Amer d’Amine Adjina
Le Tarmac, Scène parisienne de la francophonie, organise ce mois-ci un temps fort autour des écritures d’Orient. Ces Traversées du monde arabe sont l’occasion de découvrir dix spectacles qui nous conduisent de la Syrie au Maroc, en passant par le Liban ou l’Algérie (voir Le Théâtre du Blog). : «Dans cette période sombre que nous vivons où le monde arabe est, à tort, de plus en plus souvent perçu par certains comme une menace, ou comme, et de façon irréconciliable, étranger à nos sociétés européennes, j’ai construit cette manifestation avec l’envie de dépasser nos propres limites, nos projections fantasmées », dit Valérie Baran, directrice du Tarmac .
On a pu voir Amine Adjina, comédien et auteur, diplômé de l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes, chez Jean-Pierre Baro. Il rencontre Azyadé Bascunana dans un spectacle sur l’Algérie où tous les deux jouaient. La comédienne qui avait promis à sa grand-mère de répandre ses cendres dans cette Algérie qu’elle a tant aimée, propose alors à Amine Adjina d’écrire cette histoire qui évoque des souvenirs, parfois très sensibles avec des odeurs et des couleurs particulières: les dattes, les mouettes, la musique de la mer et les traditionnels taxis jaunes algériens. Cette relation grand-mère petite-fille, à l’image des rapports entre la France et l’Algérie, apparaît comme un grand enchevêtrement de passions, mais aussi parfois tissé de tristesse et d’incompréhension.
À l’écriture d’Amine Adjina, simple et sensible, répond une scénographie faite d’un grand store: fenêtre sur l’évasion et support d’images, et d’une table encombrée d’objets, livres, vêtements, comme une sorte de petit autel dédié à cette grand-mère disparue. Azyadé Bascunana, seule en scène, est touchante mais paraît tendue. On aurait aimé qu’elle se fasse un peu plus confiance et s’abandonne à son rôle.
Cet Amer, dont le titre fait référence aux oranges amères évoquées dans un poème par Mahmoud Darwich, reste quand même un beau moment de théâtre, empreint de douceur, ce qui n’est pas toujours le cas quand un metteur en scène s’attaque à un sujet aussi épineux que celui des rapports franco-algériens.
Julien Barsan
Spectacle vu au Tarmac-Scène internationale francophone 159 Avenue Gambetta Paris 20ème . T. : 01 40 31 20 96, dans le cadre des Traversées du monde Arabe qui se poursuivent jusqu’au 31 mars.