc-Antoine Diquéro et Stanislas Stanic ont assez d’expérience et de générosité pour faire passer ce qui, joué par d’autres, ferait «vieux théâtre», au ras d’un langage quotidien et d’une dramaturgie un peu trop explicative.

Mais le spectacle s’en sort par le jeu : face aux grands enfants-car les adultes restent toujours des enfants quand il s’agit de leurs parents-trois jeunes acteurs : Guillaume Jacquemont, Étienne Bianco et Tom Boyaval ont l’âge des petits soldats du contingent. Une nouvelle génération prend le relais du récit, se passe la balle et la parole pour raconter cette histoire. L’interprétation reste un rien formel et sent l’exercice d’école-celle, très bonne, d’Asnières d’où sortent ces comédiens, mais cela donne une dimension à la pièce et permet de sortir de la convention naturaliste.
Et puis le jeu a cela de bon, selon les deux auteurs de la pièce, qu’il confronte non des adversaires, mais des partenaires. Un rêve fugace, l’illusion de ce qu’auraient pu être les relations entre la France et l’Algérie, avec beaucoup de si… Ici, pas de bons ni de méchants, mais seulement l’insupportable violence de la guerre. Palestro en évoque les traumatismes et les silences. Un spectacle à la fois imparfait et essentiel.

 Christine Friedel

Théâtre de l’Atalante, Places Charles Dullin Paris 18e, jusqu’au 1er avril. T. 01 46 06 11 90.

WHO-WHAT ? de Rodrigo Garcia

WHO-WHAT ?  de  Rodrigo Garcia

 0-Who-What-2Qui-Quoi ? Quelle est cette créature sépulcrale évoluant sous un grand lustre de cristal que l’on peut voir à travers le judas ménagé dans le mur de la Panacée à Montpellier ? La figure émerge progressivement de haillons crasseux et se saisit d’un vieux grimoire pour  lire un texte. Sa voix et sa silhouette nous parviennent brouillées, distordues, comme dans un mauvais rêve. Apparition échappée de l’univers de David Lynch…

 Au moment où sort sur les écrans, le remarquable documentaire David Lynch: The Art Life, un portrait qui nous entraîne dans l’univers artistique de l’énigmatique cinéaste, on peut voir, dans la capitale de l’Hérault, Retour sur Mulholland Drive, une exposition qui explore le « minimalisme fantastique », une tendance émergente de l’art contemporain, selon Nicolas Bourriaud, commissaire de l’exposition, récemment nommé  directeur d’un Centre d’art contemporain multi-sites, le MoCo ( Montpellier Contemporain) qui ouvrira ses portes en 2019.   » David Lynch, dit-il, propose un univers plastique fondé sur l’image davantage que sur le texte, et contemporain des artistes de son temps. (…) Or l’art d’aujourd’hui part souvent d’objets banals, pour explorer la  » familière étrangeté » du quotidien.

 Ainsi, dans Mulholland Drive, une simple boîte bleue cubique, dont on ne saura jamais rien, et d’autres éléments fugaces du film concourent à cette  familière étrangeté, comme l’apparition soudaine d’un personnage monstrueux derrière une poubelle, un nain danseur, un homme en costume noir, sans sourcils, ou un cow-boy  surgi de nulle part…

 Dans ce contexte, Rodrigo Garcia, dont on connaît bien le théâtre imagé et souvent controversé (voir Le Théâtre du Blog) a reçu commande d’une pièce conçue comme une  » intrusion du spectacle vivant dans un dispositif immobile « . Le metteur en scène s’est emparé d’un des mystérieux personnages du film, mi-clochard mi-fantôme, souvent passé inaperçu, et a construit deux heures trente de spectacle avec Núria Lloansi, une comédienne de sa compagnie qui l’a suivi, avec quelques autres, au Centre Dramatique de Montpellier, rebaptisé par lui Humain trop humain. Avec lenteur, la comédienne, enfermée dans une minuscule cabine noire, se livre à des métamorphoses physiques, et manipule plusieurs accessoires : plantes, poissons rouge en bocal…ou devient un officiant du Ku Klux Klan, avant de terminer en beauté dans le plus simple appareil.

 Le visiteur attrape au vol ce spectacle insolite et peut aussi s’attarder quelques minutes devant un écran qui, dans un recoin de la galerie, la retransmet en direct. « Mon propre univers est confronté à la limitation de l’espace, dit Rodrigo Garcia. Et le texte que Nuria lit, est en opposition avec le personnage. Il s’agit d’un texte sacré hindou, trouvé dans ma bibliothèque : Les lois de Manu. « 

On ne distingue rien du discours du sage Manu. Mais, pour le metteur en scène, il était important que l’actrice s’empare d’un texte fort, pour soutenir cette longue performance.  Nous ne saurons rien de «l’Ordre de toutes les Couleurs»,  ni du devoir des brahmanes et des autres castes… On peut supposer que, mystère supplémentaire, le théâtre fait irruption au milieu d’installations/assemblages incongrus d’objets ordinaires…

 Alors qu’il programme sa dernière saison, puisqu’il quittera son poste en décembre prochain, le directeur d’Humain trop humain prépare une nouvelle incursion dans le monde de l’art : lors de la prochaine biennale de Lisbonne, il présentera, au Museu Nacional de Arte Antigaun, un billard électrique inspiré de La tentation de Saint Antoine de Jérôme Bosch, œuvre maîtresse de ce lieu. Rodrigo García  transpose donc  ce triptyque sur une vieille  » babasse », avec laquelle on pourra jouer comme dans les anciens troquets du vingtième siècle… Des effets visuels et sonores  nous font entrer dans l’univers fantastique et halluciné de Jérôme Bosch. Le flipper, en ordre de marche, rejoindra ensuite le Domaine de Grammont et chacun  pourra  » jouer avec Dieu et le Diable ».

À  l’heure de notre rencontre avec Rodrigo Garcia, on ne sait toujours pas qui sera nommé à la tête du centre dramatique national : le jury est partagé entre Jean Varela, le directeur de Sortie-Ouest à Béziers et du Printemps des Comédiens) soutenu par les élus locaux, et le duo Nathalie Garraud et Olivier Saccomano qui a, lui, les faveurs de l’Etat.

Qui quoi ? Suspense qui n’empêche pas Rodrigo Garcia de préparer sereinement son prochain  spectacle, à partir de l’univers du cascadeur et performeur américain Evel Knievel, célèbre pour ses sauts et ses chutes spectaculaires en moto par dessus des rivières, des voitures ou des bus. Cette fois- ci,  il n’y aura pas d’animaux, précise le metteur en scène, las des polémiques entretenues à son encontre par les amis des bêtes.

Mireille Davidovici

Who What ? Spectacle vu le 25 mars. Jusqu’au 23 avril, du mercredi au dimanche, de 14h à 16h30, à La Panacée, 14 rue de l’Ecole de pharmacie de Montpellier, (entrée libre).

PINBALL BOSCH-venez jouer avec Dieu et le Diable, jusqu’au 30 avril au Museu Nacional de Arte Antiga, R. das Janelas Verdes, à Lisbonne.

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